Franck Gastambide sait transformer ses passions en créations. Après le rap pour la série Valide sur Canal+, c’est son sport favori, le MMA, qu’il met en avant La cagecinq épisodes infusés de testostérone disponibles sur Netlfix ce vendredi. Il s’y rend en tant qu’entraîneur d’un jeune boxeur prêt à tout pour réussir (Melvin Boomer, étonnant de charisme et d’énergie).
Les combats nerveux ne sont pas les seuls atouts d’une série qui permet de découvrir les coulisses de l’industrie. Si Franck Gastambide aime visiblement la boxe et les boxeurs, il prend son sujet suffisamment au sérieux pour ne pas montrer que les bons côtés de ce monde très masculin. Le quadragénaire s’est confié 20 minutes dans un parcours unique qui lui a permis de mûrir depuis ses comédies folles comme Pattaya ou Taxis 5.
« La Cage » est-il réservé aux fans de MMA ?
J’ai essayé de faire découvrir le MMA à des gens qui n’y connaissent rien, tout en faisant plaisir aux fans. Comme Valide c’était pour le rap, La cage est une sorte de voyage dans le monde du MMA qui tente d’être le plus proche possible de la réalité. Là aussi, j’ai mélangé des comédiens avec de vrais spécialistes. Champions, légendes de ce sport, journalistes, entraîneurs jouent leur propre rôle. C’était une façon de crédibiliser l’ensemble, de montrer les coulisses d’un sport de plus en plus populaire.
En quoi votre héros vous ressemble-t-il ?
Ce n’est pas un prodige mais un travailleur acharné. Il est plus proche de Rocky que de Mike Tyson. Tyson était une sorte de prodige incroyable, et Rocky était celui en qui personne ne croyait et qui devait travailler plus dur que les autres pour réussir. Je me retrouve dans cette détermination. J’ai travaillé comme un fou pour combattre la dyslexie qui a torpillé mon parcours scolaire. Le travail, l’abnégation et le dépassement de soi sont des valeurs dans lesquelles je me reconnais et que partagent les sportifs. Ce sont ceux-là que je souhaite transmettre.
Le monde du MMA est-il aussi machiste que vous le montrez dans la série ?
Il ne faut pas oublier que de nombreuses femmes sont devenues de très grandes stars dans ce sport. Certains sont devenus si célèbres que Sylvester Stallone les a engagés pour Consommables. Les femmes ont également de grandes responsabilités dans cet environnement. Maintenant, je reconnais que c’est un sport violent donc c’est une ambiance plutôt virile, mais ça évolue.
Trouvez-vous que l’image des hommes change aussi ?
Bien sûr et c’est une bonne chose. Et c’est encore plus important de le montrer quand on est exposé comme moi. Nous avons une responsabilité notamment envers les jeunes. J’essaie de bien me comporter, de faire de mon mieux pour projeter une image positive d’un homme protecteur mais pas méchant. Cela ne demande aucun effort car cela me vient naturellement. C’est mon idée d’un bon gars. Ceci dit, le fait d’avoir un bon comportement n’empêche pas les haineux et les jaloux de déverser leur culot et leurs mensonges. La cyberintimidation est particulièrement un fléau de notre époque. J’essaie de ne pas y prêter attention même si cela semble souvent injuste. Les réseaux sociaux aident à promouvoir les projets et je les utilise. Ils peuvent aussi générer de la haine. En vieillissant, je suis devenu philosophe : je sais que les deux vont de pair et qu’il faut y faire face.
Comment vous voyez-vous grandir ?
Je continue d’apparaître dans mes projets parce que les diffuseurs me le demandent, mais je souhaite en mettre d’autres en avant. C’est pourquoi j’ai endossé le rôle de coach qui me convenait et dans lequel j’étais crédible. C’était drôle pour moi car j’ai réalisé que j’avais l’âge du père de Melvin Boomer, l’acteur principal de la série. J’ai commencé par faire des films de copains comme Les Kaïras et Pattaya et je ne suis plus un ami mais une sorte de grand frère. J’ai rejoint le clan Daron maintenant.
Comment voyez-vous cette évolution ?
Les temps changent, les goûts et les mentalités aussi. J’essaie de m’adapter tout en restant moi-même. Au début de ma carrière, je voulais montrer beaucoup de gens dont on parlait peu. En tant que banlieusard, je voulais raconter ma vie de banlieusard. J’ai évolué mais je n’ai pas changé. Je continue de mettre de la passion dans mes projets et il semble que le public soit prêt à me suivre comme il l’a fait pour Valide. Je suis fan de MMA depuis dix ans mais je reste aussi en phase avec le monde d’aujourd’hui. Pour moi, ces boxeurs sont de véritables super-héros. Ils se lancent dans une partie d’échecs entre athlètes de haut niveau qui me fascine. Cependant, je ne cherche pas à cacher les problèmes que peuvent générer les attitudes toxiques. La série aborde également des sujets qui, à mon avis, ne sont pas vraiment spécifiques au MMA et qui parlent à l’homme que je suis aujourd’hui.
Quels sont les thèmes qui vous touchent particulièrement ?
La série aborde également le problème de la frustration et de la jalousie. Les conséquences du succès, la pression des réseaux sociaux, l’environnement qui peut parfois changer et devenir malveillant me sont familiers. C’est une réalité dont je voulais parler car elle fait partie du sport mais aussi d’autres métiers. Une ascension ne se fait pas en toute quiétude. Cela attire la méchanceté. C’est encore pire quand il faut en plus entrer dans une cage pour affronter pendant vingt minutes quelqu’un qui vous veut du mal. Il faut vraiment un esprit d’acier.
Vous sentez-vous un combattant dans votre métier ?
Ce n’est pas aussi physique. Nous nous battons pour monter nos projets, les réaliser puis les défendre une fois terminés. Là aussi, certains rêvent de vous voir échouer. Surtout quand ils n’ont pas autant de succès que vous. Quelques heures avant la sortie mondiale de la série, je sais que mon travail et moi allons être exposés. Commencer une série, c’est comme se battre. Je suis prêt à entrer dans la cage pour recevoir de l’amour ainsi que des coups.
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