Avec Julie Denayer, le juge Denis Goeman endosse un autre rôle à la télé, celui de décodeur d’affaires judiciaires. Pour ces deux premiers numéros d’« Intime conviction », du 12 novembre, ils s’intéressent au dossier du meurtre d’Alexia Daval.
Par AS
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Lorsque la proposition de Julie Denayer d’apparaître dans ce nouveau format vous est parvenue, vous avez pensé…
Écoute, ça m’a tout de suite intéressé. D’une part, ce qui m’intéresse, c’est la nature humaine, comprendre comment les êtres humains peuvent être susceptibles de faire le pire. Ces investigations me permettent de m’insinuer au plus profond de la nature humaine. Et puis, je trouve que l’approche ici est originale par rapport à d’autres séries du genre. Ici, nous racontons l’histoire à travers le prisme d’un être directement impliqué qui explique tous ses sentiments.
Quel sera exactement votre rôle dans cette série ?
Celui d’expliquer, de contextualiser certaines questions qui pourraient surgir dans l’esprit des téléspectateurs – pourquoi on ne fait pas telle mission d’enquête, pourquoi on n’arrête pas la personne à un moment donné par exemple. J’apporte mon expertise pour aider à mieux comprendre tous les rouages d’une affaire afin que le spectateur ait toutes les clés en main pour se forger sa propre conviction personnelle.
Cette conviction intime s’affine-t-elle avec l’expérience ?
Bien sûr, plus nous traitons de dossiers, plus nous connaissons les versions des accusés, plus nous sommes capables de prendre le bon recul par rapport aux témoignages. Mais la conviction intérieure ne vient pas du Saint-Esprit. Elle s’appuie sur un dossier procédural et sur les arguments développés par le procureur et la défense. C’est le fruit d’une réflexion qui équilibre tout cela.
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Dans l’affaire Daval, auriez-vous immédiatement remarqué que le mari en deuil était le coupable ?
Il est toujours plus facile après coup, quand la vérité éclate, de dire que c’était une évidence. Il faut se repositionner au fur et à mesure que l’enquête progresse. Selon moi, il y a un tournant : c’est son discours lors de ce footing organisé avec les parents en mémoire d’Alexia. Quand il parle, il fait des recommandations sur le sport… C’est un défi, ce n’est pas du tout ce qu’on attend d’un mari en deuil qui adorait sa femme. C’est une indication de sa double personnalité.
Vous revenez au fil d’instruction de ces deux numéros. Y a-t-il eu un hoquet ? Aurions-nous pu inculper Daval bien avant ?
Une chose a retenu mon attention : l’analyse des caméras de surveillance aux alentours et à certains endroits a nécessité un temps incompréhensible. Or, on sait que les images sont parfois conservées pendant une durée assez limitée. Alors oui on aurait vu plus rapidement les passages du véhicule de Jonathann.
Le rapport donne accès aux tickets. Jonathann Daval auditionne. Comment se préparer à un interrogatoire ?
Nous disposons d’une série d’éléments du devoir d’enquête, de preuves recueillies au niveau scientifique, etc., répertoriés par les enquêteurs, nous les accumulons et nous décidons ensuite de confronter cette personne à ces éléments point par point.
Comment faire craquer un coupable ?
Il faut de la psychologie : il faut être capable de trouver la fissure dans sa coquille, il faut être capable d’appuyer sur le bouton de sa corde sensible.
Dans cette affaire, les aveux ont été obtenus lors d’une confrontation avec la mère d’Alexia ? Ce type de processus est-il courant ?
Eh bien non. En général, une confrontation apporte rarement une issue réelle, chacun reste sur ses positions. C’est une particularité de cette affaire que le coupable se soit ainsi révélé.
Un autre point frappant est le rôle qu’a joué la médiatisation dans ce dossier sur plusieurs points. On voit notamment que c’est une arme utilisée par les avocats. Qu’en penses-tu?
Ce qui est aussi particulier dans cette affaire, c’est que l’avocat de Daval a joué avec les médias pour marteler la thèse de son client, il en a fait un pauvre diable, victime de la fureur de sa femme. Cela met en évidence ce à quoi la justice est confrontée : il y a une stratégie judiciaire et une stratégie médiatique lorsque l’on est confronté à une affaire qui connaît une telle médiatisation. C’est un double coup dur pour la famille de la victime, confrontée à la perte de l’être cher puis à l’histoire inverse. Ils ont dû changer de conseil et en choisir un plus adapté à cette communication. C’est à ce moment-là que les parents d’Alexia ont pu faire entendre leur voix dans les médias et avoir le sentiment de rééquilibrer les choses.
La médiatisation d’une affaire est donc l’ennemi de la justice ?
Ce n’est pas l’ennemi mais un facteur qui doit être pris en compte et contrôlé. Nous devons considérer les journalistes comme des partenaires avec lesquels travailler. La grande difficulté est que le timing des médias est différent de celui de la justice qui a des délais plus longs car il nécessite des missions d’enquête, d’analyses de preuves scientifiques. On ne peut pas donner aux médias des éléments qui pourraient torpiller l’enquête, donc les médias doivent accepter des périodes de silence. Il arrive aussi que des journalistes posent telle ou telle question, relèvent telle ou telle piste et que les enquêteurs en tiennent compte, et c’est positif. Médias et justice sont deux mondes qu’il faut apprivoiser.
Dans ce rapport, on voit également que les fuites dans la presse ont eu un impact sur les décisions et les actions du procureur. En tant que porte-parole du parquet, avez-vous dû éteindre ce genre d’incendies ?
Oui. Je recevais parfois des appels téléphoniques de journalistes qui me posaient des questions sur telle ou telle chose d’un dossier. Et je réponds : je comprends que vous détenez des informations mais afin de ne pas nuire à l’enquête, il serait judicieux de ne pas révéler l’information et je m’engage à vous la confirmer dans les plus brefs délais. Cela fait partie d’un jeu de confiance et je dois dire que je n’ai jamais eu de problèmes pour expliquer ma logique à un journaliste.
Enfin, pour finir, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette affaire ?
La personnalité des parents d’Alexia. Ils sont courageux, dignes, résilients ! Ils se sont battus pour faire éclater la vérité et ont dû surmonter à la fois la perte de leur enfant et la trahison de celui qu’ils considéraient comme leur fils.
« Intime condamnation », mardi 12 novembre, 20h25, RTL-TVI
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