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Le jeune homme n’avait encore jamais senti un gros sanglier frôler ses jambes, le charger, tenter de le renverser. « Dès que j’ai passé le mur, j’ai été violemment attaqué. » Il s’agissait d’une femelle, « un gros animal » que le jeune homme n’aurait jamais imaginé croiser en centre-ville.
Six sangliers tués
Il ne devait son salut qu’à l’échelle qu’un voisin pouvait franchir pour lui. “J’ai pu à nouveau me hisser au mur.” C’est de là qu’il a appelé les secours, pris quelques photos, tourné une vidéo. Les images, à voir sur charentelibre.fr, sont édifiantes. « Il était fou, il sautait contre les baies vitrées de la maison. Il était paniqué.
Une charge dans les tibias d’un animal de 80 kg peut vite causer de nombreux dégâts
Quatre policiers sont arrivés, stupéfaits. « Et puis très vite, un lieutenant de la louveterie est intervenu », raconte Alexis Cassereau. Il a abattu l’animal dans le jardin. « Je n’ai jamais vu ça » ! Les sangliers semblent se porter de mieux en mieux en milieu urbain. Celui de la rue Laferrière a bien fonctionné. «Nous avons constaté, dimanche en fin d’après-midi, que le jardin de mes parents était dévasté», raconte Alexis Cassereau. Labouré. Il ne pouvait s’agir que d’un sanglier. « Pour atterrir dans le jardin, il n’avait qu’une seule option : sauter du rempart, en haut de la rue Abadie, juste avant les escaliers. Cela fait plus de dix mètres, peut-être quinze.
L’animal a dû bénéficier du feuillage d’un grand figuier qui aurait pu faire office d’amortisseur. Mais pour entrer dans le jardin du voisin, elle a dû escalader un mur de deux mètres ! Les animaux n’hésitent plus à s’aventurer hors de leurs terrains de jeux naturels que sont devenus les bois de Saint-Martin, Petit-Fresquet, Frégeneuil.
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Dans la nuit de samedi à dimanche, une entreprise s’est perdue près du carrefour Barrouilhet, à Angoulême. Le lieutenant de la Louveterie a déménagé. Il a dû revenir trois heures plus tard « pour les retrouver avenue de Cognac », explique Hervé Servat, le directeur des territoires (DDT) à la préfecture. En ville, l’opération est délicate. « La police a réussi à bloquer la circulation. Et le lieutenant loup a su trouver le moment de réaliser plusieurs tirs percutants, en toute sécurité, à dix mètres et à la chevrotine, au pied du jardin verdoyant. Il en a tué cinq. Celui du jardin de la rue Laferrière est sans doute l’un des survivants de la famille. Tourné hors ligne.
Les lieutenants de la Louveterie, seuls habilités en permanence par la préfecture à gérer les problèmes fauniques dans la ville et sur les grands axes routiers de la ville, n’ont guère d’alternative. Johanne Lagarde est intervenue dimanche rue Laferrière à la demande des forces de l’ordre. Pas étonnant qu’un sanglier saute d’aussi haut. Pas étonnant de le retrouver ainsi en pleine zone urbaine. « Lorsqu’ils se sentent piégés, ce sont des animaux qui ont une incroyable résistance au mal. Ils sont très très forts. Et très agile », explique le spécialiste.
Dangereux aussi. « Ce sont des animaux sauvages », précise Johanne Lagarde. « Ils représentent un danger pour la population. Une charge dans les tibias d’un animal de 80 kg peut rapidement causer de nombreux dégâts aux personnes. Pour les maisons aussi.
Des animaux devenus urbains
Les spécialistes reconnaissent donc qu’il n’y a guère d’autre solution que l’élimination des animaux. « Ils sont beaucoup trop nombreux. C’est un problème national. En ville, “il n’y a pas de solution miracle”, estime Johanne Lagarde. “Ce sont des animaux devenus urbains, qui n’ont pas besoin d’être là.”
Les repousser ? « Ce n’est pas possible. Quelques semaines plus tard, ils reviendront. Ils savent que leur paix est ici. Et compte tenu du problème des sangliers, les agriculteurs n’apprécieraient pas que nous les repoussions dans leurs champs.»
Les empêcher de venir ? Illusoire, semble-t-il. « Ils s’adaptent à tout, s’installant sur les talus des routes nationales ou des lignes ferroviaires. Même si le train les dépasse à un mètre des cheveux, ils se sentent en sécurité. En ville, il faudra surtout éviter de leur donner à manger. C’est là qu’ils ont trouvé des zones de refuge, non chassés. Zones de tranquillité. Ce sont de vrais cafards qui s’adaptent à tout”, explique le lieutenant de la Louveterie. « Ils s’adaptent à l’alimentation, à l’urbanisme. Ils ne sont pas réglementés. Ils y restent. A proximité des zones urbaines, ils se cachent dans les friches, dans les ronces.
Et ils sortent la nuit, « prennent la route, suivent la rue ». Il leur suffit d’avoir peur d’un véhicule pour se mettre en mouvement. « Ce sont des animaux qui ont besoin de marcher. Sauf que ce n’est pas leur habitat naturel, ce n’est pas leur place ici.
Une série d’incursions dans la ville
Février 2016. Une chasse, organisée à Angoulême, le long de la Nationale 10. Dix sangliers, qui avaient élu domicile dans le secteur Saint-Michel, avaient été abattus.
22 juillet 2019. Deux sangliers qui semaient la panique près de la rue de l’Égalité, à Saint-Michel, en s’attaquant notamment au poulailler d’une famille, ont été abattus par un lieutenant de la louveterie. Après trois semaines de dégâts, une truie et son veau ont été tués. Ils avaient choisi les environs de Girac pour élire domicile.
26 février 2023. Une cinquantaine de chasseurs le long de la Voie de l’Europe, fermée à la circulation pour la journée, à Ma Campagne. Et quatorze sangliers abattus lors de cette « chasse » insolite dimanche. La préfecture avait ordonné le passage à tabac. Depuis plusieurs semaines, les sangliers proliféraient et augmentaient les dégâts.
8 mars 2023. Toujours dans le secteur route Europe, un sanglier retrouvé mort a dû être récupéré par le lieutenant de la louveterie. L’animal avait probablement été victime d’une collision avec une voiture.
Février 2004. Les sangliers sont de retour dans la commune de Basseau Grande-Garenne. Ils ont restitué une partie des espaces verts et du rond-point de la rue de la Charité.
Samedi 9 et dimanche 10 novembre 2024. Plusieurs animaux ont été aperçus, photographiés, filmés à Angoulême, au carrefour du Nil, dans le secteur de L’Houmeau, avenue de Cognac, à proximité de la préfecture. Cette liste n’est pas exhaustive.
Menace périurbaine
« L’action que nous menons auprès de la fédération de chasse doit nous permettre d’agir sur le territoire périurbain. Des actions réglementaires pour éviter une prolifération trop importante », explique Hervé Servat, de la DDT. “Mais nous sommes au maximum de ce que nous pouvons faire” estime Bruno Meunier, le président de la fédération. En 2023, les chasseurs ont capturé 7 800 sangliers et personne ne sait combien il en reste. « Le budget du grand gibier est de 900 000 euros annuels, dont 390 000 d’indemnisation des éleveurs »
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