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Dans l’ombre de Naval Group, ces petits champions français du naval de défense

Ce « classe moyenne » du naval français, du nom de ces entreprises de taille moyenne allemandes qui font la force du commerce extérieur outre-Rhin, a multiplié ces dernières années les gros contrats, en et à l’export. La Socarenam, longtemps spécialisée dans les navires de pêche, a été sélectionnée en 2019 par la Direction générale de l’armement (DGA) pour fournir les six nouveaux patrouilleurs outre-mer, des navires de 80 mètres et 1 300 tonnes qui seront basés à Tahiti, à La Réunion et en Nouvelle-Calédonie. Deux d’entre eux ont déjà été livrés.

La même Socarenam, alliée aux chantiers CMN et Piriou, a été choisie fin 2023 pour fabriquer sept patrouilleurs destinés à la haute mer pour la Marine nationale, un contrat d’un montant de 900 millions d’euros. L’ETI Exail a été sélectionnée le 27 septembre pour fournir à la Marine nationale un drone sous-marin capable de descendre jusqu’à 6 000 m de profondeur. Quant à Sillinger, spécialiste des bateaux pneumatiques et semi-rigides basé à Mer (Loir-et-Cher), il a signé fin 2023 un contrat-cadre d’une valeur de 9 millions d’euros pour équiper les armées françaises.

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Les poids moyens du secteur naval français ont également augmenté leurs contrats à l’export. Le Breton Piriou, dont le chiffre d’affaires a triplé en trois ans (350 millions d’euros en 2023), a vendu trois patrouilleurs hauturiers au Sénégal, et s’occupe des 12, en sous-traitance à Naval Group. navires de chasse aux mines commandés par la Belgique et les Pays-Bas.

Un peu plus au sud, la vendéenne Ocea, qui travaille à 95 % à l’export, a livré depuis 2011 une vingtaine de navires à la marine nigériane, ainsi que des navires aux garde-côtes ukrainiens et philippins. Elle a également signé en avril une lettre d’intention avec la Guyane pour un patrouilleur de 58 mètres (39,5 millions d’euros).

Fini ? Toujours pas. En Arabie Saoudite, le Normand CMN fabrique une boîte en carton. Même chose en Angola, où il a notamment vendu ses catamarans militaires Ocean Eagle. Quant au Girondin Couach, il réalise 100 % de ses ventes militaires à l’export depuis 2000. Le groupe basé près d’Arcachon a notamment livré, ces dernières années, 79 intercepteurs à l’Arabie Saoudite et 22 à Oman. L’entreprise a même ouvert une filiale de 40 salariés en Arabie Saoudite pour la formation et la maintenance.

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R&D décisive

Comment expliquer ces succès internationaux ? La R&D est un facteur essentiel. « Face aux chantiers turcs ou coréens lourdement subventionnés par leurs gouvernements, les acteurs français ne peuvent pas lutter sur les prix : ils doivent être meilleurs sur la technologie »résume Philippe Missoffe, délégué général du Groupement des Industries de Construction et d’Activités Navales (Gican), le syndicat professionnel du secteur.

Couach propose ainsi des bateaux de taille modeste, mais très armés et équipés des dernières technologies de capteurs et d’intelligence embarquée. “Nos derniers patrouilleurs de 22 mètres sont équivalents, en termes de capteurs et d’armement, aux navires de 80 mètres”, explique Yann Huort, responsable du développement commercial Europe chez Couach. Océane, de son côté, a misé sur des navires 100 % aluminium, plus légers et plus résistants à la corrosion. Exail est à la pointe des drones de surface capables de naviguer sur une mer agitée (gamme Drix), mais aussi des drones sous-marins.

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Couplées aux succès des deux géants français du secteur (Naval Group, Chantiers de l’Atlantique), ces bonnes performances à l’export permettent au secteur naval français d’être l’un des rares à afficher une balance commerciale positive : 1,5 milliard d’euros en 2023. C’est 50% de plus qu’en 2010.

 
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