La prochaine audience aura lieu le 2 décembre. Il a été arrêté au Groenland en juillet dernier après une demande d’extradition vers le Japon.
La détention du défenseur des baleines Paul Watson, arrêté fin juillet au Groenland en raison d’une demande d’extradition du Japon, a été prolongée jusqu’au 4 décembre, a annoncé mercredi la police groenlandaise dans un communiqué. “Le tribunal du Groenland a décidé aujourd’hui que Paul Watson serait maintenu en détention jusqu’au 4 décembre 2024 afin de garantir sa présence dans la procédure d’extradition”a indiqué la police, qui a précisé que la prochaine audience se tiendrait le 2 décembre.
Le militant américano-canadien de 73 ans, qui a récemment demandé la nationalité française, a été arrêté le 21 juillet à Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome danois. Il était en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un nouveau navire-usine baleinier japonais. C’est dans une autre affaire relative à la chasse à la baleine, remontant à 2010, que le Japon demande son extradition.
La décision du tribunal de Nuuk, la cinquième en ce sens depuis l’arrestation du fondateur de Sea Shepherd, était attendue. M. Watson a fait appel devant la Cour d’appel du Groenland. Les décisions antérieures en matière de détention provisoire sont soumises à une procédure d’appel différente, devant la Cour suprême du Danemark. « Plus le temps passe, plus le sentiment d’injustice grandit »» a souligné Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, avant l’audience.
En attendant la décision danoise
Le ministère danois de la Justice, qui a récemment reçu les avis de la police groenlandaise et de la direction générale du parquet sur la demande d’extradition, n’a pas indiqué quand il rendrait sa décision. « Le ministère de la Justice examine actuellement la demande d’extradition et les deux recommandations, et c’est sur cette base qu’il prendra une décision dans cette affaire »il a écrit à l’AFP.
S’il refusait l’extradition, “il n’y aurait plus de motif de détention et (Paul Watson) serait libéré dès que possible après que cette décision aura été portée à l’attention de la police du Groenland”a expliqué le procureur en charge du dossier. Dans le cas contraire, ses défenseurs feraient appel. Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation pour les océans qui porte son nom, Paul Watson est une personnalité connue pour ses actions percutantes.
Le Japon, qui a relancé une demande émise en 2012 via une notice rouge d’Interpol, l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un baleinier japonais deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd. Dans le détail, le militant est poursuivi pour les blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour la collision de ce même navire avec quatre jours plus tard. Mi-septembre, ses avocats ont contacté le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il court de “subir des traitements inhumains (…) dans les prisons japonaises”. Selon eux, ce délit n’est pas passible de prison selon la loi groenlandaise, ce que conteste le parquet de Nuuk.
Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre japonais des Affaires étrangères Takeshi Iwaya estimait début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « application de la loi » plutôt que la chasse à la baleine. Paul Watson espère rentrer en France, où il vit depuis juillet 2023 et où ses jeunes enfants sont scolarisés. Ses déboires ont suscité le soutien d’une partie de l’opinion publique et d’autres militants. La primatologue britannique Jane Goodall a appelé le président français à accorder l’asile à l’Américano-Canadien. Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.
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