Que se passera-t-il après le limogeage du formateur Bart De Wever (N-VA) ? L’Arizona n’a pas encore fini.
“Certainement pas”, a déclaré dimanche dernier le négociateur de la N-VA, Theo Francken, lorsqu’on lui a demandé si c’était fini pour “l’Arizona”. Mais ce ne sera pas facile. Lundi après-midi, le formateur Bart De Wever a démissionné pour la deuxième fois. Le roi gardera ce renvoi à l’étude jusqu’à mardi prochain. Pour ceux qui recherchent une lueur d’espoir, c’est assez long.
« Arizona », c’est le nom de la coalition qui s’est imposée la plus visible depuis le soir des élections : N-VA, Vooruit, CD&V, MR et Les Engagés. Ce regroupement dispose d’une large majorité de 82 sièges sur 150. Il regroupe également un certain nombre de grands vainqueurs des élections. Et cela répond à une demande impérieuse et largement soutenue dans le nord et le sud du pays : aussi bien l’extrême gauche (plus 3 sièges) que l’extrême droite (plus 2 sièges) restent en dehors du gouvernement. Peu après les élections, tous les partis semblaient vraiment s’y intéresser.
Même si la N-VA a perdu un siège au Parlement fédéral le 9 juin, elle reste le parti le plus important du pays avec 24 sièges. Il était logique que ce parti prenne l’initiative du prochain gouvernement, et c’est ce qui s’est produit. Le président de la N-VA, Bart De Wever, semblait avoir compris qu’il devait devenir Premier ministre de l’Arizona. Le nationaliste flamand De Wever lui-même n’a jamais montré son enthousiasme, c’est le moins qu’on puisse dire, mais il s’est explicitement porté candidat. La N-VA veut reprendre le volant.
Le Vooruit a également obtenu de bons résultats. Avec quatre sièges supplémentaires au Parlement, il est défendable que le président Conner Rousseau rejoigne le gouvernement, même si une alliance de centre-droit n’était pas idéale pour lui dès le départ. Rousseau veut un impôt fort sur les plus-values pour les plus grandes fortunes, il veut aussi que les multinationales contribuent davantage et il veut continuer à réduire la sécurité sociale de la manière la plus indolore possible. Les partis de droite en Arizona s’y intéressent beaucoup moins – voire pas du tout.
Que Rousseau n’assume plus ses responsabilités est un non-sens. Le Vooruit doit aussi penser à ses électeurs. Si la diffusion du contenu est trop importante, cela ne fonctionnera pas. Il est vrai que le deuxième échec de De Wever pourrait faire réfléchir à deux fois les partisans et les électeurs du Vooruit. La situation de départ est-elle vraiment si mauvaise pour Rousseau, à une époque où l’Europe et les électeurs pensent que nous devrions faire des coupes budgétaires ? Et surtout : la Flandre de gauche est-elle convaincue que les choses iraient mieux sans Conner Rousseau à la table ?
Personne ne veut d’une tripartite, ou pire encore : d’une nouvelle édition de Vivaldi.
Le CD&V, comme la N-VA, a perdu un siège aux élections et est également beaucoup plus petit, mais en tant que parti du centre, les démocrates-chrétiens semblent pouvoir assumer le rôle d’agent liant. Tout comme autrefois, quoique un peu en mineur.
Du côté francophone, l’alliance allait de soi encore plus. L’endroit au milieu du lit est aussi un endroit préféré des Engagés du président Maxime Prévot. Son homologue du CD&V s’est également extrêmement bien comporté le 9 juin (plus neuf sièges). Et puis il y a l’autre grand vainqueur des élections, Georges-Louis Bouchez, qui a mené son MR à un gain de six sièges pour finir avec vingt sièges. C’est une excellente position de départ pour Bouchez, mais aussi une position dans laquelle il est prêt à faire peu de compromis.
Que devrait-il se passer ensuite ? Un flamant rose qui doit devenir Premier ministre de Belgique, un socialiste qui doit sabrer profondément dans la sécurité sociale et un libéral tellement fou de gloire que la moindre concession semble une honte inacceptable : quiconque y réfléchit bien se rend compte que « l’Arizona » ‘ n’a jamais été une combinaison évidente. Mais il existe peu d’autres options. Personne ne veut d’une tripartite (rouge, bleu et orange) ou pire encore : d’une nouvelle édition de Vivaldi. Un remplacement du MR par le PS relève aussi aujourd’hui de la science-fiction politique.
Après cette crise, les choses peuvent aller dans n’importe quelle direction, mais en même temps l’Arizona reste la combinaison la plus logique. Un échange entre Bouchez et Rousseau, chacun remportant quelques trophées : voilà le moyen de sortir de l’impasse. L’eau est profonde, claire depuis presque cinq mois maintenant. Mais est-ce vraiment trop profond ?
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