Les enfants font leur rentrée ce lundi 4 novembre. L’occasion de mettre en avant un établissement de renom qui vient de fêter ses 90 ans : l’école Freinet de Vence.
Ici, il règne un esprit singulier, un environnement apaisant dans un cadre exceptionnel. Qui mieux qu’Aurélia Levet, sa réalisatrice, pour le confirmer.
« Ici, on a l’étrange impression de ne pas être dans une école mais dans un lieu pensé et pensé comme un lieu de vie pour apprendre et grandir. »
Expulsé de l’école publique de Saint-Paul-de-Vence en 1933 suite à un conflit avec l’extrême droite locale, Célestin Freinet décide de créer sa propre école en 1934 dans le quartier du Pioulier à Vence. Un projet qu’il met en œuvre avec son épouse, Élise.
“Regarder l’enfant”
Le duo instaure une pédagogie innovante »qui est aujourd’hui tout sauf démodé, poursuit le réalisateur. Elle ne se définit pas par un ensemble de techniques mais comme une philosophie, une vision de la société, un regard sur l’enfant qui ne le réduit jamais au simple statut d’élève mais qui le considère dans toute sa dimension, sensible, créative, intellectuelle, sociale. et artistique ».
L’école a une histoire, des histoires. Elles ont été jouées lors d’une prestation magistrale de ses jeunes élèves talentueux pour célébrer les 90 ans de leur havre de paix.
Sur scène, on revient sur la guerre civile espagnole, période durant laquelle l’école Freinet a accueilli 16 petits réfugiés espagnols. Bouillon de cultures : 26 jeunes étudiants français apprendront l’espagnol.
« Précurseur sur la question des rythmes scolaires »
Puis, la Seconde Guerre mondiale et l’arrestation de Célestin Freinet par la police française de Vichy, ici, dans son école.
L’établissement servira également de refuge à 129 juifs, dont 82 enfants sauvés de la déportation.
L’histoire a été portée à l’écran en 1939 par Jean-Paul Lechanois, avec un synopsis d’Elise Freinet et avec Bernard Blier dans le rôle du professeur (1).
« L’école et sa pédagogie ont beaucoup contribué à l’éducation nationale, a souligné Stéphanie Mestre, inspectrice de l’éducation nationale, en valorisant en amont les compétences psychosociales pour tenir compte de la journée globale de l’élève. Il a été pionnier sur la question des rythmes scolaires.
Gilles Vernus, adjoint aux arts et à la culture, a souligné que « Freinet continue de bousculer les sciences de l’éducation 48 ans après sa mort : l’enfant apprend en faisant. Il était aussi attaché à un esprit critique et libre à une époque où l’enfant était relégué à une obéissance aveugle.
« Lieu sacré, lieu sacré »
Anne Satonnet, vice-présidente du Département, a choisi de s’adresser aux enfants. « Je vous parle sous le chêne de Papa Freinet, c’est un lieu sacré et un lieu sacré. Les adultes n’ont pas toujours raison, ils ont souvent tort comme ceux qui ont chassé Célestin Freinet de l’école publique. Parfois dans la vie, il ne faut pas obéir à tout quand on est convaincu que c’est une mauvaise décision. Il faut oser avoir le courage de le dire et porter ce en quoi nous croyons.
L’école Freinet est devenue publique en 1991 tout en conservant la pédagogie Freinet puis confiée au Département en 2005. L’établissement bénéficiera d’une réhabilitation en 2027 avec un budget estimé à 2 millions d’euros.
Des pépites confiées à la médiathèque
La médiathèque Célestin et Élise Freinet de Vence enrichira son patrimoine sur l’histoire de Vence. Le maire, Régis Lebigre et Henri-Louis Go, enseignant et coordinateur scientifique de l’école Freinet viennent de signer une convention de don du fonds Freinet à la Ville de Vence. Il s’agit de documents uniques comprenant une centaine d’albums, de lettres, de textes écrits par Célestin et Elise Freinet et leur fille Madeleine.
Ce fonds sera confié à Claire Veyrat, directrice de la médiathèque. Elle se chargera de sa préservation, et pourra le valoriser et le diffuser auprès du public.
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