Deux usines à plat et plus de 1.200 salariés au travail : Michelin a annoncé mardi la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et de Vannes, remettant en cause « l’effondrement » des ventes de pneus pour camions et camionnettes.
La direction du fabricant français de pneumatiques a annoncé mardi matin cette fermeture aux 1.254 salariés de ces deux usines de l’ouest de la France, qui la craignaient depuis plusieurs semaines.
A Vannes, « l’annonce, faite par le réalisateur, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup», a témoigné Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT.
A Cholet, “ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et ont annoncé que c’était fini”, a expliqué à l’AFP Morgane Royer, salariée depuis “presque 10 ans” et déléguée syndicale SUD. « Nous avons vu des collègues s’effondrer parce qu’ils étaient toujours dans le déni. »
“Depuis des mois, on se pose des questions”, a souligné Romain Déchenau, dirigeant syndical CFDT. « Il y a eu des investissements, du travail. Ils nous ont donné de l’espoir, mais ce n’était qu’une façade.
Les salariés ont bloqué le site peu après les annonces de la direction, qui prévoyait de toute façon d’arrêter la production jusqu’au 13 novembre.
“Soit ils gardent nos emplois, soit ils nous paient jusqu’à notre retraite”, a déclaré au micro le secrétaire CGT David Goubault.
« Ils nous exploitent depuis des années. Nous, nos parents pour les uns, nos enfants pour les autres. Nous ne devons pas nous contenter de ce qu’ils nous donnent. Ce n’est pas en rentrant chez soi et en étant morose qu’on en discutera. Il va falloir engager un combat», a ajouté M. Goubault.
– Ralentissement du marché –
Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique.
“C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne de côté”, a déclaré Florent Menegaux, PDG de Michelin, dans un entretien à l’AFP.
Michelin avait déjà considérablement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, elle aura fermé six usines en vingt ans.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a réagi mardi en demandant “un plan de soutien exemplaire aux salariés et aux territoires”.
Bibendum n’est pas le seul à tousser. Le fort ralentissement du marché automobile entraîne de sérieuses difficultés pour les équipementiers européens et les fermetures de sites se poursuivent.
Selon Michelin, ces fermetures sont devenues « inévitables » en raison de la concurrence asiatique dans les pneumatiques pour camionnettes et poids lourds, les secteurs des usines de Cholet et de Vannes.
Le PDG de Michelin a également pointé du doigt une « lente détérioration de la compétitivité » en Europe, notamment liée aux coûts de l’énergie, qui empêchent les exportations. Le groupe prépare également la fermeture de deux usines en Allemagne d’ici 2025.
Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a condamné mardi ces fermetures, après les avoir annoncées dimanche. « L’industrie automobile continue de licencier, sous prétexte des importations chinoises. Mensonges! Les marges d’une part et le coût de l’énergie de l’autre en sont responsables », a-t-il déclaré sur X.
– « Sans perspective » –
La grande usine de Cholet (Maine-et-Loire) emploie 955 salariés, qui fabriquent principalement des petits pneus pour camions légers, un segment en « déclin important » en Europe « sans perspective de reprise », explique Michelin.
Le site de Vannes (Morbihan) compte 299 salariés qui produisent principalement des câbles métalliques pour pneumatiques poids lourds.
Michelin s’engage à « accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure », avec des offres d’emploi dans d’autres entreprises ou au sein du groupe, ou des départs en retraite anticipée.
Il promet également de “participer à la création d’au moins autant d’emplois que ceux supprimés” dans la région, comme il l’a fait à La Roche-sur-Yon, où 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, indique le groupe. .
Michelin entend également proposer aux syndicats un plan « Michelin Industrie France 2030 », qui devrait selon l’entreprise permettre « aux sites français et à leurs salariés de mieux planifier l’avenir ».
Related News :