« Il y a à peine quatre-vingt-six ans, pendant la Nuit de Cristal, des Juifs ont été attaqués sur le sol européen parce qu’ils étaient juifs. C’est arrivé à nouveau. » Vendredi, au lendemain des attentats contre des partisans du Maccabi Tel-Aviv perpétrés dans les rues d’Amsterdam, Benjamin Netanyahu n’a pas hésité à recourir à de lourdes comparaisons, replongeant l’Europe dans son sombre passé et cette nuit du pogrom nazi de 1938.
Pour mieux montrer son inquiétude, le chef du gouvernement, qui a fait de la lutte contre l’antisémitisme l’un des piliers de sa politique, a dépêché dans la capitale néerlandaise son tout nouveau ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar. Ce dernier a rencontré le ministre de la Justice, David Van Weel, ainsi que le leader de l’extrême droite, Geert Wilders, connu pour ses positions islamophobes.
Football : France-Israël, un match sous extrême surveillance
Au même moment, le premier vol transportant une partie des quelque 3 000 supporters du Maccabi Tel Aviv évacués d’Amsterdam atterrissait à l’aéroport Ben Gourion. Leurs témoignages ont corroboré les images et vidéos qui ont déferlé toute la nuit sur les réseaux sociaux. Interviewé à son retour par les médias israéliens, Oz Maklab, 22 ans, a évoqué une embuscade planifiée : “Il y avait au moins 100 à 150 assaillants qui nous attendaient près de la station de métro Place du Dam”, dit-il.
Le roi Hadiya, évacué par le même vol, affirme “J’ai vu des gens se faire poignarder”, en ajoutant : « Les chauffeurs de taxi, pour la plupart musulmans, ont refusé de nous prendre. » Une enquête est en cours pour élucider les circonstances des affrontements au cours desquels une dizaine de supporters ont été blessés et qui ont conduit à l’arrestation de 62 personnes. Certains commentaires, qui relatent le lynchage en évoquant les premières provocations racistes de la part des fans du Maccabi, ont fleuri sur la Toile.
Quoi qu’il en soit, ces événements ont été vécus en Israël comme un véritable choc. « Voir, sur les réseaux sociaux, un jeune homme pourchassé mendier : ‘Je ne suis pas juif, je ne suis pas juif’ dans les rues d’Amsterdam, la ville d’Anne Frank, avant d’être assommé d’un coup de poing, cela résonne fortement dans la philosophie israélienne », décrypte l’historienne Frédérique Schillo.
Les Français plus empathiques envers les Juifs
Désormais une question se pose : ces événements d’Amsterdam influenceront-ils la rencontre France-Israël prévue jeudi au Stade de France ? “Ce sera un match joué par l’équipe nationale, une rencontre qui sera donc gérée différemment et pour laquelle les agences de sécurité israéliennes seront impliquées, comme lors des Jeux Olympiques”, précise Nitzan Nuriel, ancien chef du bureau antiterroriste.
Ce dernier estime que les attaques subies par les supporters du Maccabi sont le résultat de « pur échec » de la police d’Amsterdam, qui ” sous-estimé ” la menace anti-israélienne dans le centre-ville malgré les avertissements du Mossad. « La coopération avec les services de sécurité français est avérée » précise-t-il. Il reste que «Cette rencontre de jeudi, qui présente un triple défi – sécurité, diplomatie et politique intérieure – intervient dans une période de tensions entre les deux pays rarement égalée», souligne Frédérique Schillo. Ces dernières semaines, les points de désaccord entre Paris et Tel-Aviv se sont en effet multipliés.
Les autorités israéliennes n’ont donc pas apprécié que le 5 octobre, deux jours avant la commémoration des massacres du 7 octobre, Emmanuel Macron ait appelé à l’arrêt des ventes d’armes à Israël. Ils étaient également furieux de voir les entreprises israéliennes bannies du salon Euronaval, décision invalidée le 30 octobre. Les propos accusateurs d’Emmanuel Macron, lors de la récente conférence sur le Liban, ont fait ressortir le point de discorde. Le chef de l’État a déclaré qu’il n’était pas “pas sûr qu’on défende une civilisation en semant nous-mêmes la barbarie”.
Jeudi, alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, était en visite dans l’Etat hébreu, un nouvel incident a encore terni les relations entre les deux pays. La police israélienne est entrée “armé” et “sans autorisation” dans l’enceinte du domaine national Eleona, propriété de la France à Jérusalem-Est. Le chef de la diplomatie a dénoncé une situation inacceptable, une attaque susceptible de « affaiblir les liens » qu’il était « mais je suis venu cultiver avec Israël. »
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