LA TRIBUNE DIMANCHE – L’examen du budget reprendra mardi à l’Assemblée, après une première semaine de discussions au terme de laquelle il n’a pu être adopté. Etes-vous optimiste quant à l’avancée des débats ?
DAVID AMIEL– Rien n’a changé depuis que j’ai dénoncé un budget « Frankenstein » suite à l’examen par la commission des Finances de l’Assemblée nationale. C’est le fruit d’une complicité de circonstance entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire, sans aucune cohérence interne. Cela briserait les records fiscaux et entraînerait le pays dans la crise. Sans parler de la réduction irresponsable de la contribution française au budget de l’Union européenne ou de la suppression du mécanisme de sécurité d’approvisionnement électrique du pays. Nous devons nous ressaisir.
Michel Barnier : « Nous devons tous faire un effort »
Pensez-vous que le gouvernement fait suffisamment de concessions au groupe Ensemble pour la République ?
Si nous soutenons le gouvernement dans ses efforts de réduction des déficits, cela ne nous empêche pas de défendre nos idées, financées à l’euro près. Augmenter la charge de travail, comme le gouvernement a choisi de le faire, entraînerait une augmentation du chômage. L’emploi ne devrait jamais être une variable d’ajustement. Nous défendons une réforme alternative pour permettre une progression salariale. J’ai déposé un amendement, inspiré du rapport Bozio et Wasmer, pour renforcer la baisse des charges entre 1,2 et 1,9 fois le SMIC afin d’éviter que les salariés ne soient bloqués à vie à ce niveau, tout en réduisant les autres réductions, notamment pour les salaires plus élevés. , où ils sont moins efficaces. A terme, cela représenterait entre 3 et 5 milliards d’euros de salaires libérés, sans augmenter le coût global du travail. Nous espérons que le gouvernement réagira favorablement à cette approche.
La politique économique de Michel Barnier marque-t-elle une rupture avec celle d’Emmanuel Macron ?
Depuis 2017, le président Macron a lancé une dynamique historique de baisse du chômage, de réindustrialisation et d’aménagement écologique. Mais, depuis plusieurs semaines, ces sujets essentiels pour l’avenir ont disparu des débats et on ne voit pas plus loin que les trois prochains mois. L’ajustement budgétaire ne peut se faire au détriment d’une ambition stratégique à long terme. Parallèlement à son plan d’austérité budgétaire, le parti travailliste britannique au pouvoir a annoncé de fortes mesures d’investissement. Faisons attention à ne pas abandonner ! Aujourd’hui, certains proposent la suppression d’un jour férié. Personnellement, même si je préfère les réformes structurelles, je réponds « Pourquoi pas ? », à condition qu’il serve à financer des investissements essentiels pour l’environnement, l’école et l’innovation.
Limogeage d’Emmanuel Macron : la proposition de LFI enterrée
La faible mobilisation des députés du noyau commun a été très constatée lors des débats. Comment l’expliquez-vous ?
Le groupe Ensemble pour la République a été le plus mobilisé du socle commun. Mais, arithmétiquement, lorsque le NFP et le RN votent ensemble, ils sont majoritaires. Cela n’aboutit malheureusement qu’à une chose : le Rassemblement national, malgré ses revers quotidiens, profite du spectacle épouvantable de ces dernières semaines. Nous vivons une perturbation démocratique. Cette Assemblée, qui aurait dû être une Assemblée de compromis, est en fait plus caricaturale que la précédente. Le gouvernement, qui aurait dû être un gouvernement d’unité républicaine, dispose d’une base étroite et ne dispose pas d’un programme de coalition, connu d’avance, qui inclurait les réformes indispensables pour le pays. On aurait pu s’inspirer de 1945 ou de 1958. On est en effet plus proche des pires moments de la IVe République. Mais, cette fois, en embuscade, c’est l’extrême droite, pas le gaullisme !
Nous avons besoin d’un réveil collectif. Nous aurions pu parvenir à un compromis historique avec les socialistes autour de la justice fiscale. Le bloc central avait fait de nouvelles ouvertures. J’avais moi-même avancé l’idée d’un « filet fiscal » pour lutter contre l’optimisation abusive des plus riches, reprise en partie par le gouvernement. Malheureusement, les socialistes ont une nouvelle fois choisi de s’aligner sur La France insoumise et leurs augmentations d’impôts de 50 milliards. Même en 1981, François Mitterrand avait augmenté les impôts trois fois moins par rapport au PIB ! La social-démocratie est l’alliance de la justice et du sérieux. Où est-elle ?
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