Invitée de l’émission « Clique », l’actrice de 48 ans née à Buenos Aires n’a pas caché son émotion en évoquant sa naturalisation.
“La France doit être fière des gens qu’elle a accueillis.” Née en Argentine avant de grandir en France, Bérénice Bejo revient actuellement sur scène, au Studio Marigny, pour l’adaptation du livre de Maria Larrea, Les habitants de Bilbao naissent où ils veulent. La pièce retrace l’histoire de Maria et de ses parents, qui fuient l’Espagne franquiste pour se réfugier en France. Bérénice Bejo incarne Maria, son père Julian, sa mère Victoria, et toute une galerie de personnages.
Invitée de l’émission “Clique”, la comédienne de 48 ans n’a pas caché son émotion lorsque la journaliste Pauline Clavière a rappelé ses racines. « Vous êtes naturalisé français et vous dites aussi que c’est le moment qui vous touche le plus dans cette salle. Les habitants de Bilbao naissent où ils veulent… » introduit le chroniqueur de Mouloud Achour. Avant d’être interrompu par Bérénice Bejo. « Je sais ce que tu vas dire. Quand je dis que je suis à la maison ? », dit-elle. « Oui, c’est ça. Quand elle revient à Paris, elle dit qu’elle rentre chez elle… et vous aussi », poursuit Pauline Clavière. “Eh bien oui”, répond l’actrice, soudain submergée par l’émotion.
“Nous traversons une période difficile”
“Pourquoi est-ce que ça t’émeut autant ?” poursuit le journaliste. « Parce que… » commence l’épouse de Michel Hazanavicius, les yeux embués. S’arrêtant quelques secondes pour réfléchir, l’actrice finit par fondre en larmes. “Attends”, lâche-t-elle. “Je vous en prie. Est-ce que c’est chez vous aujourd’hui ?», a demandé le journaliste. Bérénice Bejo est d’accord. “Et tu as l’impression que le chemin a été long pour que ce soit enfin ta maison ?” Réponse du principal concerné : « C’est chez moi et… La France est un pays accueillant qui doit être fier des gens qu’il a accueillis. Et nous traversons un moment difficile, où nous rejetons tout cela et où nous voulons avoir une politique d’immigration très dure. Et donc, c’est vrai que chaque soir, quand je dis : « Je suis ici, à la maison ». C’est comme si je voulais envoyer un message à ces 300 personnes présentes dans la salle et leur dire : « Ici, je n’ai rien volé, mes parents n’ont rien volé, j’ai travaillé dur. Et aujourd’hui, vous êtes fière de moi, de l’actrice que je suis devenue, de cette carrière que j’ai menée”, insiste celle qui a reçu le César de la meilleure actrice pour son rôle dans L’artiste en 2012 et le Prix d’interprétation féminine à Cannes l’année suivante pour Le passé.
La gorge nouée, elle ajoute qu’elle est « très reconnaissante envers la France ». «Je pense que [l’immigration] c’est aussi un atout pour la France et donc je veux leur dire qu’il faut accueillir du monde. Il faut bien les accueillir, il faut leur donner la possibilité d’être importants pour la France.» Chaque soir, je me dis : « Okay, allez, je ne vais pas pleurer quand je dis cette phrase. » Et chaque soir, je regarde les gens et je leur dis : “Vous êtes ici ce soir pour venir me voir mais en fait je suis Argentin, je ne suis pas né en France et pourtant vous m’aimez.” Chaque nuit, je vis ça, c’est compliqué.
Bérénice Bejo poursuit son plaidoyer en rappelant sa chance de vivre en France. “Quand je vois cette jeune Iranienne en sous-vêtements, tout ce que j’ai envie, c’est de sortir dans la rue et d’enfiler mes sous-vêtements”, déplore-t-elle. Nous avons la chance d’être en France et nous devons continuer à accueillir des gens qui n’ont pas le choix. Et mes parents n’avaient pas le choix. Un cri du cœur qui en a ému plus d’un. La séquence a déjà été vue par plus de 190 000 internautes sur Instagram.
Related News :