Vladimir Poutine a des raisons d’être prudent à l’égard du nouveau locataire de la Maison Blanche. “Moscou attend les premiers pas de la nouvelle équipe américaine avec autant d’anxiété qu’à Kiev», estime le journaliste et chercheur russe Alexander Baunov, dans un article analytique rédigé pour le groupe de réflexion Carnegie Endowment.
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Incohérence
D’abord parce qu’une telle victoire met à mal la thèse sur laquelle repose la propagande du Kremlin, selon laquelle il n’y a pas de différence entre démocraties et autocraties, et que l’ordre politique occidental est géré par des hommes d’affaires. Ainsi, si Vladimir Poutine se rapproche de Donald Trump, il fait preuve d’incohérence dans son discours. Mais selon Alexandre Baunov, «la constance n’est pas [de toute façon] pas une caractéristique nécessaire de la politique russe« .
C’est au niveau de la politique étrangère que cela bloque. La Russie tente depuis des années de se présenter comme un leader altruiste et un défenseur de la « majorité mondiale ». Cela suscite la sympathie des pays du Sud, comme on l’a vu notamment lors du sommet des Brics. Si Vladimir Poutine se rapproche néanmoins de Donald Trump, »la joie et les bénéfices qu’elle en retirera […] ne peut que souligner la différence entre les objectifs et les intérêts du Sud global et ceux de l’élite russe.« .
D’ailleurs, le nouveau président américain va tenter «affaiblira certainement l’alliance de plus en plus étroite entre la Russie et le Échine. Même si Moscou y résiste ostensiblement, il ne lui sera pas facile de refuser d’affaiblir sa dépendance unilatérale et asymétrique.« .
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Donald Trump veut la « paix » à tout prix
Mais la victoire de Donald Trump pose problème.beaucoup plus sérieux«Pour Vladimir Poutine : l’Américain veut vraiment mettre fin à la guerre en Ukraine. Pour prouver son efficacité, il”pourrait vouloir forcer les parties à cesser les hostilités et à conclure une trêve, ou au moins à geler le conflit«Cependant, selon Alexandre Baunov, le président russe ne souhaite plus recevoir de propositions concrètes de cessez-le-feu de la part de l’Occident, même si elles contiennent des concessions de la part de l’Ukraine.
mouetteVladimir Poutine ne pourra plus poursuivre sa lente guerre d’usure comme si de rien n’était
“Vladimir Poutine ne veut pas d’une solution pacifique – juste ou non – pour aujourd’huiexplique le chercheur. Pour l’instant, le dirigeant russe peut poursuivre sa guerre d’usure en invoquant le refus de Zelensky d’entamer des pourparlers de paix et l’absence de propositions concrètes de Washington. Il est convaincu qu’il peut aller plus loin et cette confiance l’a ramené à l’objectif initial de l’invasion – la prise de contrôle de l’ensemble de l’Ukraine, avec une partie du territoire annexée directement par la Russie et une autre transformée en un État satellite, un une sorte de deuxième Biélorussie.“
Sauf que le nouveau président américain sera prêt à tout pour atteindre son objectif : d’un côté, «autoriser l’armée ukrainienne à frapper des cibles situées au cœur de la Russie avec des armes à longue portée«et d’autre part, le chantage concernant la réduction de l’aide à Kiev».Si Donald Trump parvient à proposer les termes d’un cessez-le-feu convenu avec Kiev et les alliés européens, Vladimir Poutine ne pourra plus poursuivre sa lente guerre d’usure comme si de rien n’était. [Et] en cas de rejet de la proposition, Donald Trump est tout à fait capable de passer au plan B, qui implique des horizons d’escalade inexplorés.« Ce qui signifie en tout cas la fin du « plan de victoire » russe en Ukraine.
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