Pourquoi le Rassemblement national traverse-t-il une mauvaise passe dans l’opposition ?
Pour trois raisons. La dernière en date a été la niche parlementaire de jeudi dernier, où le Rassemblement national a justement voulu piéger à la fois la gauche et la droite. Et finalement, ce sont eux qui se sont retrouvés très isolés.
Ensuite, il y a bien sûr le procès des assistants parlementaires du parti d’extrême droite où Marine Le Pen passe beaucoup de temps. Elle risque également jusqu’à dix ans d’emprisonnement, 1 million d’euros d’amende et dix ans d’inéligibilité. Mais ses partisans sont pour le moment rassurés, car le procès a moins de visibilité médiatique que prévu.
Il y a enfin l’Assemblée où se déroulent les débats budgétaires, et pour la première fois, les personnels du RN pensaient pouvoir peser, légiférer. En fait, pour le moment, c’est loin d’être évident.
Pourtant, l’histoire commençait bien avec Michel Barnier. Comment expliquer le changement de ton du RN envers le Premier ministre ?
Lors de la nomination de Michel Barnier, Marine Le Pen a loué, je cite : sa « courtoisie naturelle », son « respect inné ». A un moment donné, il lui a suffi de protester pour que Michel Barnier réoriente l’un de ses ministres, le ministre de l’Économie, Antoine Armand. Le RN était ravi et en plus ils avaient un outil, qu’ils ont toujours. Si l’on fait le calcul, ils disposent de 142 députés avec leurs alliés « ciottistes », ce qui est suffisant pour renverser le gouvernement par une motion de censure, à condition que la gauche présente cette motion.
Le RN pensait pouvoir obtenir des victoires à l’Assemblée, être écouté par exemple sur le gel des retraites ou sur l’aide médicale de l’État. Mais pour l’instant, ils n’ont quasiment rien à revendiquer, rien de puissant en tout cas. Et ça commence à gronder dans la circonscription. Ils menacent donc de recourir à la censure pour tenter d’exercer leur influence.
En plus de cela, la gauche a volé la vedette lors des débats budgétaires en adoptant nombre de ses propositions, même si tout cela sera sûrement effacé par le gouvernement, mais c’est une autre histoire.
Comment le RN compte-t-il rebondir ?
Il existe plusieurs solutions. Ils peuvent, comme mentionné, voter une motion de censure à la fin du budget. Mais cela comporte un risque considérable : celui d’apparaître responsable du chaos institutionnel, et ce à quelques semaines de Noël. Au moins, ils ne seraient plus accusés d’être des auxiliaires ou des doublures du gouvernement, comme certains commencent à le dire en interne.
Il y a aussi Jordan Bardella, qui de son côté tentera d’attirer toute l’attention médiatique avec la sortie de son livre, son autobiographie, à l’âge de 29 ans, le samedi 9 novembre. Il y aura des rencontres, des séances de dédicaces, vraiment une un énorme plan de communication. Un ami proche m’a dit que, finalement, c’est aussi une manière de parler d’autre chose que du procès de son propre parti.
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