News Day FR

« Cette chasse à l’homme a été organisée… » Le président du CRIF appelle à « la prise de conscience »

l’essentiel
Après l’agression de plusieurs juifs à Amsterdam, jeudi 7 novembre, en marge d’un match de Coupe d’Europe de football, Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de (CRIF), revient sur ces événements pour La Dépêche du Midi.

Quelle est votre première réaction après les incidents de jeudi soir à Amsterdam ?

J’étais terrifié. J’ai vu des images qui m’ont indigné et mis en colère. On voit des gens être pourchassés, obligés de prouver qu’ils ne sont pas juifs pour échapper à leurs agresseurs. C’est un véritable traumatisme de voir ces images circuler sur les réseaux sociaux avec ces humiliations par dizaines.

Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).
AFP – STÉPHANE DE SAKUTIN

Ces événements vous surprennent ?

Non car ces attaques étaient prévisibles. Depuis les événements du 7 octobre 2023, l’antisémitisme se déchaîne avec une violence sans précédent. Le phénomène a franchi une étape inquiétante. J’attire l’attention sur le fait que ce qui s’est passé jeudi n’est pas une question de football ni de conflit israélo-palestinien. C’est avant tout le moteur de l’antisémitisme qui a été mis en branle pour s’en prendre au peuple juif.

A lire aussi :
Supporters de football israéliens victimes de violences à Amsterdam : Benjamin Netanyahu envoie deux avions pour les rapatrier

Face à la multiplication des actes antisémites en France, quelles mesures concrètes proposez-vous pour apaiser la situation ?

Aujourd’hui, l’antisémitisme est alimenté par la haine d’Israël, l’islamisme et le complotisme qui prolifèrent sur les réseaux sociaux. Ces trois moteurs récents et puissants donnent une nouvelle force au phénomène. Ils doivent être combattus ensemble, sans aucune concession, notamment face à l’islamisme politique.

Est-ce le plus grand danger ?

Je veux parler de la nécessité de mener un combat politique. Je veux parler ici du rôle que La France Insoumise a joué dans le débat français parce qu’elle a soutenu politiquement l’antisémitisme. Ils ont apporté une forme de légitimité à s’en prendre aux Juifs français au nom de ce qui se passe au Moyen-Orient. Cette responsabilité est immense, leurs excès et leurs provocations doivent cesser.

A lire aussi :
France-Israël : “Je ne l’accepte pas !” Bruno Retailleau s’oppose au déplacement du match après les violences à Amsterdam

Emmanuel Macron a dénoncé des faits qui rappellent « les heures les plus honteuses de l’histoire ». Qu’attendez-vous de lui et des pouvoirs publics ?

Puisse la lutte contre l’antisémitisme devenir la grande cause nationale qu’elle doit être. J’appelle à la sensibilisation du public. Elle doit être similaire à celle concernant les violences sexistes et sexuelles et il doit y avoir la même mobilisation de tous les pouvoirs publics et acteurs de la société civile.

A Amsterdam, des chants de partisans israéliens anti-palestiniens ont été entendus. Comment réagissez-vous ?

J’ai vu ces éléments sur les réseaux sociaux et il faut bien sûr les dénoncer. Mais ces provocations entre hooligans, bien que déplorables et trop fréquentes en Europe, sont bien différentes des violences antisémites observées à Amsterdam. Ils ont attaqué toute personne juive ou israélienne et non des hooligans ou des partisans. Il a pu y avoir des excès entre hooligans et dans ce cas, la police doit évidemment faire son travail. Mais jeudi, c’est allé plus loin.

A lire aussi :
Des supporters israéliens agressés à Amsterdam : « Si ce ne sont pas des femmes et des enfants… » La réaction controversée du Marocain Hakim Ziyech

La violence a répondu aux provocations ?

Pas vraiment. Ces actes étaient prémédités, cette chasse à l’homme était organisée. Les supporters s’insultent et les « courses » arrivent très souvent. Si cela n’avait été « que » cela, c’était « la vie du football » et dans ce cas, les Israéliens sont comme les autres, ni meilleurs, ni pires. Jeudi, des gens ont été chassés un à un vers leurs hôtels, à travers des ruelles sombres, parce qu’ils étaient juifs. Il ne s’agit pas d’une logique d’affrontement entre supporters.

Le match France-Israël se profile la semaine prochaine au Stade de France. Avez-vous peur des débordements ?

Je suis inquiet et très alerte. Je pense qu’il faut tout faire, à la fois pour que ce match se déroule le plus normalement possible et d’autre part pour qu’il soit le plus sécurisé possible. Ce serait dramatique pour l’honneur de la République si on annulait ce match ou qu’on le déplaçait. Surtout, cela offrirait une victoire sur un plateau d’argent aux haineux. Deuxième chose, l’encadrement de la rencontre doit sans doute être accru par rapport à ce qui avait été imaginé. Il faut sécuriser le stade mais aussi faire en sorte que les supporters puissent rentrer chez eux le plus sereinement possible. Car, à Amsterdam, les attentats ont eu lieu dans toute la ville.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :