Le parrain du tapis rouge n’est plus. L’animateur et journaliste culturel Herby Moreau est décédé à l’âge de 56 ans.
Publié à 19h31
Mis à jour à 22h28
Surnommé le chasseur de stars, Herby Moreau a fait sa réputation en interviewant les stars les plus célèbres du monde, lors de cérémonies prestigieuses comme les Oscars ou le Festival de Cannes.
« Il était une véritable courroie de transmission entre les le showbiz Les Américains et les Québécois», résume l’animatrice Isabelle Racicot, qui a rencontré Herby Moreau lorsqu’elle travaillait à Musique Plus en 1997.
« J’ai toujours admiré son côté rebelle. Il n’avait peur de rien. Il est allé dans des endroits où aucun journaliste n’allait. Avoir le meilleur clip, l’extrait que les autres n’avaient pas, c’était sa marque de fabrique », poursuit-elle.
Isabelle Racicot se souvient d’une époque où Herby Moreau attendait seul, derrière le bâtiment où se déroulait un événement du magazine Vanity Fair. « Il se disait qu’il allait avoir une image que les autres n’auraient pas. Et c’est arrivé. Tom Cruise est arrivé sur sa moto. Personne au monde n’avait ce clip à part Herby. »
« Angelina Jolie, Halle Berry, Paris Hilton : les stars, il les a toutes trouvées. Il entrerait dans les cuisines si nécessaire. Il savait être au bon endroit, au bon moment », assure-t-elle.
L’animatrice se souvient particulièrement de la cérémonie des Oscars en 2002, où Herby Moreau avait remporté l’un de ses plus grands succès. « Tous les journalistes étaient assis, levant la main pour poser des questions à l’acteur Sidney Poitier. Herby s’est retrouvé avec Poitier, l’Oscar entre les mains. Il avait une cible, et cela a donné lieu à des moments télévisés incroyables », dit-elle.
Non seulement Herby Moreau avait le don de repérer les célébrités, mais il savait comment les mettre à l’aise.
“Herby était le gars cool. Lorsqu’il était sur le tapis rouge à Hollywood, il ne se sentait pas comme un imposteur. Il se sentait à sa place, comme les Américains. Tout le monde voulait être ami avec lui », se souvient l’animatrice et productrice Julie Syder.
Julie Snyder a rapidement reconnu le potentiel d’Herby Moreau alors qu’ils étudiaient au Collège Jean-de-Brébeuf. « Clairement, il s’est démarqué. Nous savions qu’il irait loin », dit-elle.
Elle lui a donc ouvert la porte de l’industrie en lui proposant d’être sa styliste personnelle pour le défilé. Sortiren 1989. De fil en aiguille, il commence à réaliser ses propres reportages, ce qui l’amène à animer plusieurs émissions culturelles de renom, comme Système stellaire, District V or the Star Académie Auditions.
A travers tous ses succès, Herby Moreau a imposé son ton. Même en coulisses. « Pour Star Académie, il ne voulait pas répéter, même si c’était en direct. Il a dit qu’il ne voulait pas devenir un perroquet, se souvient Julie Snyder en riant. Il ne pouvait pas croire que je le faisais encore. »
« Mais c’était un vrai travailleur. Quand il voulait quelque chose, il n’abandonnait jamais », ajoute-t-elle plus sérieusement.
Né en Haïti, Herby Moreau est arrivé au Québec à l’âge de cinq ans. Il quitte brièvement La Belle Province pour étudier le journalisme à l’École Supérieure de Lille, travaillant pour différents médias tels que RFO, France 2, TV5 et M6.
Lui et l’actrice Julie Du Page sont devenus amis alors qu’ils vivaient tous deux à Paris.
« C’était quelqu’un de très fidèle en amitié, de très honnête. Il avait un immense cercle d’amis. Les soirées avec lui n’étaient jamais ennuyeuses, il avait tellement de choses à dire. Son rire était franc et contagieux. Quand je ferme les yeux, je l’entends”, se souvient-elle.
« Il était un formidable encourageur pour ses amis et, par-dessus tout, un père très fier. C’est surtout ainsi qu’il se définissait», ajoute Isabelle Racicot.
De retour au Québec, Herby Moreau a collaboré à Petit Journal à TQS, avant de participer à l’émission Éclairet d’animer les cérémonies pré et post-gala des Prix Gémeaux, du cinéma québécois et de l’ADISQ. Le hasard a voulu que la nouvelle du décès d’Herby Moreau tombe le 46.e Gala de l’ADISQ.
«C’était un peu surréaliste d’apprendre son décès sur un tapis rouge, un endroit où mon équipe et moi l’accueillions si souvent», commente la présidente du cabinet de relations de presse Roy and Turner, Elisabeth Roy.
« Herby était un homme curieux, passionné et très déterminé qui n’acceptait pas qu’on lui dise non, poursuit-elle. Il savait se montrer très insistant tout en restant toujours respectueux et bienveillant. C’était quelqu’un qui avait de la stature, quelqu’un avec qui on pouvait beaucoup rire. Un être unique et marquant dans notre écosystème et dans le cœur du public »
« Il avait de la classe, du cran et de la détermination », résume le président d’Immina Films Patrick Roy, dans une publication sur les réseaux sociaux. Il aura consacré sa carrière à mettre en lumière de grandes stars internationales, mais aussi et surtout à mettre en valeur le travail des créateurs québécois d’ici et d’ailleurs. »
Diverses personnalités ont joint leurs voix pour rendre hommage à Herby Moreau sur les réseaux sociaux suite à son décès. «Je suis sous le choc. C’était notre voisin du Vieux-Montréal, la classe qu’il avait sur les tapis rouges se traduisait aussi dans les rues de notre quartier», a partagé la députée du Parti libéral du Québec, Marwah Rizqy.
«Herby a rapidement fait sa marque sur les tapis rouges et nous a rapproché de nos stars», a félicité la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
«Les tapis rouges n’auront plus le même éclat ni la même élégance sans Herby Moreau», a commenté l’animateur de radio Pierre Landry.
« L’apprentissage du décès d’Herby Moreau m’a frappé fort ce soir, écrit la journaliste de TVA Christine Manzo.
Herby Moreau a écrit la chronique « Herby dans les coulisses » dans les pages de La presse pendant trois ans, au cours desquels il a couvert divers événements sociaux.
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