Le président américain Joe Biden arrive à l’aéroport de Wilkes-Barre Scranton (Pennsylvanie, est), le 2 novembre 2024 (AFP / Ting Shen)
Non, Donald Trump n’est pas une « aberration temporaire » : passer les clés de la Maison Blanche au républicain sera une immense humiliation pour le président sortant Joe Biden, accusé d’avoir, par orgueil, facilité ce retour retentissant.
Lorsque le démocrate, aujourd’hui âgé de 81 ans, a annoncé le début de sa première campagne présidentielle victorieuse en 2019, il a fait une analyse de son rival qui doit le hanter aujourd’hui.
“Je pense que les quatre années de ce président et tout ce qu’il représente resteront dans l’histoire comme une aberration passagère.”
C’est désormais son propre mandat qui fait office de parenthèse entre deux présidences Trump, avec la nette victoire du républicain de 78 ans face à la vice-présidente Kamala Harris.
Le président devrait s’adresser au pays jeudi.
– Transition –
Il a appelé Donald Trump pour le féliciter et l’inviter à la Maison Blanche, afin de permettre une « transition en douceur ».
« Prenez-le de Biden », accuse le magazine The Atlantic dans un article publié mercredi. “Trump est à nouveau président et les démocrates peuvent attaquer l’ego de Biden”, lit-on dans USA Today.
On est loin du « Merci Joe ! » que scandent les démocrates à chaque apparition publique du président vieillissant depuis son retrait de la course à la Maison Blanche fin juillet.
« Ce désastre démocrate est en grande partie imputable à Joe Biden. Il n’aurait jamais dû tenter de se présenter à nouveau à 80 ans », affirme Larry Sabato, politologue à l’Université de Virginie.
Au printemps 2023, le président démocrate, porté par des résultats meilleurs que prévu aux élections législatives de l’automne précédent, annonce briguer un second mandat.
Oubliée, sa promesse de servir de « pont » vers une nouvelle génération.
– “Regardez-moi” –
Dès le début, Joe Biden a été plombé par la question de son âge. Sa seule réponse, pendant longtemps, fut de dire « Regardez-moi », à un pays qui le voyait vieillir directement, avec sa démarche plus raide, son élocution plus trouble.
Alex Keena, professeur de sciences politiques à la Virginia Commonwealth University, souligne « l’arrogance » du président sortant et de son entourage, soulignant que s’il avait cédé, le Parti démocrate aurait pu présenter une solide candidature à la présidence. d’une primaire.
« C’était une occasion manquée », juge-t-il.
Durant sa campagne éclair, la candidate démocrate n’a jamais rompu avec ce président très impopulaire, à qui les Américains reprochent la vie chère.
Lors d’une interview, Kamala Harris a déclaré qu’elle n’aurait « rien » fait différemment de Joe Biden, un passage que les républicains ont ensuite diffusé sur les réseaux sociaux.
Le président démocrate a entrepris d’immenses projets économiques et il est probable que les Républicains en préserveront un certain nombre, à l’heure où l’on construit des usines et où l’on rénove les ponts.
– 20 janvier –
Mais ces grands travaux ont laissé indifférents les Américains épuisés par la hausse du coût de la vie.
Et tous les efforts de Joe Biden pour renouveler les alliances diplomatiques des États-Unis, mises à mal par Donald Trump lors de son premier mandat, sont désormais à la merci de son prédécesseur et successeur.
La campagne avortée du président octogénaire s’était déjà terminée de manière particulièrement pitoyable.
Le 27 juin, il perd complètement pied face à Donald Trump lors d’un débat télévisé.
Mais Joe Biden, convaincu de ses chances de victoire malgré des sondages défavorables, a encore tenu bon pendant plusieurs semaines, sous les yeux incrédules du monde et de son parti.
Il a ensuite tenté de jouer un rôle dans la course à la vice-présidence. Il a été plus un fardeau qu’un soutien efficace, notamment en qualifiant publiquement les partisans de Donald Trump de « poubelles ».
L’humiliation finale arrive.
Le démocrate s’est déjà engagé à assister le 20 janvier à la cérémonie d’investiture de Donald Trump, qui avait boudé la sienne en 2020, convaincu que l’élection lui avait été volée.
Après un demi-siècle de mandats, au Sénat, comme vice-président puis à la Maison Blanche, ce sera « une manière terrible de quitter la vie politique », constate Alex Keena.
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