Leur complicité traverse les écrans. Avec malice et bonne humeur, Eye Haïdara et Pio Marmaï se prêtent au jeu de l’interview, à l’occasion de la sortie du film de Lucas Bernard, A toute vitesse. Dans cette romance, à découvrir le 6 novembre, ils incarnent Marianne et Marco, un officier de marine et steward, frappé par Cupidon. C’est sous le regard de Poséidon, dans un sous-marin, que leur amour va s’épanouir.
Franceinfo Culture: A toute vitesse est une excellente proposition. On le découvre à l’écran. Qu’est-ce qui vous a donné envie de dire « oui » à Lucas Bernard ?
Oeil Haïdara : L’écriture du scénario est très singulière car très verbeuse. C’était un défi assez fou à relever et je me suis dit que si on réussissait, ça pourrait aboutir à quelque chose de sympa. Les partenaires nous donnent aussi envie de faire un film. Cela faisait un moment que je voulais tourner avec Pio, donc j’étais content.
Pio Marmaï : C’est un peu pareil : l’envie de travailler avec mes partenaires, avec Lucas aussi. Comme vous le dites, il y a quelque chose dans l’énergie du scénario. La course folle de ce type qui entre dans un sous-marin nucléaire, qui poursuit cette jeune femme par amour… J’ai trouvé ça drôle, excessif tout en étant sensible à leur rencontre. C’est une proposition rare et unique. En tant que spectateur, j’aurais aimé voir un film comme celui-là. Cette course-poursuite romantique m’a vraiment donné envie.
Les dialogues sont un régal, ils sont superbement écrits. Mais surtout, ils imposent un rythme effréné…
Pio Marmaï : C’était une des grandes difficultés du tournage. Très souvent, quand on fait une comédie ou une comédie romantique, les gens imaginent que l’on s’amuse beaucoup, que c’est de la fantaisie… Au contraire, il faut être très rigoureux. J’ai pris beaucoup de temps pour préparer le texte car pour que ce type de langage fonctionne, il faut que ce soit simple. Dans ce cas, quand on respecte pleinement ce qui est écrit, ça marche. Pour cela, il faut un bon directeur d’acteurs. En tout cas, Lucas nous a bien gardé. Il savait pousser le curseur lorsque cela était nécessaire. C’est aussi un exercice d’écoute. : c’est un travail qui est réalisé par deux, trois ou plusieurs personnes. C’est un rythme à trouver mais cela demande beaucoup de concentration. Cela a été pour moi le plus grand défi, au-delà de croire à ces situations qui ne sont pas naturelles. A partir du moment où on s’est précipité dans cette histoire, il a fallu respecter la partition. C’est ce que nous avons essayé de faire.
Oeil Haïdara : C’est exactement ce qu’est une partition musicale. Comme les musiciens, il fallait le tenir avec beaucoup de rigueur
Lucas Bernard disait vouloir un couple original, il fallait absolument y croire. Dans tous les cas, laissez les gens tomber amoureux de vous dès que vous apparaissez à l’écran. C’est. Comment pensez-vous que vous êtes un couple original ?
Pio Marmaï : Je vous laisse répondre (sourire de l’acteur qui se tourne malicieusement vers son partenaire de jeu).
Oeil Haïdara : Ce n’est pas gentil de me laisser répondre (éclats de rire).
Pio Marmaï : Alors, qu’est-ce qui nous rend si originaux ?
Oeil Haïdara : Je pense qu’on a tous les deux une folie, dans un endroit différent pour chacun, ce qui fait qu’ensemble ça donne quelque chose d’un peu électrique.
Pio Marmaï : Électrique. C’est le mot. En tout cas, on ne se dit pas « hé, ensemble, ils vont jouer au scrabble » (rires). Tu vois ce que je veux dire (se tournant vers Eye Haïdara)… On se dit que ça va exploser. Et effectivement, souvent, c’est un peu ça. En aucun cas, il ne s’agit d’une relation linéaire. Avec José, c’est pareil…
Il y a une vraie alchimie entre vous tous…
Pio Marmaï : Quand ça marche à l’écriture, quand on sent dans les séquences, dans les journées de travail, que la mayonnaise prend et qu’on s’amuse avec cette langue, le pari est déjà un peu gagné.
A propos de toi, Eye Haïdara, Lucas Bernard dit que tu es crédible en uniforme parce qu’il dégage une sorte d’autorité naturelle. Pour lui, c’était un vrai problème. Qu’est-ce que ça fait de jouer un officier dans un sous-marin tactique transportant des armes atomiques ?
Oeil Haïdara : Il faut se le répéter à chaque fois qu’on arrive sur le plateau : je suis officier et il y a des armes nucléaires dont je suis un peu responsable. C’est une vraie pression. Alors quand une sorte de fou se présente, on se demande si on a raison de nous faire confiance. Mais c’est bien d’avoir des défauts. Quand Lucas dit que j’ai une autorité naturelle à laquelle les gens croient immédiatement, pourquoi pas. Oui, sûrement, mais en même temps, nous restons des humains avec nos faiblesses.
Avez-vous fait des recherches pour savoir comment les choses se passent sur le terrain…
Oeil Haïdara : Nous avons rencontré des sous-mariniers. Avons-nous le droit de dire cela ou pas ? (l’actrice se tourne vers sa collègue)
Pio Marmaï : Vous pouvez le dire…
Oeil Haïdara : De toute façon, je ne me souviens ni de leurs noms ni de leurs visages. Nous avons rencontré quelques étudiants sous-mariniers avec qui nous avons discuté.
Votre mère est costumière, Pio Marmaï, et vous êtes en uniforme pour ce film. Quel est votre rapport avec ce costume, cet uniforme de steward vous a-t-il aidé ?
Pio Marmaï : Ma mère était costumière à l’opéra et elle confectionnait surtout des costumes d’époque, du moins pour l’opéra. Je n’ai pas vraiment l’habitude de jouer en costume, du moins d’avoir le même pendant presque tout un film. Je trouve ça plutôt drôle. Ça me va bien, ça me va bien… (sourire).
Comment jouer dans cet univers fermé qu’est le décor d’un sous-marin ?
Oeil Haïdara : We filmed in Maillé-Brézé [qui fut un bâtiment naval de lutte anti-sous-marine] et en studio. Mais on peut sortir, prendre l’air et on s’y habitue au bout de quelques jours. J’aime l’idée de retrouver la liberté dans quelque chose finalement de très structuré. Lucas Bernard est très doué pour la mise en scène. C’est assez exaltant de penser qu’on peut faire ce qu’on veut dans un si petit endroit.
Pio Marmaï : Il fallait faire attention à sa tête. Le plafond est assez bas. Je savais en lisant le scénario que nous serions dans une situation comme celle-là. Mais nous avions plus de place que dans un sous-marin nucléaire car j’en ai vu un et il est très petit. Je trouve que ça colle bien et ça permet de se rapprocher de l’équipe, qu’on le veuille ou non, assez vite puisqu’on est un peu les uns sur les autres. Cela crée une atmosphère de travail beaucoup plus concentrée car il n’y a pas de distractions extérieures.
Vous avez expliqué qu’à une certaine époque, on vous faisait uniquement jouer des « beaux » rôles et, du coup, vous n’en vouliez plus. Celui-ci vous convient-il ? Car il existe une vraie typologie du beau mec dans ce type de comédie romantique : c’est Richard Gere, entre autres…
Oeil Haïdara : Que veut-elle dire par là (se tournant vers Pio Marmaï et éclatant de rire)
Pio Marmaï: Richard Gere, quand ? Quelles informations souhaitez-vous faire passer (malveillantement) ?
Aucun (rires). Demandez-vous simplement si ce beau mec imaginé par Lucas Bernard vous correspondait…
Pio Marmaï : Oui bien sûr. Nous ne sommes évidemment pas dans Jolie femme. Cela me convient car la forme est presque burlesque. La situation est tellement absurde, excessive… et c’est là que je m’amuse. La base de toutes les comédies romantiques est la même : il faut croire à ce sentiment amoureux. Qu’est-ce qui rend ces deux personnes attirées l’une vers l’autre malgré leurs différences et la distance qui les sépare ? En tout cas, c’est l’essentiel et c’est à cela que nous devons jouer. Cette forme m’a séduit dès le départ. Il était peut-être temps d’en faire un, au moins écrit comme ça et avec ces partenaires.
Il existe très peu de comédies romantiques légères dans le cinéma français, du moins à l’instar de celles que l’on retrouve dans le cinéma anglo-saxon. Est-ce un genre que vous souhaitiez voir inscrit dans votre répertoire, votre filmographie ?
Oeil Haïdara : La comédie romantique est un genre particulier. Mais quand on en a une, assez unique comme celle qui nous a été proposée, il y a quelque chose qui vous dit, pour ne pas répéter quelqu’un d’autre, « elle a un petit quelque chose en plus » et qui donne envie d’y aller. Cependant, je n’y avais pas pensé auparavant.
Pio Marmaï : Moi non plus.
Votre père possédait une vidéothèque bien garnie remplie de cassettes VHS. Vous adorez Julia Roberts… Y a-t-il des comédies romantiques que vous avez adorées dans sa collection ? Lesquels ?
Oeil Haïdara : Jolie femme. J’ai dû saigner la VHS. Il y a celui-là, entre autres, dont je me souviens. Je le connais par cœur.
Pio Marmaï : Une VF ou une VO ?
Oeil Haïdara : Je l’ai eu en VF puis je l’ai eu en VO. Jolie femme C’est aussi un des rares films que j’aime en français. C’est pas mal en VF mais je me suis vite tourné vers la version originale car quelqu’un me l’avait ramené des Etats-Unis. Ce n’étaient pas les mêmes magnétoscopes et mon père, qui était un fanatique de la VHS, en possédait un pour la zone Amérique. J’ai beaucoup aimé le film en anglais car je le connaissais par cœur en français. Je l’ai découvert d’une autre manière. Mais Titanesquequi n’est pas vraiment une comédie romantique mais plutôt un film romantique dramatique, n’est pas mal non plus en français.
Avez-vous pensé à Julia Roberts en jouant ?
Eye Haïdara et Pio Marmaï : Tous les jours !
Pio Marmaï : Nous en parlions tous les jours. Je plaisante…
Oeil Haïdara : Je pense toujours à Julia Roberts.
Pio Marmaï : Elle est un peu avec nous ici aujourd’hui !
Oeil Haïdara : Elle n’est pas loin (rires).
Et vous, Pio Marmaï, quelles sont vos comédies romantiques préférées ?
Pio Marmaï : Ai-je pensé à Richard Gere ? Richard Gere était-il mon partenaire secret ? Oui, peut-être. A bien y réfléchir, tu as raison (sourire malicieux). Si cela ne vous dérange pas, je l’utiliserai dans de futures interviews : oui, j’ai beaucoup pensé à Richard Gere. Ma comédie romantique préférée ? Coup de foudre à Notting Hill quand j’étais adolescent. On sait comment cela va se terminer mais c’est délicieux de suivre leur voyage. J’ai beaucoup regardé ce film.
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