« Si nous n’avions pas les enfants pour nous aider un peu de temps en temps, nous ne pourrions pas le faire du tout. » , soupire Jackie Fontaine, 72 ans.
Une situation difficile à accepter pour ceux qui avaient fait valoir leurs droits à 60 ans, après avoir commencé à travailler très jeune, puis connu des changements de métier et des périodes de chômage. Pour son épouse Brigitte, 65 ans, le grand saut est plus récent. Cette ancienne assistante maternelle à domicile a pu partir à 62 ans
Brigitte Fontaine et son mari ont du mal à joindre les deux bouts. Leurs pensions sont leur seule Source de revenus. Ancien ouvrier du bâtiment – il était notamment plâtrier – il perçoit environ 1 150 € (pension de base et complémentaire incluse). Elle touche un peu moins de 1 170 €. « Nous, les petits retraités, ne nous portons pas bien. Ceux qui ont une retraite confortable s’en sortent, mais pas nous.» , poursuit Jackie, avant de revoir la liste des dépenses essentielles avec sa femme.
Le cycle du surendettement
Le couple, qui a eu cinq enfants en commun et deux issus d’un précédent mariage pour lui, a séjourné dans l’appartement familial, situé dans le quartier de Villejean, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Ils y vivent depuis un peu plus de trente ans et paient un loyer d’environ 660 €. Mais ils doivent aussi débourser 189 € pour la mutuelle, l’électricité (environ 90 € par mois), l’eau (une vingtaine d’euros)… Sans compter les abonnements Internet et téléphonie mobile. « Aujourd’hui, nous sommes obligés d’avoir celacommente le retraité. Sinon, nous sommes coupés de tout. Les politiques ne calculent pas tous ces petits détails qui sont importants pour nous. »
Mais leurs finances sont encore plus tendues puisqu’ils doivent faire face à un remboursement de près de 400 euros par mois dans le cadre d’un dossier de surendettement. Plus jeune, « Si nous avions un découvert, la banque nous accordait un crédit à la consommation pour que nous ne soyons plus à découvert. Cela nous a mis dans une situation impossibleexplique Brigitte Fontaine. On s’est fait avoir comme ça, on le paie maintenant. » Une situation déjà inconfortable lorsque tous deux travaillaient mais qui devint encore plus difficile lorsque Jackie se retrouva à la retraite.
« On se casse le dos, mais pour quoi faire ? »
Quand il s’agit de faire du shopping, « pas de extra, on va dans le bas de gamme ». Ils veillent également à ne pas prendre de plats préparés et à privilégier les produits de saison. « Tout est cher. Moi qui étais très charnu, maintenant je me dis que ce n’est pas forcément nécessaire au quotidiencontinue Brigitte. Les desserts ne sont pas disponibles tous les jours à la maison. On se prive sur des choses comme ça pour essayer de tenir jusqu’à la fin du mois. » Ils peuvent également compter sur une distribution alimentaire mensuelle avec le Secours populaire, et une autre une fois par semaine. Soutien « indispensables ».
Aux yeux de Jackie Fontaine, les politiques sont déconnectés de la réalité : « Laissez-les s’amuser un peu avec nous. Depuis leur bureau, depuis leur propre monde, ils voient leur petit bout de nez, mais pas le reste. Pensez-vous qu’il soit normal qu’on aille encore aux distributions alimentaires à notre âge ? J’ai commencé à travailler à l’âge de 13 ans et demi. On se casse le dos, mais pour quoi ? »
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Tous deux sont mécontents de la volonté du gouvernement de décaler de six mois la hausse des retraites. Même si des pistes sont évoquées pour éviter de pénaliser les petites retraites. “ je n’y crois pas vraimentJackie commente amèrement. On nous dit des choses, mais il n’y a rien de précis. Ils tournent autour du pot, ce n’est que de la poudre aux yeux. »
Quand je pense à nos parents qui étaient heureux à la retraite, qui pouvaient voyager…
Ce qu’ils disent est aussi une forme de sentiment de déclassement. Les deux retraités limitent les déplacements pour économiser du carburant. « Pas de vacances en camping, pas de sorties… On allait au cinéma une fois par an grâce à la carte Sortir ! (a reduction system put in place by Rennes Métropole under resource conditions). Cela nous a coûté moins cherdit le retraité. Nous avons payé 4 € chacun. »
C’est le Secours populaire qui leur a récemment permis de changer d’air. En septembre, ils sont partis pour une semaine. Le tout pour 80 € chacun, en pension complète. La part de Jackie a été offerte par les enfants. Pour son épouse, il s’agira d’un paiement en plusieurs fois, à leur rythme.
Ni Brigitte ni Jackie n’avaient imaginé leur vie de retraite de cette façon. “Je me voyais dans une situation un peu plus confortable quand même” , Brigitte se lamente. « Quand je pense à nos parents qui étaient heureux à la retraite, qui pouvaient voyager… continue son mari. Nous aussi, nous avons travaillé ! »
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