En juillet dernier, devant le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine), Jean-Yves Prigent, entraîneur incontournable dans le petit monde du kayak français, n’a pas caché son émotion et sa « honte ». «J’ai des regrets et des remords au quotidien», a sans détour souligné le septuagénaire devant le tribunal. Cinquante ans d’activisme chez les jeunes (kayakistes) qui s’est effondré en deux soirées. C’est ce que les gens retiendront de moi. »
A l’issue de cette audience, le célèbre entraîneur a été condamné à quatre ans d’emprisonnement, un an avec bracelet électronique et les trois autres avec sursis avec sursis pour s’être livré, pendant deux nuits successives en mars 2023, à des attouchements sur deux kayakistes. Jean-Yves Prigent a parlé de « sorties de route » et d’« actes isolés ».
Cette affirmation est mise en doute par les gendarmes de Rennes et les policiers de l’office des mineurs (OFMIN). Selon nos informations, Jean-Yves Prigent a été de nouveau placé en garde à vue ce mardi matin dans le cadre d’une seconde enquête discrètement ouverte par le parquet de Rennes à l’issue du procès de cet été. Ces investigations concernent cette fois des faits criminels, la qualification de viol ayant été retenue par le procureur de Rennes. Jean-Yves Prigent est entendu par les enquêteurs suite aux révélations et à la plainte, en septembre 2024, d’un ancien kayakiste qui avait été coaché par l’entraîneur breton.
Le jeune homme, encore mineur, a assuré, suite à la révélation des premiers rapports, avoir été violé à cinq reprises par Jean-Yves Prigent. Des faits qui seraient relativement récents et auraient été commis en lien avec le rôle de coach de Prigent.
Il a emmené des jeunes en formation dans sa camionnette
Si les témoignages visant Jean-Luc Prigent ont mis du temps à émerger, c’est parce que l’homme est une sommité dans le monde du kayak. Ancien champion du monde (K1 par équipe, 1977), il est une figure très influente de la discipline et le père de Camille Prigent, sixième aux derniers Jeux Olympiques de Paris.
Preuve de l’importance de Jean-Yves Prigent dans le petit monde du paddle, son épouse fut responsable du site de Vaires-sur-Marne, siège des épreuves de kayak et de canoë, lors des JO. Entraîneur et vice-président du club rennais, Jean-Yves Prigent est décrit par plusieurs experts en la matière comme un éducateur « surinvesti (…) toujours autour des piscines, entouré de jeunes », et qui organisait régulièrement des cours pour les meilleurs espoirs de discipline.
C’est dans ce cadre qu’il emmène dans son van les jeunes kayakistes participer à des compétitions partout en France. Fin avril, un adolescent confiait avoir été agressé sexuellement lors d’un stage organisé dans le Cher lors d’une nuit passée dans le van de son coach. Après ce premier témoignage, un deuxième jeune homme s’est également confié aux autorités, expliquant avoir subi des attouchements sexuels le lendemain soir après avoir pris la place de son camarade aux côtés de Jean-Yves Prigent.
Avant le procès de Jean-Yves Prigent pour ces deux agressions sexuelles, l’ancien procureur de Rennes, Philippe Astruc, a certifié avoir reçu de nouveaux témoignages. Après contrôles, les enquêteurs semblent avoir trouvé celui du jeune homme accusant Jean-Yves Prigent de viol suffisamment fiable pour le placer en garde à vue. Cela peut durer jusqu’à 48 heures.
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