l’essentiel
Alors que les résultats continuent d’arriver, Donald Trump est actuellement en tête pour devenir le 47e président des États-Unis. Et même si rien n’est joué pour l’instant, le retard affiché par Kamala Harris, notamment dans les fameux « swing states » n’est pas à prendre à la légère pour Romuald Sciora, chercheur à l’Iris et politologue spécialiste des relations internationales et des Etats-Unis.
Quelle est la situation en ce moment ? Pouvons-nous dire qu’il n’y a pas de grandes surprises jusqu’à présent ou qu’une tendance se dessine déjà ?
Il y a quand même une grosse surprise : le vote pour Kamala Harris est bien moins important qu’on le pensait. Même dans les États où elle a gagné, comme en Virginie, où elle était censée gagner haut la main, les résultats étaient beaucoup plus serrés.
À l’heure actuelle, il faut reconnaître que Trump se dirige vers la victoire, même si la situation pourrait s’inverser. Le New York Times lui donne 90 % de chances de victoire.
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Donald Trump a déjà remporté l’un des « swing states », la Caroline du Nord. Quelle est la situation dans les six autres États pivots ? Qu’est-ce qui sera décisif ?
La Géorgie est gagnée par Trump. Harris doit donc maintenant gagner la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin, mais Trump est en tête dans les trois États. On pourrait néanmoins assister d’ici quelques heures, voire quelques jours, à un revirement de la situation dans le Michigan et en Pennsylvanie, mais elle doit gagner ces trois Etats. Ce n’est pas impossible, mais cela semble difficile.
Quand connaîtrons-nous les résultats ?
C’est très compliqué à dire. Tous les États ne votent pas de la même manière. En Arizona par exemple, les votes anticipés sont décomptés avant le jour du scrutin, ce sont les premiers bulletins de vote pris en compte. En Pennsylvanie, c’est le contraire. Les derniers votes pris en compte sont ceux par correspondance. C’est pourquoi la dernière fois, Trump semblait avoir gagné la Pennsylvanie et ce n’est que trois jours plus tard, le temps d’ouvrir tous les bulletins de vote, que l’on s’est rendu compte que Joe Biden avait gagné, ce qui a motivé les accusations de fraude lancées par Donald Trump.
On pourrait donc se retrouver dans des circonstances similaires pour la Pennsylvanie. C’est difficile à dire pour le moment. Trump marche vers la victoire, mais il n’a pas gagné. La Géorgie peut être rapidement annoncée, nous en sommes à environ 95% du décompte.
Nous pourrions avoir un verdict demain, voire après-demain. La Pennsylvanie est l’État le plus préoccupant en termes de retard. Si c’est très serré, nous pouvons même procéder à un recomptage et les résultats ne seront alors pas publiés avant une semaine, voire plus.
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Même s’il est encore tôt pour tirer des conclusions, quelle analyse peut-on déjà tirer de ces premiers résultats ?
Une chose est claire, c’est qu’à ce stade, Trump est en position de favori. Même s’il perd finalement les élections, ce que je ne crois pas, la surprise serait quand même que Harris remporte les élections avec beaucoup plus de difficultés que ne le suggèrent les sondages.
En revanche, du côté du Congrès, qui est le cœur du pouvoir américain, on peut actuellement dire que la Chambre des représentants doit rester républicaine et que le Sénat doit basculer du côté républicain. Si Trump devait gagner, il disposerait donc des pleins pouvoirs, également auprès de la Cour suprême, et donc du pouvoir judiciaire, qu’un président n’a pas eu depuis très longtemps. Si Harris est élue, elle se retrouvera l’otage d’un Congrès entièrement républicain.
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Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné pour Kamala Harris ? Qui n’a-t-elle pas réussi à convaincre ?
Tout au long de sa campagne, elle a dû maintenir un écart important, quasiment impossible à maintenir. Sans les Républicains modérés, elle ne peut pas gagner les élections, mais en même temps, sans la gauche du Parti démocrate, elle ne peut pas non plus gagner. Et une grande partie de cette gauche a été tentée par l’opposition à l’administration Biden, en grande partie en relation avec la situation au Moyen-Orient et à Gaza, et notamment par la candidate du Parti Vert, Jill Stein, qui pourrait obtenir beaucoup plus de voix. qu’il y a quatre ans. En Virginie, par exemple, elle a obtenu 25 000 voix supplémentaires.
Kamala Harris est, au fond, l’équivalent ici de François Bayrou, candidat de centre droit. Pour gagner, il lui faudra avoir dans sa poche les Républicains modérés, qui seraient l’équivalent de la droite d’Eric Ciotti et en même temps de la gauche de Mélenchon. Sans oublier le Michigan et la Pennsylvanie qui comptent la plus grande communauté arabo-musulmane du pays. Il y en a environ 250 000 dans le Michigan, ce qui est énorme. Normalement, ces gens votent démocrate mais, compte tenu de la situation au Moyen-Orient, ils se sont détournés du parti.
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