Droits de douane, dépenses, emploi, cryptomonnaies… quels sont les grands axes du programme économique du nouveau président et quel sera son coût ?
Donald Trump est ainsi devenu le 47e président des États-Unis, battant sa rivale démocrate Kamala Harris. L’ancien homme d’affaires pourra donc appliquer son programme économique qui repose sur un protectionnisme fort.
• Augmentation des droits de douane
Donald Trump propose de taxer 10 à 20 % de plus sur l’importation de produits étrangers, avec un supplément de 60% sur les produits chinois voire 200% pour certains types de biens.
“Les droits de douane sont la solution de Trump à tout : ils remplacent les impôts et réduisent le déficit commercial”, analyse Florence Pisani, économiste spécialiste des Etats-Unis chez Candriam.
« Ce qui se dessine, c’est une Amérique isolationniste », résume Alexis Karklins-Marchay, directeur général adjoint d’Eight Advisory, sur BFM Business ce mercredi.
Or, cette stratégie est perçue par les investisseurs comme étant susceptible de relancer l’inflation et d’aggraver le déficit budgétaire massif des Etats-Unis.
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Une telle mesure entraînerait également une guerre commerciale ouverte avec la Chine, alors que les droits de douane ont déjà été augmentés de 100 % sur les véhicules électriques, par exemple.
Cette mesure « pourrait entraîner une augmentation annuelle des impôts de 524 milliards de dollars et une réduction du PIB de 0,8 point de pourcentage, avec la destruction de 684 000 emplois », estiment les chercheurs de la Tax Foundation.
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• Relancer l’emploi industriel
Le candidat républicain a promis de « voler » des emplois industriels à l’étranger grâce à ces droits de douane supplémentaires, promettant même de financer par ce biais une baisse durable des impôts sur le revenu.
«Depuis des années, nous assistons au vol de nos emplois par d’autres pays», a dénoncé le candidat républicain à la Maison Blanche lors d’un meeting de campagne.
“Mais maintenant, nous allons nous attaquer à leurs emplois et les ramener en Amérique, là où ils devraient être”, a-t-il déclaré à ses partisans, rassemblés dans l’État américain de Géorgie.
Pour ce faire, Donald Trump, qui a placé sa présidence (2017-2021) sous le signe de « l’Amérique d’abord », déterminé à créer des zones économiques spéciales sur des terres fédérales « avec des taxes et des réglementations très faibles ».
A l’inverse, l’ancien président a déclaré que les fabricants paieraient des droits de douane « très élevés » s’ils ne fabriquaient pas leurs produits aux États-Unis.
« Je veux que les constructeurs automobiles allemands deviennent américains », a déclaré le candidat à la présidentielle le 5 novembre.
« Nous allons voler les emplois des autres pays, nous allons voler leurs usines », a-t-il déclaré.
• Réductions d’impôts
Donald Trump a promis de « mettre fin à l’inflation et de rendre l’Amérique à nouveau abordable ». Il souhaite exonérer d’impôt les revenus de la sécurité sociale (notamment les retraites) et baisser l’impôt sur les sociétés de 21 à 15 %.
Il souhaite surtout prolonger la loi sur les réductions d’impôts et l’emploi (TCJA), une loi votée sous son premier mandat, qui baissait temporairement les impôts : elle expirera en 2025 et permet de réduire l’impôt sur les sociétés de 35 à 21 %. , et réorganise à la baisse les différents taux d’impôt sur le revenu, notamment pour les classes moyennes, les plus touchées par l’inflation.
La contrainte budgétaire posée par le renouvellement de la TCJA est très importante : elle représenterait 4 800 milliards de dollars sur dix ans si elle était maintenue telle quelle.
L’ancien président promet aussi de taxer les heures supplémentaires
• La promesse d’une énergie moins chère
L’inflation a été au cœur de cette campagne présidentielle, notamment en termes de prix de l’énergie et des carburants.
Trump a promis de réduire de moitié les prix en augmentant la production locale de gaz et de pétrole.
«Je mettrai rapidement fin à la grande arnaque verte», a-t-il déjà promis. “Nous allons forer (pour le pétrole) comme des fous”, a-t-il annoncé afin de “faire baisser très rapidement les prix de l’énergie”. Il veut intensifier les forages dans l’Arctique, pour augmenter les stocks.
• Forte prise en charge des cryptos
Donald Trump s’est engagé à faire des États-Unis « la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies ».
« Au lieu d’attaquer les industries du futur, nous les soutiendrons, notamment en faisant des Etats-Unis la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies », a déclaré l’ancien président lors d’un discours sur son programme économique à New York.
Cette promesse et la victoire du candidat républicain ont également fait grimper le cours du bitcoin qui a battu ce mercredi son record à plus de 74 000 dollars.
• Changer la politique monétaire
Il ne l’a jamais caché, l’indépendance de la Réserve fédérale mécontente Donald Trump, qui veut avoir son mot à dire sur la politique monétaire.
“J’ai toujours réussi dans mon entreprise, je pense que j’ai, dans de nombreux cas, un meilleur instinct que les gens qui sont à la Fed ou son président”, a-t-il déclaré en août dernier.
Il a accusé à plusieurs reprises la Fed d’agir pour plaire aux démocrates et remis en question la compétence du président de l’institution, Jerome Powell, tout en assurant qu’il le laissera terminer son mandat en 2026.
Après avoir drastiquement augmenté ses taux pour freiner l’inflation, la Fed a commencé à les baisser, la hausse des prix s’étant rapprochée de l’objectif de 2% des banques centrales.
• Un programme très coûteux
Le « Comité pour un budget fédéral responsable », une organisation non partisane qui a analysé les promesses électorales des deux camps estime que le programme de Donald Trump augmenterait la dette du pays de 7 500 milliards de dollars en moyenne.
Selon des estimations plus pessimistes, où les dépenses dépassent de loin les revenus attendus, le programme de Trump pourrait même coûter 15 150 milliards de dollars.
De quoi provoquer le gonflement incontrôlé d’une dette nationale déjà élevée. En 2024, la dette nette américaine atteint 99 % du produit intérieur brut. Il devrait culminer à 125 % du PIB fin 2035.
Le rapport de l’organisation déplore “qu’aucun candidat en lice n’ait mis en place un programme pour lutter contre le fardeau de la dette”. Selon le rapport, le programme de Donald Trump propulserait la dette à 142 % du PIB.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Affaires
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