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Pennsylvanie, Arizona… Les 7 États qui pourraient faire basculer la présidentielle

Outre-Atlantique, sept États sont considérés comme essentiels pour remporter l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. Parmi eux, plusieurs États du nord-est frappés par la désindustrialisation et plusieurs États du sud du pays.

Sept États pour déterminer le destin de tout un pays. Ce mardi 5 novembre, jour de l’élection présidentielle américaine, plusieurs États seront particulièrement scrutés : Pennsylvanie, Michigan, Arizona, Caroline du Nord, Nevada, Géorgie et Wisconsin.

Surnommé le États swingces États clés ou États pivots sont considérés comme particulièrement cruciaux dans la course à la Maison Blanche car leur résultat est présenté comme incertain, contrairement à une Californie acquise depuis de nombreuses années par le camp démocrate par exemple.

Le système électoral américain très particulier joue également un rôle dans l’importance accordée à ces quelques États. En fait, cela suit la règle de le gagnant remporte tout permettant au candidat arrivé en premier, même de justesse, de remporter tous les grands électeurs de l’État en question. Les candidats concentrent donc stratégiquement leurs efforts sur les sept États susceptibles de faire pencher la balance en leur faveur.

• Pennsylvanie

C’est en Pennsylvanie que Donald Trump et Kamala Harris ont choisi de tenir ce lundi leurs derniers meetings de campagne, signe de l’envie importante que cela suscite. En cause, le nombre élevé d’électeurs, 19, qu’il permet de remporter.

“C’est un Etat capital qui sera scruté avec attention”, assure Alexis Pichard, professeur de civilisation américaine à l’université Paris-Nanterre, auprès de BFMTV.com.

Traditionnellement démocrate depuis les années 1990, cet État du Midwest a voté massivement pour Donald Trump en 2016, offrant une victoire précieuse dans la course à la Maison Blanche à l’homme d’affaires qui deviendra président cette année-là.

Située au nord-est des États-Unis, la Pennsylvanie fait partie de la cloche de rouille (ceinture de rouille), surnom donné aux États du nord-est du pays frappés par la désindustrialisation. La population est très divisée avec, d’une part, un électorat largement démocrate situé dans les grandes villes, comme Philadelphie et Pittsburgh, et composé de nombreux Afro-Américains et, d’autre part, un électorat rural blanc traditionnellement républicain, pour À cela s’ajoute un électorat ouvrier non insensible au discours pro-emploi soutenu par Donald Trump.

L’issue des élections dans cet État est l’une des plus incertaines. Les derniers sondages ne séparent pas clairement les deux candidats, donnés avec une marge d’erreur inférieure à un point.

•Arizona

De tradition républicaine, l’Arizona a pourtant placé Joe Biden en tête avec une marge très étroite, 0,3 point, lors de la dernière élection présidentielle, en 2020, face à Donald Trump.

Cet État du Sud a la particularité de partager une frontière avec le Mexique, les questions liées aux politiques d’immigration y sont donc centrales. Pour Aurore Portet, professeur à Sciences Po Lyon et spécialiste de la politique américaine, le vote se jouera notamment sur ce sujet.

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Une pancarte de campagne pro-Trump dans la ville de Douglas, en Arizona, où l’immigration est considérée comme l’un des principaux enjeux de l’élection présidentielle de 2024, le 16 octobre 2024 © Olivier Touron / AFP

L’accès à l’interruption volontaire de grossesse (avortement) devrait être l’autre enjeu majeur du vote en Arizona. Pour Alexis Pichard, « la question de l’avortement a donné les clés à Joe Biden en 2020 et aux démocrates lors des midterms (les élections de mi-mandat en 2022 NDLR), grâce au vote des femmes » dans cet Etat.

Alors que le droit à l’avortement n’est plus garanti au niveau fédéral depuis 2022 et que Kamala Harris souligne sa volonté de défendre ce droit si elle devient présidente, l’avortement pourrait avoir une influence particulièrement importante sur l’élection présidentielle.

• LE MICHIGAN

L’État des Grands Lacs, dans le Michigan, est, après la Pennsylvanie, l’un des États swing le plus grand pourvoyeur d’électeurs, puisqu’il permet au candidat arrivé en premier d’en obtenir 15. C’est aussi le lieu du tout dernier meeting de Donald Trump, lundi soir.

Très divisé, le Michigan vote depuis 2008 majoritairement pour le candidat finalement élu président, qu’il soit républicain ou démocrate. La situation se reproduira-t-elle cette année ? Les derniers sondages donnent pour l’instant les deux candidats avec un écart très faible, situé dans la marge d’erreur.

Le Michigan a la particularité de compter une importante communauté arabo-musulmane, d’environ 250 000 personnes, pour laquelle les deux candidats se disputent. Or, le discours prononcé par Kamala depuis le 7 octobre, plutôt favorable à Israël tout en condamnant les frappes à Gaza, pourrait coûter des points aux démocrates auprès de cette population. “Cette position d’entre-deux est insuffisante” pour cet électorat, assure Alexis Pichard.

Assez pour faire basculer le Michigan du côté républicain ? Pas si sûr, alors que le chercheur rappelle que Donald Trump adopte également un discours globalement pro-israélien et qu’il a notamment été à l’origine de pneus musulmans lorsqu’il était président en 2017, ce décret imposait des restrictions d’entrée aux États-Unis, notamment pour les pays à majorité musulmane. “En définitive, il est difficile de prédire le comportement (de l’électorat arabo-musulman) dans l’isoloir”, estime Alexis Pichard.

• Caroline du Nord

Seul état swing Après avoir placé Donald Trump en tête en 2020, avec 1,3 point d’avance sur son rival, la Caroline du Nord a voté majoritairement républicain lors des dernières élections. La seule exception a été les élections de 2008, qui ont vu Barack Obama entrer à la Maison Blanche.

Malgré cette préférence notable pour Grande vieille fête Ces dernières années, la Caroline du Nord a été considérée comme susceptible de devenir démocrate cette année. En cause, son « renouveau démographique » lié à « l’attractivité » de ses grandes villes et qui voit arriver une population plutôt démocrate, explique Aurore Portet à BFMTV.com. De quoi donner bon espoir à l’ancien procureur d’y gagner le 5 novembre.

Pourquoi seulement 6 % des électeurs américains décideront du prochain président

De plus, la Caroline du Nord a été durement touchée par l’ouragan Helen en septembre. Alors que la gestion de cette catastrophe par le gouvernement fait l’objet de vives critiques, certains habitants pourraient décider de se détourner de Kamala Harris. Les Républicains tentent en tout cas de profiter de la situation en multipliant ces dernières semaines les fausses accusations adressées à l’exécutif sur le sujet.

• Géorgie

Comme la Caroline du Nord, la Géorgie a une tradition républicaine, mais elle connaît elle aussi un renouvellement de sa population qui modifie les équilibres politiques ces dernières années.

« Atlanta est devenue la capitale démographique (de la Géorgie, ndlr) avec une population noire, urbaine, instruite, largement gagnée au camp démocrate », explique Aurore Portet.

Signe de cette évolution, Joe Biden l’a emporté en Géorgie en 2020, avec 12 000 voix de plus que Donald Trump. « La mobilisation de l’électorat noir a été déterminante en 2020 et 2022 (pour les mi-mandats NDLR) », soutient Alexis Pichard, assurant que, pour les candidats, « il sera difficile de se passer » de cet électorat encore cette année. A condition toutefois que l’abstention, souvent forte dans cette tranche de la population, ne soit pas trop élevée.

Malgré cette évolution démographique, la Géorgie compte également toujours « une population rurale largement républicaine », selon Aurore Portet. Résultat, selon ce spécialiste des Etats-Unis, la Géorgie est aujourd’hui un « Etat divisé en deux ». D’autant que « les jeunes hommes noirs ne vont pas forcément voter pour Kamala Harris, parce que c’est une femme » et ne sont donc pas aujourd’hui gagnés au camp démocrate, soutient-elle.

• Le Wisconsin

Berceau du Parti républicain, le Wisconsin a voté plus démocrate ces dernières années. Il a même choisi massivement Barack Obama en 2008, arrivant avec près de 14 points d’avance sur son adversaire républicain.

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Kamala Harris lors d’un meeting à Madison, Wisconsin, le 31 octobre 2024 © ROBERTO SCHMIDT / AFP

Les résultats ont toutefois été plus serrés lors des dernières élections. Le Wisconsin a donné l’avantage à Donald Trump en 2016, avant que Joe Biden ne l’emporte en 2020, suivant à chaque fois la tendance nationale. Signe de l’importance que les républicains y attachent, le Wisconsin a accueilli leur grande convention en juillet dernier.

Berceau de la Harley Davidson, le Wisconsin est touché par la désindustrialisation comme plusieurs États du Midwest, dont la Pennsylvanie et le Michigan qui ont voté républicain en 2016 et démocrate en 2020. Reste à savoir si ces trois États voteront à nouveau. concert le 5 novembre, offrant potentiellement la victoire à l’un ou l’autre candidat.

• Le Nevada

Le Nevada est probablement l’État clé dont on parle le moins dans cette campagne présidentielle. En cause, le faible nombre d’électeurs qu’il permet de remporter, 6, le total le plus bas pour un Etat charnière. Le Nevada ne peut cependant être négligée par les candidats, l’élection pouvant être décidée par quelques grands électeurs.

Depuis 2004, le Nevada a toujours placé un démocrate en tête à chaque élection présidentielle, mais les républicains espèrent cette fois l’emporter en attirant notamment les Latinos qui représentent environ 20 % de la population de l’État. La récente polémique suscitée par un comédien qui, lors d’un meeting de Donald Trump, comparait Porto Rico à une « île flottante d’ordures », pourrait cependant détourner cet électorat du camp républicain.

Pour convaincre les habitants, Donald Trump adopte un discours pro-emploi qui trouve un écho particulièrement favorable au Nevada. En fait, l’État a beaucoup souffert de la fermeture des hôtels et casinos de Las Vegas pendant la pandémie de Covid-19. Aujourd’hui encore, le taux de chômage y est particulièrement élevé par rapport au reste du pays (5,6% en septembre).

A moins d’une semaine du scrutin, les deux candidats sont séparés à moins d’un point des intentions de vote. Au Nevada, comme au niveau fédéral, l’élection s’annonce particulièrement incertaine. « Il faut s’attendre à des rebondissements jusqu’au bout, prévient Alexis Pichard.

 
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