Afin de protester contre la signature annoncée du Mercosur, mais aussi contre les promesses du gouvernement Attal qui n’ont jusqu’ici pas été tenues, les syndicats agricoles appellent à la mobilisation ce lundi. Les débuts du mouvement, ces derniers jours, révèlent leur détermination.
C’est ce lundi 18 novembre que les agriculteurs redescendront dans la rue. Comme annoncé il y a quelques semaines, les syndicats appellent à une forte mobilisation, moins d’un an après le dernier grand mouvement, pour exprimer leur colère. Le motif de leur colère : la signature du Mercosur, ce traité de libre-échange qui doit faciliter les relations commerciales entre l’Amérique du Sud et l’Europe, facilitant donc l’importation de produits agricoles qui ne sont pas soumis aux mêmes normes qu’en France.
Mais il y a aussi, pour les agriculteurs, les promesses du début de l’année qui, selon eux, n’ont été tenues qu’à « 36 % ». Ils estiment donc que la profession s’enfonce un peu plus dans la crise. « Les agriculteurs, qui attendent des décisions concrètes, ressentent un décalage entre la parole publique, le fonctionnement démocratique et la réalité de ce qu’ils vivent dans leurs exploitations »déplore le puissant patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau.
“Le changement de logiciel n’a pas été effectué”
Les tracteurs dans la rue rappelleront donc à l’exécutif l’urgence de la situation, alors que le projet de loi d’orientation agricole n’est attendu au Sénat qu’en janvier. « Tout le monde partage le sentiment que les manifestations du printemps n’ont pas donné pleinement les résultats espérés et que le changement de logiciel que nous avions demandé n’a pas été réalisé. Mais l’agriculture n’est pas la même partout. « Dans plusieurs endroits, la colère est plus forte. » prévient Arnaud Rousseau dans La Tribune, pensant notamment à l’Occitanie où le changement climatique accentue les difficultés.
Il faut donc s’attendre à une forte mobilisation en début de semaine dans toute la France et particulièrement en Occitanie. Certains ont déjà montré les premiers signes de leur colère. En Lozère par exemple, des syndicats agricoles ont rebaptisé certaines communes avec des noms de villes brésiliennes ou argentines et la Confédération paysanne a repris samedi un hypermarché.
Dans l’Oise, plus de 50 radars ont déjà été visés vendredi, début d’une grande manifestation à Beauvais lundi. Et dès ce dimanche dans les Yvelines, près de 300 agriculteurs sont attendus sur la RN 118 en direction de Paris, une action également annoncée dans l’Essonne, comme pour encercler la capitale.
De nombreux rendez-vous en Occitanie
En Occitanie, plusieurs actions sont également annoncées ce lundi. Donc, in Hérault, un rendez-vous a été fixé à 11 heures devant la préfecture, avant une manifestation à la Comédie et à l’Esplanade de l’Europe. “Il n’y a plus de revenus dans les exploitations agricoles à cause de l’augmentation des impôts, des taxes et des normes. Il n’est pas normal que dans les fermes où l’on pouvait vivre dignement il y a encore quelques années, ce ne soit plus le cas. Nos fermes ont perdu leur trésorerie et leur capacité d’investir. C’est intenable et révoltant», s’insurge Rémi Dumas, président des Jeunes Agriculteurs de l’Hérault.
Dans le Gard, là où l’autoroute avait été bloquée une dizaine de jours en début d’année, des opérations de filtrage seront cette fois réalisées par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs au rond-point Saint-Césaire, devant le McDonald’s, à Nîmes. Des feux de colère pourraient s’allumer, les syndicats réclament qu’on apporte des pneus et des souches.
Dans l’Aude aussi, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et le syndicat vigneron comptent allumer des feux »sur plusieurs ronds-points » Lundi soir, selon nos confrères de La Dépêche du Midi. Mercredi 20 novembre, les actions se poursuivront dans la cité de Carcassonne puis devant la préfecture. Dans le Pyrénées-Orientales, La Coordination rurale compte bloquer la frontière entre la France et l’Espagne à partir de mardi. Mais d’autres actions pourraient également être organisées par la FDSEA et les jeunes agriculteurs. Dans Aveyronplusieurs feux de colère et de détresse seront allumés dans tout le département tout au long de la journée de lundi. Juste pour montrer que… la campagne brûle.
Le mouvement devrait-il prendre de l’ampleur et durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines ? Cela dépendra de la réponse du gouvernement. Mais il semble que les agriculteurs soient désormais tellement contrariés que l’option d’une action à long terme semble la plus crédible.
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