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Canal plus, comme un air de campagne…

Monsieur Nostalgie se souvient du lancement de Canal Plus, il y a 40 ans jour pour jour. A l’origine, la chaîne 4 n’était pas celle qui fut ensuite critiquée comme trop « parisienne », révèle-t-il.


Le logo de la chaîne de 1984 à 1995.

Les historiens discutent du point de basculement. Dès lors, « l’esprit Canal » insufflé par Alain De Greef, chercheur en chef du PAF, est tombé comme un soufflé au fromage. Un jour, il a arrêté de faire rire les gens. Il a même commencé à vraiment agacer par son impunité médiatique et son insolence moralisatrice. Il est devenu un arbitre du bon goût et un baromètre de la liberté d’expression unilatérale. De la maison de toutes les audacieuses au grand gloubi-boulga mondialisé. Tout cela semble si loin, aujourd’hui, l’irrévérence et le ricanement ont fait leur temps, et n’amusent plus que quelques démodés avec des bandes de veau.

Un 4 novembre 1984…

Notre pays a traversé en quarante ans une crise d’identité et une perte totale de ses repères. La a tourné le dos au deuxième degré. L’humour segmenté est devenu une nouvelle caserne de la pensée. C’est communautaire et fragmenté. On ne rit plus ensemble mais contre quelqu’un. Si « l’esprit Canal » s’est dilué dans une mondialisation faussement émancipatrice, on n’oubliera pas ses débuts, en novembre 1984. Nous avions dix ans lorsque fut lancée la première chaîne payante, qui inventa le décodeur et le porno amateur, le football par abonnement et les nouveautés cinéma sur votre canapé. A la campagne, un réseau parallèle de décodeurs bricolés avec des fers à souder dans les garages a fleuri et le film interdit aux moins de 18 ans le samedi soir a motivé l’ingéniosité d’adolescents excités. Du tamis aux spasmes cathodiques, l’excitation ne tenait qu’à un fil d’antenne. Pour la première fois, nous avons eu accès en direct à des matchs de basket-ball et de boxe américains. Et les programmes gratuits auront été le meilleur produit phare pour dépenser 120 francs par mois. Ne pensez pas que Canal était parisien et élitiste ; au contraire, à l’origine, elle était provinciale et populaire. Après quelques ajustements marketing, les responsables commerciaux ont compris que le salut de la filière passerait par les départements et sous-préfectures, et non par les CSP++ comme on l’apprenait dans les cours d’économie du lycée. Ce sont les classes moyennes qui l’ont adopté et adhéré à son projet potache.

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Secrets d’histoire

Aujourd’hui, je vous révèle une vérité longtemps cachée par les traces de mémoire. Canal Plus a été créé par Berrichons. Sans Berry, il n’y aurait pas de Mademoiselle Agnès, de Didier L’émbrouille, des gadgets boiteux de Bonaldi ou du Maxi-Tête de Sophie Favier. Aux commandes de ce canal historique, on retrouve les meilleurs hommes du Centre de la France, du Cher et de l’Indre, Michel Denisot en fidèle gentilhomme de Castelroussin, pas encore patron de la Berrichonne accompagné de Gérard Depardieu, parrain de l’événement qui, pour l’occasion, venu promouvoir Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti le 31 octobre, quelques jours avant le 4ème chaîne. Sans oublier, la présence tutélaire de Philippe Gildas qui ne vient pas de nulle part. Le journaliste s’est toujours senti breton mais a passé toute son enfance à Bourges, à l’ombre de la cathédrale Saint-Etienne. Et que dire enfin d’André Rousselet, le grand patron de Canal Plus, chauffeur de taxi de Mitterrand, qui avait des liens anciens avec l’Indre, n’était-il pas sous-préfet à Issoudun en 1953 ? Simone Veil, dont le mari était stagiaire à la préfecture de Châteauroux, a raconté leur escapade chez les antiquaires de la région, à l’époque où les hauts fonctionnaires n’étaient pas accablés par une charge de travail excessive et des émeutes urbaines éruptives. Nos collègues de La Nouvelle République rapportait les propos de Simone, en 2016 qui profitait de cette douce léthargie : « Drôle d’époque où les hauts fonctionnaires de la République profitaient du temps libre ! ».

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Ainsi, même si l’on est parfois dur avec les dérives mode et libérées d’une chaîne qui se voulait prescriptrice et guide spirituelle pour toute une génération, la première décennie de son existence nous ramène au temps des doudounes Chevignon et des jeans Liberto. , du Top 50 à 18h45 et Jean-Claude Bouttier nous fait découvrir le noble art. Une époque où Marc Toesca annonçait à une France abasourdie que Peter et Sloane et Cookie Dingler devançaient Scorpions et Stevie Wonder au classement des 45 tours n’est pas totalement mauvaise, et cette parenthèse enchantée où chantait Sardou les deux écoles et Isabelle se noyait en elle tirer marin nous ramène dans les limbes. En cet anniversaire, je veux avoir une pensée et verser une larme pour Martine Mauléon, décédée en 2003, qui nous parlait déjà de la crise de l’emploi et tentait de « réindustrialiser » nos campagnes.


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