Le ministre croate de la Santé, Vili Beros, a été arrêté ce vendredi dans le cadre d’une enquête impliquant plusieurs acteurs du monde de la santé croate. Le ministre « rejette toute responsabilité pénale ».
Le ministre croate de la Santé, Vili Beros, a été arrêté ce vendredi 15 novembre dans le cadre d’une enquête pour corruption, soupçonné de « trafic d’influence », un scandale qui impliquerait également des directeurs d’hôpitaux.
Vili Beros “a été arrêté ce matin, avec deux autres personnes, dans le cadre d’une opération menée par l’Office de lutte contre la corruption et le crime organisé” (USKOK), a annoncé le Premier ministre Andrej Plenkovic lors d’une conférence de presse.
Le ministre « rejette toute responsabilité pénale »
Un porte-parole du gouvernement avait annoncé juste avant que le ministre, en poste depuis janvier 2020, avait été démis de ses fonctions.
“Concernant l’action des autorités judiciaires, aussi inconfortables qu’elles soient pour le gouvernement en ce moment, je tiens à dire que je les salue et qu’elles ont tout notre soutien”, a déclaré le Premier ministre.
“Beros rejette toute responsabilité pénale”, a expliqué aux médias son avocate Laura Valkovic, interrogée devant le domicile du ministre, perquisitionné dans la matinée selon des photos publiées dans la presse locale.
Des arrestations ont eu lieu « dans la région de Zagreb et de Skradin (sud) », selon un communiqué de l’USKOK.
L’enquête concerne « des actes criminels de réception et de versement de pots-de-vin, d’association de malfaiteurs et de trafic d’influence », a indiqué le procureur général, Ivan Turudic, précisant que le ministre de la Santé était lui-même soupçonné de « trafic d’influence ».
Trois suspects, dont le ministre, ont été arrêtés et interrogés vendredi après-midi par un juge d’instruction, qui décidera s’ils doivent être placés en détention provisoire – demandée par le parquet, selon le procureur général.
Selon les médias locaux, l’un des suspects est un célèbre neurochirurgien employé dans un hôpital de Zagreb et qui dirige également une clinique privée.
Des dispositifs médicaux à des prix supérieurs aux prix du marché
Parallèlement à cette opération du parquet croate, le Parquet européen, organisme créé pour lutter contre la fraude affectant les finances de l’Union européenne, a annoncé les détails de sa propre enquête.
« Le Parquet européen de Zagreb a ouvert une enquête contre huit personnes, dont le ministre de la Santé et les directeurs de deux hôpitaux de Zagreb, ainsi que deux sociétés, soupçonnées d’avoir accepté et versé des pots-de-vin, d’abus de pouvoir et de blanchiment d’argent. “, a déclaré le parquet européen. Selon un communiqué publié sur son site internet, les faits se sont déroulés de « juin 2022 à novembre 2024 ».
Les suspects auraient poussé plusieurs hôpitaux du pays à acheter des appareils médicaux robotisés à des prix supérieurs à ceux du marché, en échange de pots-de-vin. Ils sont également soupçonnés de prise illégale d’intérêts.
Le parquet européen évoque notamment l’achat de microscopes opératoires pour trois hôpitaux pour « un prix injustifié majoré » de plus de 600 000 euros, au détriment du budget de l’Etat croate.
Mais, selon Ivan Turudic, il s’agit d’une enquête « parallèle » dont les autorités judiciaires croates n’ont pas été informées. Le procureur a également accusé le Parquet européen de ne pas avoir respecté le « principe de coopération loyale », à savoir d’avoir informé les autorités du pays de son enquête.
La Croatie lutte depuis longtemps pour contenir la corruption généralisée qui sévit dans le pays, le secteur de la santé étant tristement célèbre pour les pots-de-vin régulièrement versés aux médecins et aux fonctionnaires.
Plusieurs ministres du parti conservateur du Premier ministre (HDZ) ont déjà démissionné par le passé après des accusations de corruption. Vili Beros a été nommé après le limogeage en janvier 2020 de son prédécesseur, Milan Kujundzic, en raison d’une affaire liée à ses avoirs non déclarés.
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