jeC’EST UN un retour extraordinaire – ou, comme l’a dit triomphalement Donald Trump à West Palm Beach, en Floride, aux premières heures du 6 novembre, « une victoire politique que notre pays n’a jamais connue auparavant ». Après avoir perdu il y a quatre ans, il a survécu à une mise en accusation, à une condamnation pour crime, à de nombreuses autres inculpations et à deux tentatives d’assassinat, et deviendra le 47e président des États-Unis, en plus de son mandat de 45e. Il devient l’homme le plus âgé à avoir remporté la Maison Blanche.
Beaucoup s’attendaient à une longue attente avant que le résultat d’élections extrêmement serrées ne soit connu. En l’occurrence, le résultat était évident en quelques heures. M. Trump semblait prêt à remporter les sept États clés : il a triomphé en Caroline du Nord, en Géorgie, en Pennsylvanie et au Wisconsin, et avait une solide avance dans le Michigan, l’Arizona et le Nevada. Cela se traduit par un avantage décisif dans le collège électoral.
Il semble que M. Trump ait réussi à obtenir le soutien des électeurs urbains et ruraux à des niveaux nettement plus élevés que lors de sa campagne contre Joe Biden en 2020. État après État, M. Trump a obtenu de meilleurs résultats qu’en 2020. En Floride, par exemple. , où il a gagné par trois points de pourcentage la dernière fois, sa marge est en passe de grimper à 12 points. Et même si les sondages d’opinion ont toujours montré que Kamala Harris était en tête du vote populaire national, il semble que M. Trump ait également gagné. Autrement dit, comme en 2016 et 2020, les sondages ont sous-estimé le soutien à M. Trump.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour Mme Harris ? D’une part, son avantage parmi les électrices, sur lesquelles les démocrates fondaient leurs espoirs, s’est avéré plus faible que prévu. L’écart entre les sexes, entre les votes des hommes et des femmes, s’est en fait réduit, passant de 23 points en 2020 à 20, selon les sondages à la sortie des urnes. Parmi les électeurs hispaniques, M. Trump a fait une percée frappante, améliorant sa marge de dix points de pourcentage par rapport à 2020, selon CNNà la sortie des urnes. La tendance a été particulièrement forte chez les hommes hispaniques : Joe Biden a remporté leur vote avec une marge de 23 points ; cette fois, M. Trump était en passe de l’emporter parmi eux avec une marge de dix points. Plus largement, le mécontentement face à l’inflation élevée et à l’immigration a contribué à donner aux électeurs le sentiment que le pays était sur la mauvaise voie, ce qu’ils reprochent naturellement au président sortant. Même si Mme Harris cherchait à se présenter comme la candidate du changement, elle restait coincée dans son association avec l’administration actuelle.
Outre la Maison Blanche, les Républicains ont également repris le contrôle du Sénat. Il allait toujours être difficile pour les démocrates de conserver leur faible majorité dans cette chambre, étant donné qu’ils défendaient un nombre disproportionné de sièges (dont un tiers étaient en lice à chaque cycle électoral). Non seulement les Républicains ont occupé le siège vacant en Virginie occidentale, comme prévu ; ils ont également renversé l’Ohio et le Montana et ont remporté un combat serré au Nebraska. Les bouleversements espérés par les démocrates en Floride et au Texas ne se sont pas concrétisés. Le contrôle républicain sur le Sénat facilite la voie à M. Trump pour procéder à des nominations importantes – des secrétaires de cabinet aux généraux en passant par les juges de la Cour suprême – qui nécessitent la confirmation du Sénat.
Il n’est toujours pas clair si les républicains achèveront leur victoire en conservant le contrôle de la Chambre des représentants. Les résultats en Californie, qui arriveront plus tard, le détermineront. Mais M. Trump, dans son discours de victoire, était convaincu que la Chambre serait également la sienne.
« Ce sera véritablement l’âge d’or de l’Amérique », a-t-il déclaré. Rares sont ceux qui remettront en question le fait que le pays entre effectivement dans une nouvelle ère. La question de savoir si M. Trump « guérira » réellement l’Amérique, comme il l’a promis, est plus discutable. Au-delà des frontières américaines également, les conséquences sont considérables. Des tarifs douaniers au changement climatique en passant par l’Ukraine, le monde doit se préparer à Trump II.■
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