(BFM Bourse) – Les premiers gagnants et perdants du second mandat de Donald Trump se dessinent à Wall Street. Les groupes d’énergies renouvelables sont en baisse, en raison d’un risque d’effritement de l’IRA. Les banques sont soutenues par la perspective d’une déréglementation du secteur.
Maintenant que la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine est établie, le marché commence à identifier les perdants et les gagnants de son deuxième mandat à la Maison Blanche, qui débutera en janvier.
Le gagnant le plus évident (jusqu’à présent) est…. Groupe Trump Media & Technology (TMTG). Cette société chapeaute le réseau social « Truth Social » de l’homme d’affaires et a bondi de 30 % en pré-ouverture à Wall Street. Le titre s’était déjà envolé en prévision d’une victoire du candidat républicain ces dernières semaines. Les fondamentaux de cette société (revenus ultra faibles pour pertes importantes) sont complètement déconnectés de sa capitalisation boursière de 6,8 milliards de dollars. Mais les investisseurs ont pu acheter le titre, en guise de soutien à Donald Trump.
Ils pouvaient aussi espérer que l’accession du républicain à la Maison Blanche bénéficierait à l’activité de Truth Social, Donald Trump utilisant son réseau comme porte-voix. Mais rien n’est moins sûr, puisque l’un des grands alliés de Donald Trump, Elon Musk, est aujourd’hui propriétaire de X, concurrent direct de Truth Social…
Au-delà de ce cas bien particulier voici les secteurs qui sont propulsés à Wall Street par la victoire de l’homme d’affaires et ceux qui, au contraire, souffrent.
Remarque : tous les prix indiqués dans cet article se réfèrent aux prix de pré-ouverture sur le marché américain.
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Le pétrole, les banques et l’automobile bondissent
Vers une déréglementation pour les banques ?
Les valeurs bancaires américaines décollent. JPMorgan prend 6,6%, Goldman Sachs bondit de 7,5%, Bank of America grimpe de 7,7%, Morgan Stanley grimpe de 7% et Citigroup de 7,8%.
Cette jolie photo de groupe peut être due à plusieurs facteurs. Premièrement, les banques américaines, comme toutes les valeurs évoquées dans cet article (sauf TMTG) bénéficieront de la baisse de l’impôt sur les sociétés souhaitée par Donald Trump, à 15% contre 21% actuellement. Ensuite, le marché pourra compter sur une croissance plus robuste sous le mandat républicain, via des mesures de relance.
Surtout, les investisseurs anticipent un relâchement de l’emprise réglementaire. En avril, Reuters a rapporté que l’homme d’affaires prévoyait de réduire « le fardeau réglementaire » et qu’il était préoccupé par « la réglementation bancaire désastreuse sous Biden », citant des personnes qui lui ont parlé.
“Pour le secteur financier américain, nous pensons que la victoire de Trump sera probablement considérée comme un élément positif immédiat, car elle pourrait présager une déréglementation”, écrit UBS mercredi.
“Perceuse, bébé, perceuse”
Un autre secteur est clairement en progression : les groupes pétroliers et parapétroliers. ExxonMobil gagne 2,6%, Chevron 3,1% et Halliburton 6,6%.
Donald Trump a promis de réduire de moitié le prix du carburant à la pompe dans les douze mois qui suivront l’élection, et de faire des États-Unis le producteur d’énergie « dominant » au monde. Ce qui se traduirait par davantage de forages pour l’or noir (avec le fameux « forage, bébé, forage »). Rappelons qu’un peu moins des deux tiers de la production pétrolière américaine passe par le pétrole de schiste et donc par la fracturation hydraulique.
Le candidat pourrait également mettre fin au moratoire de l’administration Biden bloquant les nouvelles exportations de gaz naturel liquéfié (GNL).
Que porter, théoriquement les producteurs d’hydrocarbures et les entreprises proposant des services associés.
“Le soutien de Donald Trump aux industries des combustibles fossiles pourrait bénéficier aux valeurs pétrolières et gazières, dans la mesure où il poursuivra probablement des politiques favorisant la production énergétique nationale”, a déclaré Daniela Hathorn, analyste de marché senior chez Capital.com. par Reuters.
“Si l’industrie pétrolière américaine voit favorablement la politique énergétique de Donald Trump, les groupes professionnels de l’industrie pétrolière se sont opposés aux augmentations tarifaires proposées par Donald Trump tout au long de sa campagne”, nuance toutefois S&P Global.
La voiture avec moins de tension électrique
Les automobiles, ou plus précisément les constructeurs automobiles traditionnels, grimpent également. General Motors et Ford gagnent chacun environ 2,5%. Ces valeurs pourraient être motivées par le sentiment positif du marché en raison de la volonté de Donald Trump d’alléger l’utilisation des véhicules électriques, éventuellement par des réductions ou la suppression des incitations fiscales.
Or, ce type de moteur occasionne de lourdes pertes aux constructeurs américains. General Motors a prévenu lors de la publication de ses résultats trimestriels qu’elle n’avait pas encore atteint la rentabilité. Ford avait de son côté essuyé une lourde perte opérationnelle dans sa division spécialisée dans l’électricité en 2023, de 4,7 milliards de dollars et revu à la baisse, en août, ses ambitions dans ce domaine.
Dans un registre pour le moins sinistre, les exploitants pénitentiaires GEO Group et Corecivic bondissent de 28% et 21%. Ces groupes pourraient bénéficier de promesses « de répression de l’immigration clandestine et de restrictions à l’immigration légale, ce qui pourrait accroître la demande de centres de détention », note Reuters.
Les énergies renouvelables et l’électricité sont les grandes perdantes (mais pas Tesla)
Contrairement aux hydrocarbures, les producteurs d’énergies renouvelables souffrent. Donald Trump n’a jamais caché son manque d’attrait pour les énergies renouvelables et le marché craint qu’il ne défait l’Inflation Reduction Act (IRA), un texte qui accorde un traitement préférentiel aux énergies décarbonées, ou du moins qu’il prenne des politiques freinant l’expansion. de combustibles non fossiles. Donald Trump a également annoncé vouloir rayer de la carte les projets éoliens « offshore » (en mer) s’il était élu, notait Oddo BHF début octobre.
« Dans le secteur des services publics, les entreprises financées par les énergies renouvelables pourraient être confrontées à des difficultés suite à la victoire de Trump. Cependant, nous nous attendons à ce que la demande en énergies renouvelables reste forte alors que les entreprises, les États et les municipalités se concentrent sur les objectifs de décarbonation », nuance UBS.
La société de panneaux solaires First Solar a chuté de 14,3% à Wall Street, et le spécialiste de l’énergie solaire Sunnova a chuté de 22,7%. A noter que les danois Orsted et Vestas, deux poids lourds de l’éolien, perdent chacun plus de 10 %.
Les constructeurs automobiles spécialisés dans les véhicules électriques reculent. Rivian perd 2,3% et le vietnamien Vinfast perd 1,6%. Mais à l’inverse, Tesla a bondi de 13 %.
“Nous pensons qu’une présidence Trump serait globalement négative pour l’industrie des véhicules électriques, car il est probable que les rabais/incitations fiscales pour ce type de moteur seront supprimés”, explique Dan Ives, analyste chez Wedbush.
« Mais pour Tesla, nous considérons cela comme un énorme point positif. Tesla a une envergure et une portée inégalées dans l’industrie des véhicules électriques et cette dynamique pourrait donner à Musk et à Tesla un avantage concurrentiel évident dans un environnement sans subventions aux véhicules. les véhicules électriques, associés à des tarifs chinois probablement plus élevés qui continueraient d’empêcher les acteurs chinois des véhicules électriques moins chers (BYD, Nio, etc.) d’inonder le marché américain dans les années à venir », poursuit-il.
La technologie en plein désarroi
Les grands groupes technologiques connaissent ce mercredi des évolutions assez disparates. Apple prend 0,3%, Nvidia 1%, Microsoft 1,5% Amazon est stable (+0,1%), Meta chute de 0,8% et Alphabet prend 2,2%.
Les groupes technologiques bénéficieront également des baisses d’impôts promises par Trump, si elles sont mises en œuvre.
Mais la politique expansionniste du républicain est considérée comme inflationniste, ce qui fait monter les taux. Mécaniquement, cela pèse sur les valeurs de croissance comme la technologie.
« La grande préoccupation des nombreux investisseurs technologiques mondiaux avec lesquels nous discutons concerne les implications d’une victoire de Trump à l’élection présidentielle américaine sur la guerre technologique froide entre les États-Unis et la Chine et la hausse des tarifs douaniers. », explique Dan Ives. “Nous pensons qu’un changement majeur dans les droits de douane et une position plus dure à l’égard de la Chine auraient un impact significatif sur la chaîne d’approvisionnement, sur Nvidia, sur les représailles de Pékin contre Apple/Tesla, et ralentiraient le rythme de la révolution de l’IA”, ajoute-t-il.
«Dans le secteur technologique, la victoire de Trump pourrait susciter des craintes accrues quant à l’impact des droits de douane sur les bénéfices des entreprises de matériel informatique et de semi-conducteurs. Mais nous ne pensons pas qu’elle prévaudra sur la croissance structurelle à moyen terme», juge pour sa part l’UBS. “Les dépenses en infrastructures d’IA restent robustes alors que les entreprises expérimentent des cas d’utilisation de l’IA et s’efforcent d’occuper des positions de leader”, ajoute la banque suisse.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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