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le retour du protectionnisme à la Maison Blanche ?

Le milliardaire réélu président des Etats-Unis, mardi 5 novembre, a fait des tarifs douaniers le cœur de sa politique économique. Il menace cette fois de les augmenter considérablement, au risque de déclencher une guerre commerciale à grande échelle et aux risques imprévisibles.

« Les taxes douanières sont la plus grande invention au monde », répète Donald Trump. Son premier mandat a été marqué par de nouvelles taxes à l’importation sur l’acier, l’aluminium, les panneaux solaires ou encore les machines à laver. Cette fois, il veut aller encore plus loin avec une nouvelle taxe douanière de 10 % sur tous les produits importés. Et il menace d’aller beaucoup plus loin. ” Je vois tes usines partir Échine ou au Mexique : ne les laissez pas prendre votre industrie automobile. Ils construisent d’énormes usines et pensent pouvoir fabriquer des dizaines de milliers de voitures et les vendre ici ? Je ne les laisserai pas faire », a-t-il promis en septembre dernier dans le Michigan. « On va augmenter les taxes douanières de 200%, leurs voitures deviendront invendables aux Etats-UnisÉtats-Unis! »

Donald Trump s’adresse à d’anciens travailleurs ceinture en acier » du nord des États-Unis, devenu le « ceinture de rouille « . Il prononce son discours à peine une centaine de kilomètres de Détroit, capitale déchue de l’automobile mondiale devenue le symbole de la désindustrialisation. Revenant à l’étymologie du mot, le protectionnisme verser protéger Industries et travailleurs américains, Donald Trump fait mouche. En 2020 Joe Biden avait remporté le Michigan par plus de 150 000 voix. Cette fois, c’est Donald Trump que les électeurs de cette état swing ont choisi. Le milliardaire ne voit pas le protectionnisme seulement comme un bouclier, c’est aussi à ses yeux une arme et un moyen de pression. Pour lutter contre l’immigration ou le trafic de drogue, par exemple, il menace Mexique imposer de nouvelles taxes douanières arbitraires si le Mexique ne contrôle pas mieux ses frontières. Le protectionnisme est aussi une arme dans la guerre d’influence dans laquelle se livrent Washington et Pékin. Lors de son premier mandat, Donald Trump a augmenté les taxes sur certains produits chinois à 25 %.

Trump menace la Chine mais aussi les alliés des États-Unis

Il menace désormais de les porter à 60 %. Un chiffre qui n’est pas forcément à prendre au pied de la lettre, Donald Trump se vante de lancer parfois des chiffres au hasard comme outil de négociation, mais les termes du débat sont fixés. Mauvaise nouvelle pour l’économie chinoise qui peine encore à se remettre de la pandémie et des difficultés de son marché immobilier. Pékin est dans une pire position face à Trump que lors de son premier mandat. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ne constituera cependant pas une rupture des relations commerciales entre les Échine et les États-Unis. Joe Biden a peut-être été très critique envers les mesures prises par Donald Trump, il n’est pas revenu sur les tarifs douaniers imposés par son prédécesseur sur 300 milliards de dollars de produits importés. Il a même ajouté 18 milliards destinés aux technologies sensibles, notamment les semi-conducteurs.

L’élection du milliardaire suscite en revanche une grande appréhension dans les capitales européennes. ” Notre problème, c’est que d’autres pays profitent de nous », a répété Trump pendant la campagne. ” Le pire, c’est que ceux qui nous traitent le plus mal sont nos soi-disant alliés, je dis soi-disant parce qu’à bien des égards, ils ne sont pas des alliés, ils nous abusent. » Le message est clair, il s’adresse aux Européens mais aussi au Canada ou au Japon : il n’y aura pas de passe-droit. Là encore, il faudra attendre de voir au-delà des coups de menton si ces menaces se traduiront par des actions concrètes, mais on imagine mal, en cas de forte augmentation des taxes douanières aux États-Unis, que les pays concernés ne réagissent pas en augmentant les taxes douanières aux États-Unis. transformer les taxes à l’importation sur les produits américains. À grande échelle, cela s’appelle une guerre commerciale.

L’exemple des machines à laver

Avec quelles conséquences sur l’économie mondiale ? Il est trop tôt pour le dire, mais cette hypothèse donne des sueurs froides aux économistes. À court terme, le retour du protectionnisme risque d’entraîner une inflation généralisée. Lorsque l’administration Trump a augmenté les taxes à l’importation sur les machines à laver d’environ 10 % au début de son premier mandat, la mesure a eu l’effet escompté : les fabricants ont investi aux États-Unis et ont ouvert des usines, créant au total environ 1 800 emplois. Mais le prix des machines à laver a augmenté de près de 100 dollars pour les consommateurs. Pire encore, les sèche-linge qui n’étaient pas concernés par la nouvelle taxe ont suivi le même chemin. Les chercheurs ont fait le calcul : chaque emploi créé coûte 815 000 $ au consommateur ou au contribuable.

 
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