Le président des États-Unis n’est pas élu à la majorité au niveau national au suffrage universel direct mais par un collège électoral composé d’électeurs choisis dans chaque État, et dans le District de Columbia, au prorata de leur population.
Voici quelques éléments sur ce système électoral avant l’élection présidentielle du 5 novembre qui opposera l’ancien président républicain Donald Trump à l’actuelle vice-présidente démocrate Kamala Harris.
Qu’est-ce que le collège électoral ?
Lorsque les électeurs américains se rendent aux urnes pour l’élection présidentielle, ils ne voient généralement que les noms des candidats à la présidentielle et à la vice-présidence. Cependant, ils votent pour une liste électorale, qui élira à son tour le président.
Il y a 538 voix électorales au niveau national, ce qui signifie qu’un candidat doit obtenir 270 voix de ce collège pour l’emporter. Ces grands électeurs sont généralement des exécutifs locaux de partis politiques qui s’engagent à respecter le choix exprimé par la population de leur Etat. En 2020, Joe Biden a été élu avec 306 voix universitaires contre 232 pour Donald Trump. Ce système prévu par la Constitution est le résultat d’un compromis entre les « pères fondateurs » des Etats-Unis, entre partisans d’une élection du président par le Congrès et ceux favorables à un vote populaire.
Les États ont-ils le même nombre d’électeurs ?
Non. Chaque État compte autant d’électeurs que de représentants et de sénateurs au Congrès fédéral. Chaque État compte deux sénateurs mais la répartition des sièges à la Chambre des représentants dépend de leur poids démographique. La Californie, l’État le plus peuplé, compte 54 électeurs.
Les six États les moins peuplés et le District de Columbia ne comptent que trois électeurs, soit le seuil minimum. Cela signifie que le vote d’un grand électeur du Wyoming, l’État le moins peuplé des États-Unis, représente environ 192 000 personnes tandis que celui d’un grand électeur du Texas, l’un des États les plus sous-représentés dans ce système, représente environ 730 000 personnes. À deux exceptions près, tous les Etats appliquent la règle dite du « winner-take-all », selon laquelle le candidat arrivé en premier obtient tous les grands électeurs. Avec cette règle, l’écart des voix ne fait aucune différence et les candidats accordent donc une importance particulière lors de la campagne aux Etats où les marges sont a priori les plus faibles mais sont susceptibles de faire basculer l’élection.
Pour l’élection du 5 novembre, ces « swing states » sont l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, la Caroline du Nord, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
Un candidat peut-il gagner sans obtenir la majorité des voix ?
Oui. Les républicains George W. Bush en 2000 et Donald Trump en 2016 ont tous deux été élus président tout en recevant moins de voix que leur adversaire au niveau national. Cela s’est également produit trois fois au XIXe siècle. Les critiques de ce système y voient un défaut majeur, mais ses partisans soulignent qu’il oblige les candidats à attirer une diversité d’électeurs dans diverses régions du pays plutôt que de simplement séduire les grandes zones urbaines.
Quand les électeurs votent-ils ?
Les électeurs se réunissent dans leurs Etats respectifs le 17 décembre pour voter officiellement et transmettre leurs résultats au Congrès fédéral. Le candidat qui obtient au moins 270 voix est élu président. Ces votes sont officiellement comptés par le Congrès le 6 janvier, puis le président est investi le 20 janvier.
Est-il arrivé que les électeurs ne respectent pas le vote de leur Etat ?
L’assemblée des électeurs est généralement une simple procédure formelle qui ne fait qu’entériner un choix connu dès le jour du vote. En 2016 pourtant, sept des 538 électeurs ont voté en faveur d’une personnalité différente de celle désignée par le vote populaire, un chiffre inhabituellement élevé.
Trois de ces sept électeurs avaient choisi l’ancien secrétaire d’État Colin Powell tandis que leurs États avaient voté pour la démocrate Hillary Clinton. Trente-trois États et le District de Columbia ont adopté des lois, dont certaines prévoient des condamnations pénales, pour dissuader les électeurs tentés de voter différemment de la population, selon la Conférence nationale des législatures des États.
Que se passe-t-il en cas d’égalité ?
Le système électoral américain peut théoriquement aboutir à une égalité avec 269 voix pour chacun des deux candidats. Dans ce cas, la Chambre des représentants nouvellement élue départagera les deux candidats le 6 janvier, chaque État comptant pour un seul bloc, comme le prévoit le 12e amendement de la Constitution des États-Unis. Les républicains contrôlent actuellement 26 délégations et les démocrates 22. Le Minnesota et la Caroline du Nord comptent le même nombre de représentants républicains et démocrates.
Ce système peut-il évoluer ?
Le Congrès a tenté de corriger les failles apparues lors des élections de 2020, que Donald Trump a faussement prétendu avoir remportées. Les procureurs fédéraux accusent Donald Trump d’avoir tenté de faire pression sur les responsables électoraux des États pour qu’ils annulent le résultat du vote.
Le Congrès a adopté en 2022 l’Electoral Count Reform Act pour établir clairement que le gouverneur de chaque État, ou tout autre responsable spécifiquement désigné par l’État, doit certifier le résultat de l’élection dans son État avant de le transmettre au Congrès. Cette loi vise également à éviter un blocage similaire à celui de 1876 lorsque trois États transmettaient deux listes électorales distinctes, l’une certifiée par des élus locaux et l’autre par un élu local. Il impose également un délai pour la certification des résultats en donnant aux États 36 jours après le vote pour mettre fin aux recomptages et aux recours.
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