« Nous ne sommes pas contre le départ, prévient Sophie Feltain, une des mères du camp, mais il faut nous reloger à Barbezieux ou à proximité. » Et pour cause. « Nos enfants vont à l’école ici. Ils sont huit, sur les six familles restantes, à être inscrits auprès des Alouettes, Félix-Gaillard ou Jacques-Prévert», les établissements de niveau primaire du centre-ville. Or, la seule solution proposée par le Syndicat Mixte de l’Accueil des Voyageurs (SMAGVC), qui dispose de la délégation de compétence par les 4B, « c’est le territoire de Châteauneuf et ça, c’est hors de question ».
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« Tout d’abord, parce que c’est trop loin, estime-t-elle, j’ai un enfant de 6 ans qui entre en CP, qui apprend à lire et à écrire, et qui a tous ses amis ici. Je ne vais pas changer d’école. Aussi, j’ai un enfant de 17 ans, qui souffre d’une maladie chronique, qui est suivi par les infirmières de la maison médicale. Une relation de confiance s’est établie entre eux, je ne souhaite pas qu’il change de soignant, et il a actuellement besoin de soins au quotidien. »
Mais ce n’est pas tout. « À Châteauneuf, la surface réservée aux véhicules est très réduite. Si nous y allons quatre mois cet hiver, nos caravanes seront jetées», promet-elle. Une analyse que les autorités compétentes ne partagent pas ; ni sur le tracé, ni sur la distance, “car même si j’ai conscience que ce n’est pas la meilleure solution, avoue le directeur du SMAGVC Luc Chabraud, c’est la seule”.
Pénalités par jour de retard
Et il reprend toute la genèse de ce dossier : « Le quartier de Barbezieux est vieillissant et ces travaux ont été entrepris à la demande de ces familles. Ils représentent 180 000 euros d’investissements. Nous avons attribué le marché public pendant cette période scolaire, car l’été, les commerces sont fermés. Nous avons prévenu deux mois à l’avance et étudié toutes les solutions de relogement. »
« Et pourquoi pas sur l’esplanade de Plaisance ? », demande Sophie Feltain. « Parce que ce n’est pas possible avant quatre mois », prévient André Meuraillon, le maire de Barbezieux, la commune propriétaire du site. “Nous avons des contrats avec des auto-écoles sur l’utilisation du parking, avec de nombreuses associations pour la location du local et des extérieurs, on ne peut pas dénoncer ces contrats”, assure-t-il, précisant d’autant plus que la municipalité a aidé les 4B mais que cela va au-delà de ses compétences.
Chez 4B, Isabelle Lagarde, vice-présidente en charge du logement, mais aussi présidente de l’Aaisc, une association d’insertion qui accompagne les gens du voyage, déplore : « On avait vraiment envie de trouver une solution, on a cherché des terrains provisoires mais cela a nécessité des aménagements de 70 000 euros, en plus des près de 50 000 euros que nous investissons dans la rénovation du quartier. Ce n’est pas possible. Nous avons donc proposé de prendre en charge l’entière responsabilité du transport scolaire de ces enfants pendant toute la durée des travaux entre Châteauneuf et Barbezieux. »
« Nos enfants vont à l’école ici. »
« Hors de question », préviennent Sophie Feltain et Virginia Feltain, une autre maman du coin. « Mon petit a 3 ans, poursuit-elle, il commence juste à arrêter de pleurer pour aller à l’école, pas question qu’il y aille avec un inconnu. Et puis c’est à moi de l’emmener mais maintenant c’est trop loin. » « Et le mien, poursuit le premier, je ne peux pas manger à la cantine, je fais quoi ? »
Aucune solution ne semble se dessiner. Cependant, prévient le directeur du SMAGVC, il faudra vite trouver les choses « car chaque jour de retard dans les travaux nous coûte des pénalités et les annuler serait une catastrophe économique ».
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