ÔLe Vendée Globe est souvent considéré comme l’Everest des courses à la voile. C’est plus que ça. C’est au moins toute la chaîne himalayenne que devront traverser les 40 courageux qui s’élanceront dimanche des Sables-d’Olonne. En effet, il s’agit pour eux d’affronter non seulement les dépressions de l’Atlantique, mais aussi le passage du cap de Bonne-Espérance, puis les icebergs du sud de l’océan Indien, avant de franchir le cap Leeuwin et d’esquiver les trahisons du Pacifique. avant de remonter tout l’Atlantique après avoir franchi le cap Horn, dont Alain Colas disait joliment que « le vent trébuche constamment sur les vagues ».
Plus de 40 000 kilomètres (21 638 milles marins) des océans les plus hostiles de la planète en un peu plus de 80 jours avant de retrouver le calme du chenal des Sables, où les attendent toujours, de jour comme de nuit, les passionnés de ce type. d’exploit. Hors de portée du commun des mortels et même de la plupart des marins.
Des skippers seuls face aux dangers de la mer
C’est le numéro 10e édition du Vendée Globe qui débutera le 10 novembre. Une course en solitaire, non-stop et sans assistance, où les concurrents sont seuls face aux innombrables dangers qui les attendent. Parce qu’ils lutteront contre des vents qui, dans ce que l’on appelle les 40 rugissants, à l’extrême sud de la planète, atteignent des vitesses telles que, combinés à des vagues aux dimensions monstrueuses, ils sont capables de briser un bateau en morceaux. deux.
A LIRE AUSSI « Un joueur du PSG reçoit de meilleurs soins médicaux qu’un skipper du Vendée Globe »Ce fut le cas en 1996, lors de la troisième édition de l’événement : le Canadien Gerry Roufs disparut en plein Pacifique sans que l’on sache dans quelles circonstances. Ce n’est que dix ans plus tard que la coque renversée de son voilier est retrouvée. Plus chanceux dans la même épreuve, Raphaël Dinelli a vu son bateau couler sous ses pieds le jour de Noël au sud de l’océan Indien. Il doit son salut à un avion australien qui lui largue un radeau de sauvetage avant qu’un autre concurrent, le Britannique Peter Goss, ne se détourne pour le récupérer. Cette tempête dans l’océan Indien fut cette année-là particulièrement meurtrière puisque deux autres marins, Thierry Dubois et Tony Bullimore, chavirèrent quelques jours plus tard. Tous deux ont été récupérés par une frégate australienne.
Un record en 74 jours
Il faut dire aussi que malgré des conditions de navigation souvent limitées, l’émulation pousse les concurrents à ne pas ménager leurs machines. Le vainqueur du premier Vendée Globe, en 1989, Titouan Lamazou, a bouclé le parcours en 109 jours devant Loïck Peyron, qui s’est cependant également détourné pour secourir Philippe Poupon, en difficulté. Pourtant, en 2016, Armel Le Cléac’h n’a mis que 74 jours pour faire le tour du monde.
Les marins prennent plus de risques et leurs machines sont devenues plus efficaces. Les voiliers engagés appartiennent tous à la classe Imoca, des bateaux de 60 pieds, soit 18,20 m, fabriqués avec des matériaux très légers, comme le carbone. Ces dernières années, une véritable révolution a permis de multiplier leur vitesse : celle des foils. Ce sont des appendices en forme d’ailes, déployés de part et d’autre de la coque lorsque le temps le permet. Les voiliers se libèrent alors de leur traînée dans l’eau et parviennent littéralement à voler. Cela leur permet parfois d’atteindre des vitesses sur les vagues proches de 30 nœuds, soit 60 km/h. Ce qui, pour une machine propulsée uniquement par le vent, est tout à fait exceptionnel.
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Mais il y a un revers à ces performances, c’est la fragilité des bateaux. Les casses à ces vitesses sont nombreuses, si bien qu’un marin du Vendée Globe n’est pas seulement un bon navigateur, il est aussi un mécanicien capable de réparer toute avarie pouvant affecter son bateau. En effet, du fait de la réglementation, il est le seul habilité à intervenir. C’est ce qu’a fait Yves Parlier en 2000, qui, victime d’un mât cassé qui aurait dû conduire à son abandon, décide de continuer. Réfugié dans la baie d’une île déserte au large de la Nouvelle-Zélande, il parvient à reconstruire son mât et à poursuivre la course qu’il termine 13e.ese nourrissant d’algues et de poissons rares qu’il parvenait à attraper car il n’avait plus de provisions. Cet exploit a également été recréé dans le film Seul de Pierre Isoard, où Samuel Le Bihan interprétait le rôle de Parlier.
Sur les 40 concurrents qui prendront le départ dimanche aux Sables, tous n’évoluent pas dans le même championnat. A côté des écuries de marins professionnels, comme Charlie Dalin sur MacifYannick Bestaven sur Maître CoqThomas Ruyant sur Vulnérable ou Yoann Richomme sur Paprecil y a des quasi-amateurs qui ne pilotent pas de bateaux à foils et visent moins le classement que la performance que constituera pour eux le fait d’avoir bouclé la boucle du Vendée Globe. Ce qui sera, en tout cas, un exploit. Car tout le monde, aventuriers en tour du monde ou coureurs professionnels, connaîtra une solitude, un froid, une anxiété qui les pousse parfois à se demander : « Mais pourquoi je me retrouve ici, au milieu de nulle part ? »
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