Le Conseil présidentiel de transition d’Haïti a décidé de limoger le Premier ministre Garry Conille, en fonction depuis seulement cinq mois, selon le journal officiel publié ce lundi. Il a été nommé début juin pour tenter de stabiliser le pays qui continue de sombrer dans le chaos, notamment à cause de la violence des gangs. Il est remplacé par Alix Didier Fils-Aimé mais Garry Conille conteste cette décision.
Une grave crise politique vient de commencer en Haïti, au sein même du Conseil de transition. C’est une résolution, adoptée par huit membres du Conseil sur neuf, le vendredi 8 novembre. et publié au Journal officiel, ce qui a mis le feu aux poudres. Seul Edgard Leblanc Fils s’est abstenu. Cette résolution précise que les membres du Conseil font le choix par consensus d’Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre.
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©Jeux Olympiques d’Haïti
Alix Didier Fils-Aimé est un homme d’affaires, ancien candidat au Sénat. Il devrait être nommé ce lundi mais Garry Conille refuse de céder sa place. Dans un communiqué officiel, le Premier ministre limogé conteste une décision « prise en dehors de tout cadre légal et conventionnel ». Il affirme que s’il peut nommer un Premier ministre, il n’existe aucun texte permettant au Conseil de transition de le révoquer.
Toute tentative de déstabilisation institutionnelle à ce moment précis n’est rien d’autre qu’une manœuvre qui affaiblit encore davantage notre pays et compromet sérieusement nos chances de surmonter cette crise. /… / Je suis prêt à poursuivre ce combat pour la stabilité de notre pays, à défendre la légalité et à contester toute action illégale motivée par des intérêts politiques étroits qui ne font qu’ajouter aux souffrances de notre peuple.
Garry Conille, Premier ministre
La décision de démettre M. Conille de ses fonctions intervient après des semaines de conflit entre le leader et le conseil de transition. Le conseil souhaitait changer les chefs des ministères de la Justice, des Finances, de la Défense et de la Santé, contre l’avis du Premier ministre, selon le journal Miami Herald. Haïti souffre d’une instabilité politique chronique depuis des décennies. Mais ces derniers mois, le pays a également dû faire face à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince.
Après la démission du Premier ministre controversé Ariel Henry en avril, des autorités de transition ont été mises en place, avec la lourde tâche de rétablir la sécurité et d’organiser les élections.
Médecin de 58 ans qui a déjà été Premier ministre d’Haïti pendant six mois entre 2011 et 2012, Garry Conille a été nommé par ce Conseil présidentiel de transition.
Mais la situation continue de se dégrader malgré la mise en place de la mission multinationale d’appui policier. Soutenue par l’ONU et les Etats-Unis, cette mission dirigée par le Kenya a commencé à se déployer cet été avec jusqu’à présent un peu plus de 400 hommes arrivés dans ce pays des Caraïbes. Jeudi, les Nations Unies ont mis en garde contre une aggravation des niveaux de faim dans le pays.
La vague de violence et une situation humanitaire catastrophique ont contraint plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, à fuir leur foyer pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
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