Le prix Goncourt a été décerné ce lundi 4 novembre au romancier franco-algérien Kamel Daoud pour son roman « Houris » (éd. Gallimard), sur « la décennie noire » en Algérie. Il a été choisi par le jury dès le premier tour, avec six voix, contre deux pour Hélène Gaudy, une pour Gaël Faye et une pour Sandrine Collette, a annoncé le président de l’Académie Goncourt, l’écrivain Philippe Claudel. “Je suis très content, c’est cliché, mais pas d’autres mots”, a réagi l’écrivain de 54 ans au restaurant Drouant à Paris, où sont annoncés les prix Goncourt et Renaudot.
« L’Académie Goncourt couronne un livre où le lyrisme rivalise avec la tragédie, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l’Algérie, celle des femmes en particulier. Ce roman montre combien la littérature, dans sa grande liberté d’« auscultation du réel, sa densité émotionnelle, trace à côté de l’histoire historique d’un peuple, un autre chemin de la mémoire », a salué Philippe Claudel.
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Interdit en Algérie
“Houris”, qui dans la foi musulmane désigne les jeunes filles promises au paradis, est un roman sombre sur le sort de l’Aube, une jeune femme muette depuis qu’un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999. Choisir comme narratrice une femme , Kamel Daoud situe l’intrigue d’abord à Oran, la ville où il fut journaliste pendant la « décennie noire », puis dans le désert algérien, d’où part l’Aube pour regagner son village.
Il s’agit du troisième roman de cet auteur, le premier publié chez Gallimard. Il avait déjà remporté le prix des lecteurs Landerneau en octobre, et ne peut être publié en Algérie, où il tombe sous le coup de la loi qui interdit tout ouvrage évoquant la guerre civile de 1992-2002.
Le prix Renaudot pour Gaël Faye
Le romancier Gaël Faye, qui faisait partie des favoris du Goncourt, a reçu lundi le prix Renaudot pour son deuxième roman « Jacaranda » sur la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994. Alors que dans le premier « Petit pays », prix Goncourt des lycéens 2016 et énorme succès en librairie, l’auteur prenait le point de vue d’un garçon qui a grandi au Burundi, cette fois le narrateur a grandi en France, à Versailles, d’un Français. père et une mère rwandaise. Ce jeune homme, Milan, va découvrir Kigali, l’omniprésence de la mémoire du génocide, et des membres de sa famille.
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C’est “beaucoup de joie, une grosse surprise”, a réagi Gaël Faye. Franco-rwandais de 42 ans, il présente un profil atypique dans le paysage littéraire français : entre slam, musique et littérature, c’est un artiste aux talents multiples, dont la plume est aussi alerte que ses thématiques sont sérieuses.
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