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Décès de Charles Dumont, crooner sentimental et compositeur de chansons pour Edith Piaf et Dalida

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Charles Dumont, chez lui à Paris, en 2018. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP

L’anecdote, entrée dans la légende d’Edith Piaf – donc dans l’histoire de la chanson française -, devait constituer l’une des scènes marquantes de L’enfant (2007), le film biographique d’Olivier Dahan. Le 5 octobre 1960, le parolier Michel Vaucaire (1904-1980) et son partenaire compositeur Charles Dumont obtiennent une audience inattendue au domicile parisien du chanteur, très mal en point. Ils se présentent au 67, boulevard Lannes, au 16e arrondissement, avec un titre qu’ils lui ont confectionné sur mesure quatre ans plus tôt. Pourtant, Piaf l’a déjà rejeté à trois reprises car elle le trouve autocaricatural. Et elle n’a aucune envie de revoir ce Dumont qu’elle avait auparavant licencié sans cérémonie.

Après une longue attente, les deux hommes furent enfin reçus. A 31 ans, Dumont tente une dernière fois sa chance en se produisant au piano Non, je ne regrette rien. Tournure dramatique. Cette fois, l’oiseau brisé entend le chant qui le ramènera sur scène. Ce sera à partir du 29 décembre 1960 à l’Olympia, avec de la morphine pour soulager les douleurs. Et Piaf proposera dans son récital d’autres chansons du tandem Vaucaire-Dumont, comme Mon Dieu ou Les Flonflons du bal.

Ainsi fut lancée la carrière de Charles Dumont, décédé lundi 18 novembre à Paris, à l’âge de 95 ans. Avec une tâche immense, puisque l’adoubement le désignait comme successeur de la grande Marguerite Monnot (1903-1961) que Piaf venait de licencier. sans préavis. Pour son client, Dumont signera une trentaine de musiques, comme celle de les amoureux (interprété en duo sur des paroles de Piaf) ou celui de je compte sur toid’après un texte de Jacques Brel. « La Môme » n’a malheureusement pas eu le temps d’enregistrer cette dernière puisqu’elle est décédée le 10 octobre 1963. Dumont relève le défi et peut se lancer pleinement comme interprète avec un premier album publié en 1964.

Trompette et orgue

Né le 26 mars 1929 à Cahors, le musicien avait d’abord envisagé de se consacrer au jazz depuis qu’il avait été subjugué par le génie de Louis Armstrong (1901-1971). L’adolescent reprend logiquement la trompette, qu’il étudie au conservatoire de Toulouse, et part à l’assaut de la capitale avec l’idée d’intégrer l’orchestre de la Garde républicaine. Ses ambitions sont ruinées par une opération des amygdales. Jouer de l’instrument provoque des hémorragies et il doit y renoncer.

Mais pas à la musique : il se reconvertit en apprenant l’orgue que lui apprend Paul-Silva Hérard (1883-1961), curé de l’église Saint-Ambroise, au 11e Quartier parisien. L’harmonie enrichit sa palette et Dumont se tourne vers la composition en plaçant la musique aux côtés de Dalida, Gloria Lasso, Lucienne Delyle ou Cora Vaucaire, l’épouse de son ami parolier.

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