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Face à la menace d’inéligibilité de son candidat à la présidentielle, le RN lance sa riposte

NARRATIF – Le parti nationaliste a lancé une campagne de soutien à Marine Le Pen et mène une offensive politique contre le parquet.

Un choc. C’est ce qu’ont vécu les proches de Marine Le Pen mercredi soir. Ce soir-là, après une journée requise dans le soi-disant procès des « assistants parlementaires européens du FN », le parquet annonce qu’il requière, contre le futur candidat du Rassemblement national (RN) à l’élection présidentielle, une amende de 300 000 euros, cinq ans d’emprisonnement dont deux ans susceptibles de modifications, et surtout une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire.

Autrement dit : si le tribunal suit les demandes du parquet sur ce dernier point, Marine Le Pen pourrait ne pas être candidate aux prochaines élections législatives, mais aussi à une prochaine présidentielle, même si elle fait appel de la décision du tribunal. Un tremblement de terre politique aux conséquences imprévisibles.

Pour Marine Le Pen et ses proches, ce fut un choc car ils ne voyaient pas venir la sévérité des réquisitions, et surtout pas les exécutions provisoires. « Je pense que le parquet accusera… Ça ne me fera pas tomber de ma chaise »a confié Marine Le Pen aux journalistes, lors de la soirée de présentation du livre par Jordan Bardella, le président du RN, mardi soir dans les salons dorés du Westin, un palace parisien. Le chef des députés nationalistes à l’Assemblée nationale a encore une intuition et trace les grandes lignes d’une réponse politique aux réquisitions du parquet. « Certaines personnes essaient de m’empêcher d’être candidat devant les tribunaux parce qu’ils ne peuvent pas le faire par les urnes. »assura-t-elle.

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Mercredi soir, Marine Le Pen est tombée de son fauteuil. Ses lieutenants aussi. « Des fous »» a déclaré l’un d’eux quelques minutes après la fin des réquisitions, visant les deux procureurs. Au sein de la fête des flammes, les esprits se sont rapidement rétablis. Le premier acte du coup de pression politique vise à montrer l’ampleur du soutien au candidat naturel du RN à la présidentielle.

Lancer l’offensive contre le parquet

Une campagne est organisée sur les réseaux sociaux, et notamment sur X, où chaque militant, chaque cadre et chaque élu est invité à publier une photo avec Marine Le Pen, accompagnée du hashtag #JeSoutiensMarine. Une pétition a également été lancée, sous le slogan : « Soutenir le secteur maritime ! Défendre la démocratie. »

Cette opération vise également Marine Le Pen elle-même. « Depuis le 30 En septembre, elle s’est rendue seule à pratiquement toutes les audiences. Elle a fait cela parce qu’elle estime que c’est son devoir, elle porte tout ce poids sur ses épaules. C’est une épreuve pour elle, nous devons lui montrer notre soutien »a expliqué un leader mariniste. D’autres s’inquiétaient même de sa santé psychologique. Le matin des réquisitions, ils étaient trois à l’accompagner au tribunal : Bruno Bilde, Sébastien Chenu et Kévin Pfeffer.

Dans quel pays vivrions-nous dans lequel la femme politique la plus importante, la femme politique la plus populaire dans les sondages (…) serait empêchée de se présenter ?

Sébastien Chenu, vice-président du RN

Deuxième acte : il s’agit de ne pas rester passif, et de lancer l’offensive contre le parquet. « L’accusation, c’est le pouvoir. C’est différent du tribunal. Il faut attaquer le premier, mais pas le second »expliquait un proche de Marine Le Pen quelques heures avant la fin des réquisitions. Déjà planifiée par les stratèges du RN, cette opération a pris une nouvelle dimension compte tenu de la gravité des réquisitions, et de l’urgence de la situation.

Un soutien inattendu

Jean-Philippe Tanguy, député et bras droit de Marine Le Pen à l’Assemblée nationale, dénonce « des réquisitions presque fanatiques ». Sébastien Chenu, autre lieutenant de Marine Le Pen au Palais Bourbon, accuse le parquet d’être « au service d’une mission politique ». « Dans quel pays vivrions-nous dans lequel la femme politique la plus importante, la femme politique la plus populaire dans les sondages (…) serait empêchée de se présenter ? »dit-il sur RMC-BMFTV.

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Dans cette opération, Marine Le Pen peut se targuer d’engranger les soutiens attendus, comme celui d’Éric Ciotti, son nouvel allié, et celui de Marion Maréchal, sa nièce. Mais aussi celui immédiat d’Éric Zemmour et, un peu moins franc, de Jean-Luc Mélenchon. Il y a enfin ceux inattendus, comme celui de l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, pour qui « combattre Madame Le Le stylo se fait dans les urnes, pas ailleurs ». Ou celle du maire Horizons de Nice, Christian Estrosi, pour qui « l’automaticité des pénalités d’inéligibilité » Est « un principe dangereux ».

Désormais, Marine Le Pen et ses proches ont les yeux rivés sur le printemps 2025, date à laquelle le tribunal rendra son jugement. « Comme je connais la justice, j’attends une condamnation »prédisait Philippe Olivier, conseiller spécial du candidat RN, mardi soir au Westin. Plus personne au RN ne veut s’attendre à ce que Marine Le Pen soit inéligible.

 
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