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En Roumanie, ces femmes qui échappent à la prostitution

Natalia n’a pas toujours eu cette confiance. Sa façon de s’exprimer avec ses mains, de coiffer ses cheveux d’ébène en désordre, son regard vif et malicieux, le ton désinvolte qu’elle s’autorise désormais… Cette attitude, elle l’a acquise, ou plutôt réappris, non sans mal. C’est le résultat d’un long travail de réhabilitation. Gravé sur la peau de son avant-bras gauche, le tatouage Souriez maintenant, pleurez plus tard (« souriez maintenant, pleurez plus tard ») est son mantra quotidien. Et si elle pleure encore, c’est qu’elle n’arrive pas à oublier ce à quoi elle a échappé.

Depuis cinq ans, Natalia est libre. Son proxénète, et ancien compagnon, père de ses deux enfants – un phénomène courant en Roumanie – est derrière les barreaux. Si la peur, nichée au creux de son ventre, n’a pas complètement disparu, elle s’est estompée. Les premières ridules qui décorent le coin de ses yeux à l’aube de la trentaine racontent seulement l’histoire de sa vingtaine difficile. Alors quand on lui demande de résumer son histoire, Natalia affiche un sourire fatigué. Combien de fois a-t-elle essayé de se l’expliquer ?

Dans la maison d’accueil de Bucarest, les femmes peuvent venir respirer, mais aussi échanger des idées et participer à des ateliers créatifs.

• PAULINE GAUER POUR LA VIE

Être une mère respectable

Elle est née au début des années 1990 à Bucarest et n’avait que 3 ans lorsque sa mère est décédée sous ses yeux, d’une maladie dévastatrice. Un drame dont elle ne se remettra jamais vraiment. Mais à 18 ans, les planètes semblent enfin s’aligner : cette passionnée de handball obtient une bourse pour un programme sport-études à quelques heures de sa ville natale. Le handball occupe toutes ses journées et sonne la promesse d’un nouveau départ. La vie est plus douce. A 19 ans,

 
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