Quel est votre sentiment après cette victoire contre les All Blacks, et quelle analyse globale faites-vous de cette rencontre ?
« C’est certain que cette victoire nous fait beaucoup de bien. Il y avait un scénario loin d’être idéal au début, avec notamment la blessure de Tevita Tatafu. Nous avons rencontré des problèmes en mêlée et en conquête, et il y a eu une interception qui nous a coûté un essai. Mais l’équipe s’est soudée, elle a su être très forte dans les moments faibles, notamment en première mi-temps. En seconde période, on a réussi à régler les problèmes de conquête, à redresser la situation. »
On a vu une équipe de France qui faisait moins de passes, qui faisait moins de mètres parcourus que la Nouvelle-Zélande, et qui a pourtant réussi à s’imposer. Quel est le secret de cette réussite ?
« Cela ne veut rien dire, ce ne sont pas les statistiques qui comptent. Ce qui compte c’est le résultat, l’efficacité. Nous avons affronté une équipe qui était ensemble depuis six mois, huilée et bien rodée… Alors que nous étions ensemble depuis trois semaines, avec un seul match contre le Japon. Nous avons été pragmatiques, nous avons une feuille de route que nous suivons. Les joueurs y sont parvenus malgré un scénario négatif en première période. Cela ne nous a pas mis en difficulté, les joueurs n’ont pas abandonné. C’était [un match] positif pour trois semaines de travail ensemble. »
“Ce sont des gars spéciaux.”
Quelles sont les nouvelles pour les joueurs blessés ?
« Tevita Tatafu a reçu une béquille, les deux autres ont reçu des protocoles HIA (pour les commotions cérébrales notamment, ndlr). Paul Boudehent et Romain Taofifenua ne sont pas revenus. Heureusement nous avions un banc 6/2, car deux joueurs n’ont pu jouer que quelques minutes. »
Au coup de sifflet final, on vous a vu très ému, vous avez immédiatement partagé votre joie avec le staff… Etait-ce important pour vous ?
« Nous avons beaucoup travaillé pour arriver ici, nous n’avons pas toujours été récompensés mais nous avons pris les bonnes décisions, le travail et la préparation que nous proposons sont justes ; la victoire justifie le travail. Vous pouvez lâcher prise sur vos émotions, elles étaient fortes et agréables. C’était de la joie, du plaisir, du bonheur et du lâcher prise. Nous sommes fiers et heureux des joueurs. Je suis avec ça depuis 5 ans, ce sont des gars spéciaux. »
Vous êtes sur une série impressionnante de trois victoires lors des trois derniers matches face aux All Blacks. Cette série vous dit quelque chose ?
« C’est écrit, c’est fait. Trois fois ils sont venus, trois fois ils sont tombés. Ça a toujours été des matches difficiles, mais ce sont trois victoires. Ces matchs sont bons à prendre. »
“Ils ont essayé une stratégie adaptée à notre défense”
Racontez-nous comment vous avez perçu l’essai de Louis Bielle-Biarrey en début de seconde période.
« Il y a d’abord eu une bonne défense collective, Gaël (Fickou) et Paul (Boudehent) nous ont permis de récupérer le ballon. Thomas (Ramos), il sait que Louis (Bielle-Biarrey) est là, il voit de l’espace et il met un ballon qui roule au pied, puis Louis fait la différence avec ses jambes. Il récompense la capacité de l’équipe à bien défendre, à faire bon usage du ballon immédiatement. C’est comme ça qu’on a gagné le match, surtout en seconde période. »
En conférence de presse jeudi, vous avez insisté sur le jeu au pied, expliquant que la Nouvelle-Zélande risquait d’utiliser cette arme régulièrement. Avez-vous été surpris de constater que cela n’a finalement pas été le cas ?
« Ils ont frappé le ballon 16 fois. Ce n’est pas du tout ce qu’ils ont fait jusqu’à présent (depuis le début de la fenêtre internationale). Au lieu de cela, ils ont bien fait des passes qui ont sauté le premier bloc, ils ont trouvé de l’espace. Ils ont essayé une stratégie adaptée à notre défense. Ils utilisaient toujours le jeu du pied pressant, mais nous étions présents. D’autant plus qu’on avait à nos côtés des joueurs très compétitifs, comme (Romain) Buros. »
« L’équipe a su tenir tête ensemble »
Le choix de mettre Thomas Ramos en ouverture a été largement commenté. Qu’avez-vous pensé de sa prestation, et de celle de Romain Buros (qui jouait ce samedi son premier match avec les Bleus, ndlr) ?
« C’est vous qui commentez la composition de l’équipe, les choix. Romain Buros a été très solide sur les ballons hauts, très percutant dans sa façon de remonter les ballons. Les deux (avec Thomas Ramos, ndlr) ont été très bons. »
Cette victoire permet-elle de tourner définitivement la page de la Coupe du Monde, après une année 2024 qui a parfois été compliquée ?
« Je vous trouve dur par rapport à la saison 2024, surtout quand on compare avec l’Irlande et l’Angleterre. Nous sommes actuellement la meilleure équipe européenne, nous n’avons perdu que contre l’Irlande à la reprise après la Coupe du Monde, puis contre l’Argentine dans des conditions que vous connaissez. Mais je trouve que 2024 est une année solide, avec des matches qui n’ont pas toujours été réussis et difficiles, mais durant lesquels l’équipe a su tenir le coup. Il y a eu beaucoup de problèmes d’effectif… Cette année de transition post-Coupe du Monde a été riche et difficile à traverser. [Dans le groupe]il y a les joueurs, les militaires qui ont répondu présent ce soir, et les jeunes, les nouvelles capes qui prennent de la place. Nous faisons toujours l’équipe pour gagner, la meilleure équipe possible. Nous pouvons nous tromper, mais la seule chose que nous voulons, c’est gagner. »
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