Le technicien australien est de retour à la tête des Brave Blossoms avec qui il avait connu du succès. Par la suite, il connaît des échecs retentissants auprès des Anglais puis des Wallabies.
Le XV de France va une nouvelle fois croiser la route d’Eddie Jones. Cette fois, à la tête du Japon. Un retour aux sources pour le technicien australien de 64 ans qui avait brillé avec les « Brave Blossoms » lors du Mondial 2015 en Angleterre, battant notamment l’Afrique du Sud pour ce qui restait comme « le miracle de Brighton ». Les Japonais, qui avaient enflammé la compétition, n’ont pas réussi à atteindre les quarts de finale, malgré trois victoires, une première dans l’histoire de la compétition mondiale.
Par la suite, les Bleus ont fait la connaissance du bonhomme en le rencontrant régulièrement avec l’Angleterre, réveillée après le fiasco du Mondial 2015 (premier et toujours seul pays hôte à ne pas se qualifier pour les quarts). Malgré des méthodes de travail controversées (nombreux joueurs blessés) et une communication fragile, Eddie Jones – fils d’un ancien militaire et d’un interprète américano-japonais – a propulsé le XV de la Rose jusqu’en finale du Mondial japonais en 2019 (défaite contre les Springboks). , après deux tours de force contre les Wallabies en quart et les All Blacks en demi-finale.
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C’est alors que la machine s’est bloquée. Avec deux échecs cuisants : une année 2022 catastrophique avec l’Angleterre (5 défaites en 13 matches) qui a conduit à son limogeage et à son remplacement par Steve Borthwick, puis un retour totalement raté en Australie et conclu par une élimination des Wallabies de la phase de groupes lors de la dernière Coupe du monde, une première pour cette nation double championne du monde (1991, 1999). Avec un piètre bilan de seulement deux victoires en neuf matches. Pire, son retour au Japon a été vécu comme une véritable trahison, un coup bas de la part des Australiens qui le soupçonnaient d’avoir préparé ce nouveau projet alors qu’il était encore à la tête des Wallabies.
De quoi il s’était défendu. Jeter pêle-mêle : « Je souhaite le meilleur à l’Australie » ; « Je me sens mal du résultat parce que je voulais changer les choses en revenant » ; “Je ne ressens aucune culpabilité” en rejoignant le Japon; “la seule chose que je peux contrôler, c’est ce que j’ai fait, et je suis parfaitement à l’aise avec ça”. Des critiques ont néanmoins surgi, notamment de la part de l’ancien All Black Sonny Bill Williams, qui a parlé de “honte”. Et d’ajouter : “Mon point de vue sur toute cette histoire est qu’il a menti… aux joueurs, au grand public et à la Fédération australienne.”
Lorsqu’il a pris les rênes du Japon, Eddie Jones, maître de la communication pour les uns, horrifiant burlesque pour les autres, n’a pas tourné autour du pot : “Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas entrer dans le top 4 mondial, dit-il. Nous devons créer un nouveau style de jeu aventureux, adapté à l’instinct japonais et offensif. Les résultats n’ont pas vraiment été au rendez-vous. Hormis un succès de prestige face aux Moari All Blacks (équipe B néo-zélandaise), les Japonais ont lourdement chuté face aux leaders mondiaux, le dernier en date étant les Néo-Zélandais.
Sébastien, créateur et animateur du site spécialisé Asia Rugby, n’est pas tendre avec le coach japonais. « Pour le moment, j’ai un doute. Il a certainement recherché beaucoup de joueurs en assistant à de nombreux matches de League One, dans les universités et à Hanazono. (tournoi national des lycées) mais, malgré une équipe plus jeune, il y a très peu de Japonais. Beaucoup de ces joueurs locaux qui ont brillé lors de la victoire historique contre les Maori All Blacks – match référence pour moi au Japon cette année – ne font pas partie de ce groupe en Europe. il regrette.
Après avoir réussi plusieurs fois, Eddie Jones, finaliste aux Mondiaux 2003 et 2019, aura-t-il perdu son mojo ? « Je dirais qu’il a perdu du caractère et cela se ressent dans l’équipe, asserts Sébastien. On a l’impression de revoir un gentil vieux papy là où, lors de son premier mandat (2012-2015), il était impitoyable avec ses joueurs et avait vraiment ce rôle de patron. Je parle de caractère car, pour moi, c’est le manque le plus flagrant chez les Japonais en ce moment en dehors du niveau sportif. Pas de leaders comme Horie, Leitch et Tamura en 2019, pas de guerriers comme Thompson et Ono en 2015, pas de concurrents… » Avancer qu’il ne voit pas “pas de patron à la hauteur et très peu de joueurs ayant la mentalité de jouer au niveau international.”
Ancien adjoint d’Eddie Jones chez les Wallabies, le Français Pierre-Henry Broncan, aujourd’hui manager de Brive, se veut moins alarmiste. Les défauts d’Eddie Jones ? « Au rugby, il n’en a pas, a-t-il déclaré à l’AFP. Autant il peut mettre beaucoup de pression sur le staff, autant il est très bon avec les joueurs. Mais tout le monde ne peut pas travailler avec lui car il est très exigeant et très exigeant. Cela met beaucoup de pression sur le contenu, sur les détails. En ce qui me concerne, ce fut un plaisir de travailler avec lui. Reste désormais à savoir si les méthodes et les discours d’Eddie Jones parviendront à transcender une seconde fois les Japonais.
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