La formule « Plutôt Hitler que le Front populaire ! » » n’a pas pris une ride face à la crise climatique : plutôt que de lutter contre le réchauffement climatique, et donc d’envisager d’abandonner les énergies fossiles, le capital se rangera toujours sous la bannière des climato-sceptiques les plus farouches. Qu’importe s’ils sont plongés dans le nationalisme et l’extrême droite, tant que les profits continuent à pleuvoir.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est l’exemple le plus flagrant de cette conspiration contre le climat. Sa réélection à la tête des Etats-Unis, peu avant la COP29 à Bakou (Azerbaïdjan), a fait l’effet d’une explosion. Les dix plus grandes fortunes mondiales se sont frottées les mains : leur richesse a bondi de plus de 64 milliards de dollars, 24 heures après le verdict des urnes.
Elon Musk, qui mène la course dans ce classement, a empoché à lui seul 26,5 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg. Une sacrée récompense pour le patron de Tesla et SpaceX, qui avait injecté 100 millions dans la campagne du candidat républicain xénophobe. Au-delà de son fervent soutien, de nombreux magnats de la technologie se mobilisent.
Perce, bébé, perce !
Pas tant un conglomérat de climato-sceptiques que de transhumanistes, comme l’expliquait le sociologue Olivier Alexandre en octobre dans nos colonnes : « Ils pensent que grâce aux nouvelles technologies et à la colonisation spatiale, ils pourront développer un niveau de richesse illimité, de sorte que la question de la rareté des ressources est infondée. » Le célèbre mythe du technosolutionnisme comme remède miraculeux au réchauffement climatique. Ou comment prolonger l’espérance de vie du capitalisme… en l’habillant de vert.
Les patrons des lobbys industriels – à commencer par ceux des énergies fossiles – ont également fait sauter le champagne. Quoi de mieux qu’un passionné de forage – dont l’un des principaux slogans de la campagne était « Forez, bébé, forez ! » » (en français : avant, chéri, avant !) – à la tête de la première puissance économique mondiale. Avec la relance de l’exploitation des puits de gisement.
Là encore, l’alliance des partisans des hydrocarbures et des climato-sceptiques se résume à un accord financier. LE Washington Post révélé en avril que le futur locataire de la Maison Blanche avait rassemblé une vingtaine de dirigeants et lobbyistes du secteur pétrolier et gazier dans sa résidence de Mar-a-Lago, les exhortant à contribuer 1 milliard de dollars à sa campagne. En échange, il déréglementerait totalement les réglementations environnementales qui pèsent sur l’industrie des énergies fossiles.
Le système est bien rodé : c’est Chris Wright, PDG d’une entreprise de fracturation hydraulique, qui était alors chargé de lever les fonds pour alimenter la campagne républicaine. En échange, Trump a proposé, samedi dernier, à quiconque le considérerait « scandaleux d’expliquer la pollution par les émissions de CO2 »le Ministère de l’Énergie. Le cas Wright est symptomatique de ces patrons qui n’hésitent pas à miser sur l’extrême droite, à condition que cela protège leurs entreprises contre le climat.
Durant son mandat, le président démocrate Joe Biden a fermé les vannes concernant l’octroi de licences d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL), exigeant une évaluation des impacts climatiques et économiques de ces nouveaux projets. La future administration Trump a promis de les rouvrir en démantelant certaines réglementations qui pèsent sur le GNL. Dans le seul État de Louisiane, l’affaire vaut 13 milliards de dollars, selon un leader du secteur.
Accord de Paris, un accord qui sera abandonné
L’ingérence des lobbies ne se produit pas seulement dans les campagnes électorales ; ils interfèrent également avec les négociations sur le climat. En témoignent les plus de 1 700 accréditations délivrées rien qu’à Bakou pour les filiales du secteur des hydrocarbures, selon une coalition d’ONG. Ce travail de mise à mal est d’autant plus inquiétant que, contrairement à sa première élection, le retour du négationniste du climat aura cette fois-ci un impact bien plus dévastateur sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Le 47e Le président des États-Unis compte récidiver en retirant une nouvelle fois son pays de l’accord de Paris de 2015. Pire, il envisage de quitter la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un traité adopté en 1992 qui régit les négociations internationales sur le climat. Une décision quasi irréversible puisqu’une potentielle réintégration de la CNUCC nécessiterait qu’une future administration américaine obtienne l’accord des deux tiers du Sénat.
C’est tout naturellement que Trump a pris la tête du mouvement international climato-sceptique qui se dessine. De l’Argentin Javier Milei au Néerlandais Geert Wilders, en passant par le nationaliste indien Narendra Modi… tout le monde a fêté son retour en fanfare. Le risque aujourd’hui est qu’ils emboîtent le pas, la situation ayant changé depuis 2016.
Dans une interview réalisée par Libération 9 novembre, la diplomate, économiste et figure de proue de l’accord de Paris, Laurence Tubiana, a rappelé qu’à l’époque, le premier retrait américain n’avait suscité aucun consensus international. De quoi dissuader, à l’époque, « Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro fera la même chose avec le Brésil ».
Bien que l’Accord de Paris ne soit pas juridiquement contraignant, il repose sur la confiance mutuelle entre les États pour atteindre ses objectifs. Cela nécessite avant tout du leadership. Les Etats-Unis tournent le dos à janvier 2025 selon les vœux du trublion, au même moment, les pays du monde sont appelés à définir leurs nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Enfin, pourquoi s’engager à faire davantage si le premier pays historiquement polluant quitte le navire ? « Le niveau de tension à la COP29 est inquiétant. Le risque de contagion existe, peut-être que les Etats feront moins d’efforts »» demande Lola Vallejo, conseillère climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales.
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