“Comprimés par l’émotion”, les 40 skippers de la dixième édition du Vendée Globe s’élanceront dimanche pour un nouveau tour du monde en solitaire, plébiscités par des centaines de milliers de personnes réunies aux Sables-d’Olonne (Ouest) pour donner leur mot à dire. au revoir.
Les dernières heures passées à terre par ces héros de la mer ont, à chaque édition depuis 1989, attiré un public bien plus large que les simples passionnés de voile, permettant à l’événement d’acquérir une aura presque mystique.
Le rituel n’a pas changé depuis plus de 30 ans : dans la brume matinale de Port Olona, les aspirants tour du monde descendront un à un du ponton d’honneur vers leur bateau, rejoignant au milieu une poignée de techniciens triés sur le volet. de préparations.
Pour les marins, le départ aura lieu quelques minutes plus tard après de ultimes accolades, souvent mouillées de larmes, avec leurs proches, qu’ils espèrent tous retrouver trois mois plus tard au même endroit.
Charlie Dalin (Macif) a été le premier à franchir la ligne d’arrivée il y a trois ans après un tour du monde épuisant, reçu sobrement en pleine épidémie de Covid dans la nuit de Vendée.
Finalement reclassé deuxième grâce à une prime de temps accordée à Yannick Bestaven pour avoir participé au sauvetage de Kevin Escoffier, le navigateur normand sera le premier à quitter les pontons à 8 heures, comme un symbole.
“Tout le monde pleure”
« Cela faisait déjà un moment que j’attendais ce Vendée Globe », raconte ce jeune papa d’un enfant de six ans, qui porte cette année encore le costume préféré avec Thomas Ruyant (Vulnérable) et Yoann Richomme (Paprec Arkéa). ).
Avant d’atteindre le large, où le départ sera donné à 13h02, les concurrents descendront tous le mythique canal des Sables-d’Olonne dont les quais devraient être complètement bondés.
Depuis le pont de leurs monocoques de 18 mètres, les rookies Violette Dorange (Devenir), Benjamin Ferret (Monnoyeur-Duo For a Job) et Tanguy Le Turquais (Lazare) découvriront alors cornes de brume et banderoles de soutien à perte de vue.
« Nous nous retrouvons tous tout petits au milieu de la foule. Tout le monde à bord du bateau pleure, les gens sur les quais pleurent, on ne peut pas se retenir, on est complètement comprimé par l’émotion», raconte le Suisse. Alan Roura (Hublot), qui part pour la troisième fois.
Quatre minutes avant le coup de feu, le dernier équipier des voiliers se jettera à la mer pour laisser seul son skipper pour rejoindre la ligne de départ. “Ça peut être un moment assez brutal de passer d’un coup de cette émotion au grand vide”, a déclaré la Britannique Samantha Davies (Initiatives Cœur), à la veille de sa 4e participation.
« On se dit qu’on a trois mois devant soi, seul, et en même temps il faut vite se recentrer sur la course », ajoute le marin de 50 ans. Devant les étraves, 24 300 milles théoriques, soit 45 000 km, à parcourir sans aide extérieure.
Vers un record ?
Le plus rapide à avoir jamais réalisé l’exercice est Armel Le Cléac’h en 2016-2017 (74 jours et 3 heures). “Il n’y a pas de recette miracle, mais sur un parcours de cette durée, ce qui peut faire la différence, c’est le mental”, explique le marin à l’AFP.
« Lors d’un Vendée Globe, nous sommes beaucoup confrontés à nous-mêmes, poussés à nos limites en tant qu’être humain. Cette victoire a changé ma vie”, a-t-il ajouté, estimant qu’une “dix bateaux” pourrait gagner cette année.
Lui, comme le marin François Gabart, vainqueur en 2012-2013, pense que le record pourrait tomber sur cette 10e édition. « Ces nouveaux bateaux à foils ont le potentiel pour faire très vite le tour de la planète », juge le marin charentais.
Les prévisions météo des premiers jours de course ne joueront cependant pas en leur faveur. Le petit temps – 3 à 10 nœuds l’après-midi – devrait limiter les risques de casse, mais aussi ralentir sensiblement la flotte jusqu’au cap Finisterre.
Les plus rapides devraient revenir aux Sables-d’Olonne à la mi-janvier.
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