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à Royan, le lycée de Cordouan s’appuie sur ses “ambassadeurs”

QQuand les « simples » taquineries cessent, où commence le « harcèlement » ? En milieu scolaire, dès le plus jeune âge, les enfants se chamaillent, se disputent, se moquent. Au-delà des limites, parfois. « Les statistiques montrent qu’un élève par classe est victime de harcèlement », rappelle Marilyn Noyel. « À l’échelle d’un lycée comme Cordouan, une cinquantaine de jeunes sont potentiellement victimes de harcèlement scolaire », évalue empiriquement le professeur documentariste.

« Chaque année, de manière générale, nous sommes confrontés à une vingtaine de situations de harcèlement », ajoute Jean-Louis Mangion. Le conseiller principal d’éducation (CPE) s’implique depuis plus de dix ans dans la prévention du harcèlement scolaire. Au sein même du lycée d’enseignement général de Royan, Jean-Louis Mangion a constitué des groupes successifs d’élèves, relayant l’information auprès de leurs camarades et, surtout, de leurs camarades en souffrance vers la communauté adulte de l’établissement.

Melyna partage son expérience de victime

Ces « sentinelles » sont devenues des « ambassadeurs contre le harcèlement » sous la législature de l’Éducation nationale. Ces bénévoles au sein de leur classe – filles et garçons de tous niveaux, de la Seconde à la Terminale – sont cette année au nombre de 65 au lycée de Cordouan. Souvent d’anciennes victimes. Pas toujours. « Ces ambassadeurs sont des relais très importants pour nous les adultes. Ils nous aident à identifier les situations problématiques. »

«Quand j’étais victime d’intimidation, je faisais semblant d’être malade pour éviter l’école. »

Ce jeudi 7 novembre, trois de ces « ambassadeurs contre le harcèlement » du lycée de Cordouan ont exceptionnellement exporté leur expérience et leur connaissance du phénomène. Cassandra, Melyna et Cristiano se sont exprimés devant 90 élèves de l’école Jean-Zay, à Saint-Georges-de-Didonne.

Melyna, 15 ans, vient tout juste d’entrer au lycée. «J’ai subi du harcèlement pendant dix ans. » L’adolescent sait reconnaître les signaux qui doivent alerter un ami un peu observateur… ou conscient. « Un élève qui ne veut plus travailler, qui arrive à l’école avec une boule au ventre, qui reste seul, isolé… Les parents aussi peuvent ne pas voir certains signaux. Quand j’étais harcelée, je faisais souvent croire aux gens que j’étais malade pour ne pas aller à l’école. »

Une méthode qui fonctionne

Grâce notamment à la vigilance bienveillante des « ambassadeurs », assure Jean-Louis Mangion, chaque cas signalé est pris au sérieux et « très rapidement pris en charge ». Et la situation s’arrête ! « . La victime, l’auteur présumé et les éventuels témoins sont entendus dans les jours qui suivent le signalement. Jean-Louis Mangion vante l’efficacité d’un nouveau protocole d’accompagnement généralisé par l’Éducation nationale : « PHARe », Programme de lutte contre le harcèlement à l’école. Huit adultes de l’établissement – ​​CPE, infirmière, documentariste et autres enseignants – ont été particulièrement formés, constituant une « équipe ressource » pour le reste de la communauté lycéenne.

« Nous avons notamment appris la méthode de l’inquiétude partagée. En résumé, on ne juge pas la victime, on ne blâme pas l’agresseur. Avec cette méthode, on demande au harceleur d’aider sa victime à aller mieux. » Lors du premier entretien, très court, l’adulte n’informe même pas le harceleur qu’on lui reproche son comportement, mais qu’un de ses camarades a des problèmes et qu’il est attendu qu’il vérifie s’il lui arrive quelque chose. lui en ce moment. Le harceleur est coincé par son devoir… de protéger sa victime.

Encore des erreurs

Dans la lutte contre le harcèlement, dans les écoles comme ailleurs, le chemin est long. C’est même infini. « Le harcèlement existera toujours, mais nous le réduirons », défend Jean-Louis Mangion. La conseillère principale d’éducation se réjouit de voir des évolutions chez les jeunes sur le sujet. « Beaucoup de nos étudiants ont réalisé qu’on ne pouvait plus accepter certaines choses et sont venus nous le dire. Nous recevons de plus en plus de signalements de problèmes de harcèlement en ligne, car les jeunes eux-mêmes ne supportent plus vraiment certains lynchages sur les réseaux sociaux. »

Ensuite, il faut savoir comment intervenir. « Certains collègues enseignants prennent parfois des initiatives quelque peu malheureuses, en confrontant la victime et l’agresseur ou en parlant de la situation devant la classe. Ils veulent bien faire, mais cela peut être contre-productif. Il est important de savoir comment aborder une situation», insiste la professeure de documentaire Marilyn Noyel.

Vigilant de l’école

« Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’on a des petits problèmes », aime à dire Jean-Louis Mangion aux enfants des écoles primaires. Trois « ambassadeurs contre le harcèlement » du lycée de Cordouan prolongeront leur rencontre, ce jeudi 7 novembre, avec les écoliers de Saint-Georges-de-Didonne en formant certains d’entre eux pour qu’ils deviennent les premiers « petits ambassadeurs » du pays. Royannais. A leur tour, ils devront être à l’écoute de leurs camarades et être leur relais auprès des professeurs.

 
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