Les agriculteurs avaient jusqu’à mercredi pour déposer une demande d’aide à l’arrachage des vignes, un système qui devrait relancer le marché. Ce ne sera pas l’effusion de sang redoutée ces derniers mois.
Une partie des vignes disparaîtra, d’ici le mois de mai, dans nos paysages languedociens, comme dans d’autres régions viticoles. Mais ce ne sera pas l’effusion de sang redoutée ces dernières semaines, crainte renforcée par une récolte très faible qui plongera un peu plus certains vignerons dans la crise. Du Gard aux Pyrénées-Orientales, en passant par l’Hérault et l’Aude, ce sont au total 14 794 ha qui seront à terme concernés par cette campagne d’arrachage définitif, soit 7,2 % du vignoble des quatre départements. .
Explications. Début octobre, la Commission européenne a approuvé l’ouverture d’une enveloppe de 120 millions d’euros de subventions de l’État français en faveur des viticulteurs touchés par les conséquences de la guerre en Ukraine. Cela a en effet touché les viticulteurs, notamment en raison de la pénurie de bouteilles en verre fabriquées par des usines qui ont fermé, de l’augmentation des coûts de production et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. L’intérêt de ce système semble double : en accordant une prime de 4 000 € par hectare de vignes définitivement arrachées, l’État français espère réduire le volume de la production nationale et ainsi rééquilibrer l’offre et la demande pour, mécaniquement, entraîner une hausse des prix du vin. .
Moins de 30 000 ha…
Une enquête, réalisée au printemps auprès des professionnels, a poussé l’exécutif à tabler sur un potentiel de 37 500 ha de demandes d’arrachage définitif et à budgétiser cette somme de 120 millions d’euros. Mais le petit cru 2024, difficulté supplémentaire pour un monde viticole qui n’en avait pas besoin, faisait donc craindre une explosion de la demande, et par conséquent une enveloppe très insuffisante. Dans l’Aude par exemple, également frappée par la sécheresse, les dirigeants syndicaux craignaient une perte pouvant aller jusqu’à « 25 %« vignes.
Les chiffres dévoilés par FranceAgriMer à l’issue de la campagne de déclaration se veulent finalement rassurants. « Sur le territoire national, nous avons eu 5 417 demandes pour 27 453 ha, représentant un besoin de 109,80 M€. Nous sommes donc dans l’objectif fixé par le gouvernement »souffle Jérôme Despey, président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault et vice-président de la FNSEA. Parmi ces dossiers, 1 311, représentant 8 600 hectares, ont indiqué leur volonté de cesser toute activité agricole. « Ce sont souvent des personnes proches de la retraite, qui pourront donc bénéficier de ces 4 000 € par hectare. C’est toujours un crève-cœur d’arracher des vignes, mais pour ces agriculteurs, c’est un soulagement ». Pour les 4.106 autres demandes, l’octroi de cette aide « entraîne l’impossibilité d’obtenir les autorisations de replantation correspondant aux superficies de vignes arrachées, ainsi que l’impossibilité d’obtenir les autorisations de nouvelles plantations pour les six prochaines saisons »rappelle FranceAgriMer.
In order: Aude, Gard, Hérault and P.-O.
Dans le détail, c’est toujours le vignoble languedocien qui est le plus impacté, puisque les demandes les plus fortes se situent dans l’Aude (999 dossiers pour 4 955 ha, soit 8,4% des vignes actuelles), le Gard (716 dossiers, 4 015 ha, 8,3%), Hérault (846 dossiers, 3 211 ha, 4,2 %) et Pyrénées-Orientales (458 dossiers, 2 6213 ha, 14,1 %). Seule la Gironde (695 demandes pour 4 219 ha) figure dans ce triste classement révélateur de difficultés. Jérôme Despey analyse : « Il y a peu de surprises. Nous nous attendions à voir la demande la plus forte dans les régions dominées par le vin rouge. »un marché qui souffre depuis plusieurs années de la désaffection des consommateurs.
Le Tarn et le Vaucluse s’étendent également sur plus de 1 000 ha. “Ce sont aussi les départements qui subissent les conséquences climatiques, où les vignes meurent, que l’on note le plus de demandes”, adds Jérôme Despey, citing Aude, Pyrénées-Orientales and western Hérault, an area particularly affected by a now recurring drought.
Nouvelles demandes
Les difficultés du métier ne disparaissent pas avec ces dizaines de milliers d’hectares. Jérôme Despey a donc déjà contacté la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. « Je lui ai rappelé qu’initialement, une enveloppe de 150 millions d’euros avait été prévue pour l’arrachage. Les 40 millions d’euros restants (par rapport aux 110 millions d’euros finalement nécessaires, NDLR) doit donc être utilisé pour soutenir les viticulteurs les plus en difficulté et pour accompagner les coopératives dans des projets de restructuration. dit-il.
Il souhaite surtout repartir rapidement au combat pour négocier un nouveau dispositif d’arrachage des vignes, mais celui-ci est temporaire, « pour favoriser la reconversion du vignoble et aller vers des vins répondant au marché d’aujourd’hui, plus frais, désalcoolisés par exemple ». Combatif, Jérôme Despey. Car pour lui, il faut voir le verre à moitié plein. « Si nous ne subissons pas l’effusion de sang tant redoutée avec ces arrachages définitifs, c’est parce que les viticulteurs ont profondément envie de poursuivre leur activité ». EST
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