Les chiffres de Médiamétrie publiés ce jeudi confirment les choix du service public, qui progressent presque tous. Du côté des chaînes privées, Radio Nova profite de l’arrivée de Guillaume Meurice.
Par François Rousseaux, Sophie Gindensperger
Publié le 14 novembre 2024 à 16h18
DDes records, encore des records, et un effondrement : les chiffres d’audience publiés ce jeudi par Médiamétrie, qui couvrent les mois de septembre et octobre, sont un véritable sacre pour Radio France. Non seulement France Inter conforte sa place de première radio de France, mais, avec 12,8% d’audience cumulée, elle égale son meilleur niveau historique de mars dernier. Surprise : la deuxième place du podium revient désormais à France Info qui, malgré une légère baisse sur un an (8,9% contre 9% l’an dernier, avec une actualité alors marquée par les attentats du Hamas du 7 octobre) bénéficie de la bérézina vécue par RTL .
Le sacre du service public, France Inter en majesté
Pied de nez à l’exécutif qui prépare des coupes sévères dans les budgets de l’audiovisuel public, menacé tour à tour de fusion puis de privatisation : Radio France affiche des audiences insolentes. A commencer par France Inter. Malgré des mois mouvementés et le vote d’une motion de censure en juillet contre la patronne Adèle Van Reeth, les chiffres confortent ses choix : la station générale est écoutée chaque jour par 7,2 millions d’auditeurs. Elle est particulièrement portée par la solidité de sa matinale, qui dépasse pour la première fois le cap des 5 millions d’auditeurs quotidiens. Les nouveaux formats des émissions de l’après-midi, Le Terre au carré et Zoom zoom zenqui ont gagné une heure, progressent également. « La voie que nous suivons est populaire : être un média ouvert, joyeux, populaire, qui invite à réfléchir contre soi-même et à regarder vers l’avenir… sans oublier tout le plaisir que peut procurer la radio. Quelle joie ! » a réagi le directeur de la station.
Avec une audience cumulée de 3,8%, France Culture a franchi la barre des 2 millions d’auditeurs quotidiens, une première dans son histoire. Là encore, la matinale de Guillaume Erner est un moteur (+20% d’audience en un an), tout comme la entre, repris à la rentrée par Marie Labory (+27%). France Musique connaît également une très forte croissance, passant de 1,9 à 2,3% d’audience cumulée en un an, soit un gain de 206 000 auditeurs. Autre satisfaction pour l’entreprise publique : la reconquête initiée par France Bleu commence à porter ses fruits (87 000 auditeurs en plus cet automne). La radio, dont la grille a été profondément remaniée en septembre pour inclure à la fois plus de musique et plus de programmes locaux, se prépare elle aussi à un bouleversement majeur, puisqu’elle doit changer de nom pour devenir Ici, fondu dans une marque commune avec les chaînes régionales de France. 3.
RTL rate le coche
« Est-ce qu’on parle encore à tout le monde ? » » s’interrogeait fin avril un journaliste de RTL dans une enquête de Télérama. De moins en moins, évidemment. Avec 4,9 millions d’auditeurs quotidiens – soit 307 000 de moins par rapport à la même période de l’année dernière – la radio privée enregistre son plus bas niveau historique et perd sa place de deuxième radio du pays (elle a perdu en un an 0,7 point, passant de 9,4 à 8.7). Un symbole pour elle, dont la dernière rétrogradation dans les audiences remontait à 2003. Mais pas vraiment une surprise : depuis son rachat en 2017 par le groupe M6, RTL, longtemps première radio de France, est en déclin. Ce qui fait le business de France Info. La station avait cependant décidé d’opérer plusieurs changements depuis la rentrée : elle a recruté Thomas Sotto (ancien co-présentateur de Télématin sur France 2) le matin, pour succéder à Yves Calvi, dont la voix a réveillé les auditeurs pendant dix ans. Un pari qui n’est pas encore gagné : Sotto comme Calvi, devenu l’homme-orchestre du créneau du soir (18h-20h), égare toujours auditeurs.
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Quelques précisions : Les grosses têtes de Laurent Ruquier – en baisse – reste cependant l’émission la plus écoutée de l’après-midi, toutes radios confondues. Le créneau de 6h à 7h, avec les chroniques des nouveaux venus, l’écrivain Antoine Leiris ou l’ancienne PDG de Fayard Isabelle Saporta, a le vent en poupe. Contactée, la direction de RTL s’est refusée à tout commentaire. Ses auditeurs s’habitueront-ils aux changements ?
Le “tout va bien” réussit sur Europe 1
Quand RTL trinque, Europe 1 fait éclater le champagne. Avec 4,4%, la station continue de voir le bout du tunnel, après des années de descente aux enfers. La radio du groupe Bolloré, qui bénéficie d’une double exposition avec de nombreuses codiffusions de ses programmes sur CNews, bénéficie de ce teaming, et de sa ligne éditoriale très marquée à droite : elle séduit 2,5 millions d’auditeurs, dont près de 350 000 nouveaux arrivants. dans un an. Et est désormais surnommé… “radio libre”, selon un communiqué publié jeudi. Cyril Hanouna, propulsé depuis la rentrée de 16h à 18h avec On marche sur la tête – un programme pointé du doigt par Arcom pour son manque de pluralisme – double le nombre d’auditeurs sur le segment (495 000 désormais). Pascal Praud, en semaine de 11h à 13h, confirme sa percée. Pourtant, tout n’est pas rose dans le groupe : la petite sœur Europe 2, qui recrutait Benjamin Castaldi le matin depuis la rentrée, est en chute libre.
Guillaume Meurice, le bon coup de Radio Nova
Il est sans doute le plus heureux de cette vague de publics. Licencié de Radio France au printemps, l’ex-humoriste du groupe de Charline Vanhoenacker sur France Inter fait une entrée remarquée dans la radio musicale privée du banquier Mathieu Pigasse. Le derniersa nouvelle émission dominicale, rassemble 540 000 auditeurs de 18 heures à 20 heures : un bond de… 882 %, selon la direction. Résultat, le trublion permet à Nova de franchir le seuil fatidique des 1% d’audience cumulée et, avec 563 000 auditeurs en moyenne, de réintégrer le classement radio Médiamétrie, dont elle avait été rayée en 2015.
Nostalgie, quand tu nous tiens
Si NRJ, leader des radios musicales, perd du terrain, Nostalgie (qui appartient au même groupe) continue de grimper : avec 3,7 millions de fans, elle signe sa meilleure rentrée depuis dix-sept ans et gagne 350 000 auditeurs. dans un an. Un sas de décompression pour tous ceux qui sont tenus à l’écart des médias par l’actualité anxiogène ?
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