A quoi ressemble la sexualité française en 2023 ? C’est à cette question indiscrète de la vie sous les couvertures que répond cette grande enquête scientifique publiée ce mercredi 13 novembre, et menée par l’ANRS (Association nationale pour la réinsertion sociale) et l’Inserm après cinq ans de recherches pluridisciplinaires et pluridisciplinaires. -institutionnel.
Et ce n’est évidemment pas pour titiller le grand public que ce travail a été réalisé, mais pour m’aider à comprendre les enjeux sociétaux, mais aussi médicaux. Rien n’est plus politique, en fin de compte, que la bagatelle et ses implications démographiques, sociales et sanitaires. « Les transformations de la société française au cours des dernières décennies, tant sur le plan social et juridique qu’économique et technologique, ont eu un impact sur les représentations et les pratiques en matière de sexualité et de santé sexuelle », annoncent les chercheurs. Décryptage sans tabou.
Diverses pratiques sexuelles…
Premier constat : depuis la fin des années 2010, l’âge médian au premier rapport sexuel a légèrement augmenté, inversant les tendances observées depuis les années 1960. Ainsi, pour la séquence 2019-2023, les femmes ont leur premier rapport sexuel à 18,2 ans pour les femmes, 17,7 ans pour les hommes. En revanche, l’activité sexuelle se poursuit à un âge de plus en plus avancé : en 2023, 56,6% des femmes et 73,8% des hommes restent actifs entre 50 et 89 ans. En revanche, le nombre de partenaires sexuels déclarés a augmenté au fil des ans. époque : en 2023, les femmes déclarent avoir eu 7,9 partenaires (3,4 en 1992), tandis que les hommes en déclarent 16,4. Mais la vraie nouvelle tendance, c’est surtout le multi-partenariat, ou le fait d’avoir eu plusieurs partenaires au cours des 12 derniers mois. Un phénomène en augmentation chez les 18 à 29 ans, chez les femmes (9,6% en 1992 contre 23,9% en 2023) et chez les hommes (22,9% en 1992, contre 32,3% en 2023).
Autre évolution : la diversification des pratiques sexuelles, avec une proportion croissante de Français ayant expérimenté le sexe oral ou anal (38,9 % des femmes et 57,4 % des hommes), ou la masturbation, qui se généralise chez les femmes de 18 à 69 ans. (72,9% en 2023). « Ces évolutions, observées depuis le début des années 1970, dessinent une sexualité plus diversifiée, de moins en moins cantonnée à la pénétration vaginale », concluent les chercheurs.
…Mais moins fréquent
10 choses à savoir sur la sexualité française
Il s’agit de la quatrième enquête scientifique nationale sur la sexualité des Français. « Contexte des sexualités en France » (Inserm, Paris 1 Panthéon – Sorbonne, ANRS – maladies infectieuses émergentes), dont les premiers résultats viennent d’être publiés, s’appuie sur des données collectées auprès de 31 518 personnes. Voici 10 informations à retenir qui reflètent l’évolution de la sexualité française.
Diversifiée donc, l’activité sexuelle est également moins fréquente, quels que soient le sexe ou la tranche d’âge. Certes, en 2023, quelque 77,2% des femmes et 81,6% des hommes de 18-69 ans déclarent avoir eu une activité sexuelle au cours de l’année, mais parmi ceux-ci, leur fréquence au cours des quatre dernières semaines est passée de 8,1 en 1992 à 6 en 2023 pour les femmes et de 9 à 6,7 pour les hommes.
Cela dit, la proportion de Français ayant cédé à contrecœur aux avances de leur partenaire a également diminué ; tandis que l’indice de « satisfaction sexuelle » a légèrement augmenté : 45,3% des femmes et 39% des hommes se disent très satisfaits de leur vie sexuelle.
Genre : des frontières de plus en plus perméables
En matière de genre, les évolutions des mentalités sont nettes, et font écho aux évolutions législatives marquées par le Mariage pour tous en 2013, l’accès à la PMA pour les couples de femmes et les personnes seules (2021).
Ainsi, l’acceptation sociale de l’homosexualité et de la transidentité a progressé, même si elle reste plus faible chez les hommes que chez les femmes, « plus tolérantes » : 69,6 % des femmes et 56,2 % des hommes de 18 à 89 ans considèrent que l’homosexualité est une sexualité. comme les autres. Acceptation moins large de la transidentité : 41,9% des femmes et 31,6% des hommes la considèrent comme une autre, tandis que 40,5% des mères et 33% des pères accepteraient la transidentité de leur enfant.
Et ces nouveaux contours de genre vont plus loin : 0,1 % des Français déclarent avoir entrepris des démarches pour changer de genre ; tandis que 2,3% des femmes et 2,4% des hommes âgés de 18 à 89 ans déclarent avoir déjà pensé à changer de genre ; et jusqu’à 6% des 18-29 ans.
Remettre en question l’hétérosexualité
L’orientation sexuelle renvoie également à des définitions de plus en plus perméables, avec des réponses différentes si l’on aborde le sujet en termes d’« attirance sexuelle au cours de la vie », de « pratique » ou d’« identification sexuelle ». « . En clair, l’attirance pour une personne du même sexe n’est plus vécue comme un tabou si l’on en croit les affirmations, alors que les pratiques entre personnes du même sexe se sont multipliées au fil du temps.
Conclusion des chercheurs : « en combinant pratique, attirance et identification, on observe que plus d’une femme sur cinq (22,6 %) et un homme sur sept (14,5 %) n’est pas strictement hétérosexuel. » Une remise en cause de l’hétérosexualité plus fréquente chez les jeunes de moins de 29 ans, mais aussi chez les femmes (37% de femmes, 18,3% d’hommes) : « pour elles, il y a plus à gagner pour s’orienter vers d’autres possibilités sexuelles en raison des inégalités de genre et des violences persistantes au sein les couples hétérosexuels, de plus en plus documentés », attestent les chercheurs.
Et le numérique ? Bon et mauvais
Autre bouleversement majeur de la sexualité : l’ère numérique, et l’avènement de « nouveaux espaces de sociabilité » et de nouveaux modes d’échange sexuel. Les chercheurs notent que “on sait encore très peu de choses en France sur la manière dont ces nouveaux usages se sont répandus dans les échanges sexuels et ont potentiellement modifié les pratiques”.
L’enquête permet cependant de quantifier le phénomène : « 33 % des femmes et 46,6 % des hommes âgés de 18 à 89 ans ont déjà vécu une expérience sexuelle en ligne, celle-ci étant plus fréquente chez les moins de trente ans (63,9 % des femmes 72,8 % des hommes) et « minorités sexuelles » : 66,6% de femmes et 73,4% d’hommes non hétérosexuels.
« La diffusion de ces nouvelles pratiques numériques depuis 20 ans transforme progressivement le cadre social des pratiques et des relations sexuelles. Si ces expériences sont majoritairement positives, elles peuvent aussi conduire à des situations néfastes et à des effets délétères en termes de santé mentale », concluent les chercheurs, qui appellent les décideurs politiques à mieux prendre en charge « les personnes confrontées aux violences sexuelles numériques ». En effet, en 2023, 13,1 % des femmes et 12,8 % des hommes déclarent avoir vécu une expérience néfaste en ligne. Mais le numérique représente aussi une Source d’information sur la sexualité et la santé sexuelle pour 75 % des femmes et 69,7 % des hommes.
Violences sexuelles : des chiffres en hausse
Autre évolution sociétale : les signalements de violences sexuelles ont considérablement augmenté. En 2006, 15,9% des 18-69 ans déclaraient avoir subi un rapport sexuel forcé ou une tentative, un chiffre qui atteint 29,8% en 2023. Un chiffre qui atteint 36,8% dans la tranche des 18-29 ans.
Mais cette hausse reflète à la fois une « amélioration de la capacité à qualifier les faits » ainsi que des accompagnements, mais aussi l’abaissement des seuils de tolérance et la fin des tabous.
Vaccins, grossesses non désirées, préservatifs… Aïe !
Dans le domaine de la santé sexuelle, plusieurs tendances se dessinent, qui interrogent sur les politiques de prévention. A commencer par la décélération de l’utilisation du préservatif lors des premiers rapports sexuels : 49,4% des femmes et 52,6% des femmes utilisent un préservatif lors de leur premier rapport sexuel avec un partenaire rencontré au cours des 12 derniers mois. A peine plus glorieuse est la couverture vaccinale des 15-29 ans : 63,5% des femmes et 52,9% des hommes sont vaccinés contre l’hépatite B. Tandis que 50,6% des femmes et 20,2% des hommes sont vaccinés contre les papillomavirus.
Quant au paysage contraceptif, il évolue également, avec un net recul de la pilule contraceptive au profit du DIU, qui devient la méthode la plus utilisée (27,7%), devant la pilule (26,8%), le préservatif (18,6%). %), méthodes naturelles (6,2 %). Enfin, 13% ne disposent pas de méthode contraceptive.
Pire encore, les grossesses non désirées sont en augmentation : 34,7 % des dernières grossesses survenues ces dernières années ne sont pas désirées. Une proportion qui monte à 51,8% pour les 18 à 29 ans
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