Entre Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokayev, c’est devenu une habitude de fin d’année. Le président français a accueilli son homologue kazakh à Paris, mardi 5 novembre, avec tous les honneurs d’une visite d’État. « Pour un renforcement spectaculaire de nos relations », a promis l’Elysée ; il s’agit d’une « évolution de grande envergure », a déclaré une Source diplomatique kazakhe, tout aussi enthousiaste.
Un an après le voyage de Macron à Astana, l’opulente capitale bâtie au milieu de la steppe, Tokaïev retrouve dans les jardins de l’Elysée les deux lévriers kazakhs qu’il lui avait alors offerts à Macron. Depuis, après des débuts tumultueux loin des steppes, Jules et Jeanne se sont adaptés à la vie parisienne et se sont présentés mardi aux pieds des deux présidents, sages et obéissants. « Diplomatie canine… », a ironisé le bureau de Macron.
Plusieurs accords et contrats ont été signés mardi, dont un par Alstom pour la fourniture de locomotives électriques. Mais le Kazakhstan, un pays cinq fois plus grand que la France et peu peuplé d’à peine 20 millions d’habitants, séduit surtout par sa richesse en matières premières. L’ancienne république soviétique, pays économiquement le plus puissant d’Asie centrale, fournit à la France près de 40 % de son uranium. Alors que les deux « partenaires » ont accru au fil des années leur coopération sur l’énergie nucléaire, Paris espère en retour qu’EDF soit choisi par Astana pour construire sa première centrale nucléaire. « La route est longue, mais la dynamique est bonne », a déclaré un haut diplomate français. Mais aucun accord n’a encore été signé.
« De plus en plus dépendant de Moscou »
Après le référendum d’octobre qui a ouvert la voie à la reprise du nucléaire civil, malgré le traumatisme des dégâts sanitaires provoqués par les essais soviétiques, Tokaïev a promis que la future centrale serait confiée à un consortium international. Des concurrents chinois et sud-coréens sont en lice. Mais le principal concurrent est Rosatom, le géant russe et bras nucléaire du Kremlin. «Comme c’est souvent le cas avec les Kazakhs, la solution sera compliquée. Tout le monde aura une part dans le consortium. Mais comme d’habitude, ce seront les Russes qui auront le contrôle final », prévient Vera Grantseva, experte du Kazakhstan à Sciences Po. “Parce que c’est un fait : Astana dépend de plus en plus de Moscou.”
En savoir plus Abonnés uniquement Les ressources minières du Kazakhstan sont de plus en plus convoitées
Depuis que Tokaïev a dû compter sur le soutien, politique mais surtout militaire, du Kremlin de Vladimir Poutine en janvier 2022 pour réprimer violemment des affrontements d’une ampleur inédite en trois décennies d’indépendance post-soviétique, le président kazakh s’efforce d’afficher son autonomie. du grand frère russe.
Il vous reste 40,47% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Related News :