Pour Yannick Bestaven, « les mers du Sud et le passage du Cap Horn sont de grands enjeux ».
Dernier vainqueur du Vendée Globe, Yannick Bestaven relancera seul cette course « hors du commun » le 10 novembre aux Sables d’Olonne, avec l’ambition de conserver son titre. Le skipper de 51 ans, qui a bouclé l’édition 2020-21 en 80 jours, 3 heures et 44 minutes, mise sur son expérience et sa connaissance du parcours pour aborder ce nouveau « marathon » des mers.
Après une première victoire, qu’est-ce qui vous pousse à recommencer ?
Durant le Vendée Globe, on traverse des endroits sauvages, il n’y a pas beaucoup d’humains qui vont y naviguer. Ce sont des lieux assez magiques : les lumières, la faune, les albatros qui suivent le bateau… Cela me motive de revivre ces moments exceptionnels d’il y a quatre ans. Être dans des zones où l’on est loin de toute assistance et de toute population ajoute un peu à l’adrénaline.
Avons-nous plus ou moins de pression avec une victoire en poche ?
Cela ne change pas grand chose. Peut-être que j’ai moins de pression que ceux qui ne l’ont jamais gagné et dont c’est le rêve. D’un autre côté, cela n’enlève rien à mon envie d’arriver à nouveau premier. J’y vais pour faire de mon mieux. C’est un défi personnel que de pouvoir faire le tour de la planète en voilier, seul à bord. Même après une victoire, cela reste un défi. L’histoire sera différente : on est dans l’inconnu quand on part en mer. L’avoir déjà fait est bien sûr un plus dans la préparation, dans la connaissance de cette compétition.
J’ai beaucoup revu ce que j’avais fait il y a quatre ans, le parcours notamment. Ce qui est bien c’est que j’ai des phases en tête : la sortie du golfe de Gascogne, la route vers l’équateur, l’entrée des mers du Sud, l’Antarctique. Je connais à peu près la durée, les conditions météo, la manière de naviguer.
Certains passages représentent-ils toujours un défi particulier ?
Les mers du Sud et le passage du Cap Horn constituent de grands défis. Mais le Vendée Globe dans son ensemble est une course extraordinaire. C’est celle qui dure le plus longtemps : on finit par dire qu’une transatlantique est un sprint, le Vendée Globe un marathon. Même si une traversée transatlantique n’est pas non plus une mince affaire. Le parcours est exceptionnel. Je trouve incroyable de voyager à travers les saisons. À la fin de l’automne, se retrouver dans l’été austral, c’est génial. Pour moi, cette course est le Saint Graal de la course en solo. Après ? J’arrête de courir seul.
Vous avez changé de voilier depuis l’édition 2020-21. Quelle différence cela peut-il faire ?
La taille des foils fait beaucoup de différence : c’est un bateau qui volera plus tôt, plus vite. Le confort en revanche n’a pas beaucoup changé, car plus on va vite, plus c’est inconfortable. Mais j’ai essayé d’améliorer la sécurité à l’intérieur du bateau : il y a une toute nouvelle ergonomie de vie, pour manœuvrer, s’asseoir, dormir ou tout simplement rester debout.
Envisagez-vous d’autres départs en solo dans le futur ?
Non, j’arrête de courir seul. Avec l’âge, je sais que ce sera de plus en plus difficile d’être au plus haut niveau : c’est dur d’être seul, c’est beaucoup de pression. En revanche, c’est important pour moi de le transmettre, je souhaite accompagner les jeunes pour le prochain Vendée Globe. Nous avons le bateau, l’équipe, les partenaires, nous avons tout ce qu’il faut pour qu’un jeune partage notre expérience. J’ai pu faire une belle carrière dans la course au large. Permettre aux autres de faire la même chose, je trouve ça cool.
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