C’est une petite alerte. Selon l’Insee, le taux de chômage a augmenté au troisième trimestre 2024 à 7,4% (+0,1%) de la population active, soit 2,3 millions de chômeurs. Il est revenu à son niveau d’il y a un an. Pour l’instant, il n’y a pas de quoi s’inquiéter malgré les mauvaises nouvelles économiques qui s’accumulent, avec des plans sociaux, des faillites d’entreprises en pagaille et une croissance en berne. Tout cela sur fond de rigueur budgétaire pour juguler un déficit record. Mais il y a encore de mauvaises nouvelles concernant les jeunes. Leur taux de chômage grimpe de 1,8 points pour atteindre 19,7% : le plus haut depuis 2021.
Pour la tranche d’âge 25-49 ans, le taux de chômage est resté stable au cours du dernier trimestre (-0,1%) et a baissé à 6,6%. Du côté des plus de 50 ans, le taux de chômage a reculé de 0,3 point à 4,7%, au plus bas depuis 2008. Une bonne nouvelle pour les seniors qui ont vu leur taux d’emploi grimper à 60,8% (+0,7 point sur le dernier trimestre). Certains y verront sans doute les premiers effets de la réforme des retraites de 2023 qui a repoussé l’âge de la retraite à 64 ans. En fait, ces mesures d’âge ont toujours mécaniquement augmenté le taux d’emploi des seniors.
Mais déjà, plusieurs nuages s’amoncellent à l’horizon. Premièrement, l’effet boomerang des prêts garantis par l’État frappe de plein fouet de nombreuses entreprises. Mis en place en urgence par Bercy et Bpifrance en 2020 pour faire face à la crise sanitaire, le dispositif a sauvé de nombreux restaurateurs, commerces et industries. Mais aujourd’hui, alors que de nombreuses entreprises sont ébranlées par la crise inflationniste, la potion magique des PGE se transforme en boulet. Cela s’est traduit par une hausse des cas d’insolvabilité d’entreprises, atteignant 63 700 en août. Du jamais vu depuis dix ans. Une situation qui aura des répercussions sur l’emploi dans les prochains mois.
Il faut également s’attendre à un retournement de la situation économique pour 2025. Premièrement, la création d’emplois s’essouffle. Certes, la machine à travailler reste dynamique mais à un rythme plus modéré. Sur le premier semestre 2024, il n’y a que 73 000 nouveaux emplois par rapport à 2023. On est loin de l’euphorie post-covid : en quatre ans, plus d’un million d’emplois ont été créés.
Pire, selon l’OFCE, « L’emploi salarié s’arrêtera en 2024, avec la perte de 31 000 emplois au second semestre. Malgré les mesures mises en œuvre, la politique de l’emploi devrait peser sur le marché du travail, entraînant une suppression globale de 64 000 emplois.. Et la tendance va se poursuivre l’année prochaine, particulièrement sur la deuxième partie de l’année, notamment en raison de la baisse des entrées en apprentissage qui sont très concentrées entre août et octobre. Avec pour conséquence une hausse du chômage à 8% selon l’OFCE. La promesse d’Emmanuel Macron d’un retour au plein emploi en 2027 semble de plus en plus irréalisable.
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