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Géros veut éjecter le PDG d’ATN

Tahiti, le 7 novembre 2024 – Antony Géros a transmis aux élus de l’assemblée un projet de loi du Pays visant à durcir les dispositions sur la gouvernance d’une entreprise d’économie mixte. Désormais, si ce texte est voté, il faudra choisir le directeur général d’une SEM « en dehors des administrateurs et des actionnaires de la société ». Une manière à peine déguisée de pousser l’actuel PDG d’ATN, Philippe Marie, vers la sortie.

Il risque d’y avoir encore de l’eau dans le gaz dans les relations entre le président du pays et celui de l’assemblée. Les 57 représentants de Tarahoi viennent de recevoir un projet de loi du pays signé de la main d’Antony Géros. Jusqu’ici tout va bien puisque dès le début de son mandat, Moetai Brotherson avait encouragé les élus de sa majorité à être force de propositions à l’assemblée. Encore faut-il que ces propositions aillent dans le bon sens, et surtout dans le même sens que celui du gouvernement. Mais dans ce cas précis, c’est tout le contraire.

Contrairement au Président du Pays qui a choisi de ne pas changer le mode de gouvernance d’Air Tahiti Nui lors du départ de Michel Monvoisin, le locataire du perchoir veut rebattre les cartes en proposant de modifier la loi du Pays du 11 janvier 2022. relatif aux sociétés d’économie mixte créées par la Polynésie. Il y en a huit en activité aujourd’hui, dont Air Tahiti Nui. Et c’est elle, ou plutôt son PDG, qui est clairement dans le collimateur d’Antony Géros.

Dans son projet de loi, il souhaite insérer des dispositions dans la loi du 11 janvier 2022 « précisant que le directeur général (et le cas échéant, les directeurs généraux adjoints) doivent être choisis en dehors des administrateurs ou actionnaires de la société ». Toutefois, le PDG d’ATN, Philippe Marie, siège également au conseil d’administration de la compagnie aérienne et a donc ce double rôle. Ce qui n’est pas le cas de son bras droit, Mathieu Béchonnet, directeur général adjoint, mais pas administrateur de l’entreprise. Un poste qu’il occupait déjà aux côtés de Michel Monvoisin.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase de la subvention de 3,2 milliards de francs

Et c’est ce tandem qui a été invité – pour ne pas dire convoqué – par Antony Géros le 24 octobre en commission. Car la subvention d’équilibrage de 3,2 milliards de francs que le Pays a demandé à l’assemblée de voter méritait une explication de la part du patron de Tarahoi qui, comme de nombreux autres élus, a refusé de « signer un chèque en blanc ». Et surtout, il voulait connaître le “stratégie” de l’entreprise pour redresser sa situation financière.

Mais ce ne sont pas les réponses de Philippe Marie qui l’ont visiblement convaincu. “80% des interventions ont été faites par Mathieu Béchonnet qui était là pour sauver le militaire de l’ATN, et on a bien vu que Philippe Marie ne maîtrisait pas son sujet”nous a dit un élu. Cette rencontre a évidemment été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour Antony Géros qui, avec ce texte, a durci les dispositions de gouvernance des SEM. En juin dernier, il avait déjà ouvert la voie lors du vote de la modification de la loi du 11 janvier 2022 relative aux statuts types des sociétés d’économie mixte créées par la Polynésie française.

Trois mois pour se conformer

C’est ainsi qu’un premier pas a été franchi via un amendement de l’élu de Tavini Vincent Maono. Ce qui a introduit la possibilité pour le conseil d’administration d’une SEM de nommer un directeur général ou un directeur général adjoint en dehors des administrateurs et des actionnaires. Aujourd’hui, il va plus loin en faisant de cette possibilité une obligation.

L’objectif, écrit-il, étant de « dissocier clairement l’aspect stratégique, qui relève des compétences du conseil d’administration, de l’aspect opérationnel de gestion et de mise en œuvre des objectifs stratégiques retenus, confié au directeur général ». Ce qu’il faut retenir, c’est que si ce texte est adopté, Philippe Marie aura un “période de trois mois” pour faire ses valises. Il faudra alors trouver un successeur. Une chose est sûre, et pourtant, si la proposition de Géros parvient à trouver une majorité, ce ne pourra pas non plus être Hiro Arbelot (l’époux de la députée Mereana Reid-Arbelot), puisqu’il siège au conseil d’administration de ATN aussi.

 
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