TTous les quatre ans, la course du Vendée Globe est l’occasion de découvrir et de mettre en valeur les exploits réalisés par les entreprises françaises spécialisées dans l’équipement et la conception des bateaux de la classe Imoca. Il en existe un certain nombre dans le département de la Charente-Maritime et particulièrement dans le bassin de La Rochelle.
Parmi eux, l’usine C3 Technologies, basée à Périgny et spécialisée dans la fabrication de matériau composite pour bateaux de course, a demandé à équiper pas plus et pas moins de 15 bateaux sur les 40 pour l’édition 2024. «Nous avons travaillé sur les bateaux d’équipes situées dans le haut du panier, comme ceux de Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (Vulnérable), Yannick Bestaven (Maître Coq) ou encore Charlie Dalin (Macif)», raconte Pierre- Alexis Michel, chef de projet dans cette entreprise fondée en 2008.
Foils et safrans
La spécificité de cette usine, qui emploie 25 salariés, est de travailler le matériau composite haute performance qu’est le carbone, en raison de ses « caractéristiques mécaniques incroyables et quasiment inégalées », selon le spécialiste. « Aujourd’hui, un bateau de course est fabriqué presque entièrement à partir de ce matériau. » Plus concrètement, C3 Technologies crée chaque année des dizaines de tonnes de pièces de haute technologie pour les bateaux comme des quilles, des foils, des safrans et des dérives. Ces pièces pointues et souvent coûteuses – environ 500 000 euros par exemple pour une paire de foils – sont réclamées par les différentes équipes de skippers dans le cadre de leur projet.
Le bateau Charal du skipper Jérémie Beyou, parmi les plus robustes de la course, est celui sur lequel l’entreprise située près de La Rochelle a le plus travaillé entre 2020 et 2024. La préparation et la fabrication confidentielles des safrans ou encore de la paire de foils a demandé beaucoup de précision, de minutie et donc de temps. « Charal est une équipe qui pousse toujours assez loin les curseurs de développement. Nous travaillons dur mais quand il y a la récompense d’un bateau qui va bien, c’est une bonne chose. Notre travail est enrichissant », poursuit le chef de projet.
L’entreprise charente-maritime a surfé sur la vague du Vendée Globe et a réalisé une belle année 2024 avec un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros. Elle peut envisager l’avenir sereinement, en restant toujours vigilante sur le plan écologique. « Nous utilisons de la fibre de carbone, ce n’est pas inoffensif d’un point de vue environnemental, mais nous ne fabriquons pas de bateaux et de pièces jetables. Il y a des choses à faire pour améliorer et nous y travaillons. »
Vérins hydrauliques Hydroem sur Imoca
Développer et adapter, c’est aussi ce que fait la société Hydroem, située à Lagord, près de La Rochelle. L’usine spécialisée dans l’hydraulique marine et industrielle travaille depuis de nombreuses années avec les équipes de voile participant au Vendée Globe. Elle est connue dans le monde du nautisme et de la course au large pour fabriquer des vérins hydrauliques et a équipé avec cet outil 15 Imoca alignés au départ de la course ce dimanche 10 novembre.
« Nous avons vérifié les installations lors de la première semaine du Vendée Globe et nous avons visité les bateaux pour voir si tout fonctionnait avant le départ. Nous effectuons une maintenance annuelle sur la quasi-totalité de la flotte, soit 38 bateaux sur 40. C’est une fierté », se réjouit Michel Farré, président-directeur général de cette entreprise d’une dizaine de salariés.
Après avoir été sélectionné lors d’un appel d’offres lancé en 2014, le groupe Hydroem est aujourd’hui le fournisseur exclusif de la classe Imoca en termes d’hydraulique de quille, de voile de quille et de mât. « Aujourd’hui, tout notre travail se fait dans notre atelier, poursuit le PDG. La bonne santé économique de l’entreprise lagordaise, avec un chiffre d’affaires estimé à 2,1 millions d’euros en 2024, lui permet de regarder un peu plus loin, à l’horizon du Vendée Globe 2028.
Et Michel Farré de conclure : « Nous disposons déjà de quatre nouveaux bateaux sur lesquels nous pourrons travailler pour 2028, notamment le prochain bateau du team DMG Mori. [ce bateau Imoca est aujourd’hui skippé par le Japonais Kōjirō Shiraishi, présent au départ de la course ce dimanche, NDLR]. Si on en a dix au total ce sera bien, on essaiera de s’adapter en fonction de la demande. Nous recherchons actuellement de nouveaux profils pour rejoindre l’atelier d’usinage. Nous changeons les choses pour continuer notre développement. »
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