La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a été visée vendredi par des tags et slogans hostiles de militants pro-palestiniens opposés à sa venue dans une université de Lyon, mais a finalement échangé dans le calme avec des étudiants.
« J’ai proposé à ces jeunes qui ne voulaient pas que je vienne, de dialoguer. Ils n’en voulaient pas, ils préféraient l’action violente. »a-t-elle regretté à la fin de sa visite, soulignant qu’elle souhaitait “privilégiez toujours le dialogue”.
“Nous sommes en démocratie, en tant que Président de l’Assemblée nationale que je suis, je dois pouvoir me déplacer partout dans le pays (…) C’est mon rôle et je n’abandonnerai jamais”a-t-elle ajouté.
« Yaël sors de là », « des génocidaires en dehors de nos universités », « Libérez Gaza » ou « Palestine libre »: plusieurs messages en grosses lettres avaient été pulvérisés dans la nuit à proximité du campus. Certains ont été rapidement supprimés.
Au total, 53 tags ont été dénombrés, selon une Source policière.
Environ 200 manifestants continuaient sur le même registre dans l’après-midi, avant l’arrivée du député macroniste, scandant “Israël criminel, Yaël complice” ou « Yaël, sors de là, Lyon 3 n’est pas à toi ».
Vers 15h30, une centaine de personnes ont tenté d’accéder à un amphithéâtre mais en ont été empêchées, selon une Source policière.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé le « dérive fasciste de militants qui exploitent la tragédie vécue par les Palestiniens ».
«Soutien total à Yaël Braun-Pivet, que des manifestants d’extrême gauche aux idées antisémites veulent interdire d’entrée à l’université. La République est partout chez elle. »wrote Minister Les Républicains (LR).
Son collègue en charge de l’Enseignement supérieur Patrick Hetzel a pour sa part condamné “avec force les insultes antisémites proférées contre Yaël Braun-Pivet et les agissements inacceptables de groupes d’étudiants survenus à Lyon III”.
« Ma fermeté contre l’antisémitisme et toute forme d’exploitation politique de l’université est totale »il a réagi sur X.
Dans un court communiqué, l’Université Lyon 3 Jean-Moulin condamne « avec la plus grande fermeté les inscriptions inacceptables et scandaleuses qui ont été taguées »et ont annoncé qu’ils avaient intenté une action en justice.
Selon l’équipe universitaire, des images de vidéosurveillance montrent, peu après minuit, cinq tagueurs, vêtus de vêtements sombres, cagoulés et cagoulés, dont une jeune fille.
“Cri de colère”
Yaël Braun-Pivet était en déplacement dans le Rhône vendredi dans le cadre de la politique d’ouverture du Parlement.
Plusieurs organisations de gauche, dont des syndicats étudiants solidaires et une Unef ou des jeunes LFI locales, avaient dénoncé sa venue à Lyon 3, la qualifiant dans un communiqué de « figure éminente du soutien inconditionnel aux actions criminelles de l’État israélien ».
« Alors que les morts causées par les opérations israéliennes se comptent par dizaines de milliers (plus de 41 000 morts !), Yaël Braun-Pivet a une nouvelle fois osé défendre la livraison d’armes à un État criminel »mettent en avant les signataires du communiqué.
Le 6 octobre, sur BFMTV, elle déclare qu’il « Israël ne doit pas être désarmé »en réaction aux déclarations du président de la République Emmanuel Macron appelant à l’arrêt des livraisons d’armes utilisées pour mener les combats à Gaza.
La manifestation contre sa visite est « un cri de colère contre le soutien du gouvernement à Israël »a expliqué Timothée Martin-Brossat, du Syndicat étudiant, venu également exprimer son mécontentement face à la précarité des étudiants.
Contre-manifestants pro-israéliens lors d’un rassemblement pro-palestinien contre la visite du président de l’Assemblée nationale à l’université Lyon 3, le 8 novembre 2024 / OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
Dans une ambiance tendue, la section locale du syndicat étudiant de droite Uni s’est fracturée.
A l’extérieur de l’université, une dizaine de personnes se sont présentées avec des pancartes indiquant « Êtes-vous habitué à l’antisémitisme ? Pas nous ! » ou « L’antisémitisme est un crime ».
Mme Braun-Pivet, qui n’a pas rencontré les manifestants, s’est entretenue pendant un peu plus d’une heure avec environ 200 étudiants.
Dans l’amphithéâtre, Faustine Berges, 18 ans, étudiante en droit et sciences politiques, était ravie d’en apprendre davantage sur le parcours de l’ancien avocat.
« L’université est un lieu où l’on découvre plein de choses, où la liberté d’expression est présente »a-t-elle déclaré à l’AFP, sans prêter plus attention aux « tensions » du jour.
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